ToutenKaissons par les Insoumis : 3000 teufeurs en seine et Marne
Le village de La Tombe (Seine-et-Marne) de 230 habitants a accueilli jusqu'à 3 000 fêtards dans la nuit de samedi à dimanche.
Les nuits ont été blanches ou courtes à La Tombe, à l’extrême sud du département, pendant tout le week-end pascal. Les regards sont embrumés, les sacs-poubelles remplis ici et là. Mais toujours présent, le rythme de la musique électro vous transperce le corps si vous vous approchez très près des enceintes.
Ce lundi, vers 11h30, la rave-party commencée vendredi soir dans une clairière près d’un bois se termine doucement. Devant le mur d’enceintes, les derniers participants dansent encore sur la musique mixée sur ses platines par un DJ de l’autre côté du mur.
Dans la journée de samedi, la fête a commencé avec «seulement» quelques centaines de participants. Aux temps forts de la rave, dans la nuit de samedi à dimanche, les organisateurs ont compté jusqu’à 3 000 teufeurs. Treize fois la population de La Tombe ! Avec des arrivants venus d'un peu partout en France et même de Belgique en marge du village qui compte 230 habitants et aucun commerce.
«Notre but, c’est de partager des musiques, faire la fête sans but lucratif. Le but n’est pas de déranger. Le maire est voulu qu’on stoppe la musique deux heures samedi après-midi. On a dit OK. Nous sommes ouverts au dialogue», précise Alexandre, 29 ans, du collectif Insoumis qui gère l’événement. Il insiste sur la «responsabilisation» des participants, «en amont de la rave par les réseaux sociaux et pendant la rave via des tracts. On donne des alcotests». Alexis, 46 ans, approuve : «Et on reste jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de déchets !»
Ceux qui repartent sont ravis. «Il y a eu une bonne presta scénique. Cela concurrence largement les festivals électro de Belgique et de Hongrie qui font payer plus de 100 € pour trois jours ! Ici, c’était gratuit !», salue Alban, venu de Troyes (Aube) avec son groupe Tekmanta.
Un kilomètre plus loin, deux gendarmes contrôlent l’alcoolémie et l’usage de stupéfiants des raveurs qui quittent les lieux. Dans son Combi Volkswagen rempli de passagers endormis, Alban est apte à prendre le volant. Selon un gendarme, «il faut sensibiliser les jeunes à la prévention. Beaucoup nous disent qu’ils ne veulent pas perdre leur permis. C’est pour cela que certains sont venus à pied souffler dans l’éthylomètre pour savoir s’ils pouvaient conduire. Avant tout, c’est leur intégrité physique qui compte. L’intérêt de tous est d’éviter qu’ils aient un accident». Il vaut mieux repartir vivant de La Tombe...
«On ne peut que subir», déplore Pascal Prayer, le maire
Le calme qui règne d’habitude à La Tombe a été quelque peu bousculé ce week-end. «Leur musique, la nuit, m’a empêché de me rendormir», affirme Jean-Loup. «Je trouve qu’ils s’imposent, même s’ils ont l’air pacifiste et ne laissent pas de bazar dans le village», ajoute Rémi, qui vit à La Tombe depuis 1994. Le maire, Pascal Prayer (SE), a rencontré les organisateurs de la rave-party dès samedi matin. «On a tous été surpris par ce flux continu de jeunes arrivant ici. On ne peut que subir. La préfecture et la gendarmerie ont mis en place des effectifs pour la sécurité. Voilà !»
L’élu a pu négocier l’arrêt de la musique samedi entre 15 et 17 heures lors de la chasse aux œufs des enfants du village. «J’ai aussi demandé à atténuer le volume sonore la nuit. Ça n’a pas porté !», soupire-t-il. Certains raveurs ont utilisé le terrain de football comme parking. «Il faudra qu’on trouve le budget nécessaire pour le remettre en état», commente l’élu qui ignore s’il portera plainte. «On a tous été jeune. Mais, avant, ça se passait dans une salle des fêtes, pas à la sauvage comme aujourd’hui ! Les villageois ne comprennent pas cette tolérance. En fait, avec la présence des gendarmes, c’est une mise en sécurité de tous, des habitants comme des raveurs.»
S.B.
Source : Le Parisien, DFC