CzTek 2005: 10 ans après la mort de Viktor Spisiak nous n'oublions pas

Tout commence dans la nuit du Jeudi 28 au Vendredi 29 Juillet 2005, là non loin de la ville tchèque de Rodzanov ce tient la 12ème édition du Cztek, qui voit le jour sur un terrain légal. Dès le début la tension est à son comble suite à la mise en place de barrages par les forces de l'ordre pour tenter d’empêcher l'accès à l’événement et alors que l'édition 2004 s'est finit par une dispersion en bonne et due forme. Ce blocage a provoqué de gigantesque embouteillages allant jusqu'à bloquer la sortie de l'autoroute la plus proche du Teknival. C'est alors que la décision est prise dans le courant de l'après midi du vendredi de débloquer la situation pour empêcher un blocage massif de la zone de l'autoroute et des dangers que celà pouvait représenter

Pendant ce temps l'accès au champ était toujours bloqué par les forces de l'ordre alors qu'à peine 3 sons et quelques centaines de teufeurs avaient réussis à rentrer sur le site, qui rappelons le avait été loué en toute légalité. Alors que la police bloquait les points d'accès au site, de nombreux fêtards ont commencés à vagabonder aux alentours pour tenter de trouver une brèche leur permettant de rejoindre la fête. La soirée commencer à arriver et de nombreux locaux quittant leur travail se mirent eux aussi à rejoindre le site du Teknival, participant par la force du nombre au relâchement de la surveillance de certains points d'accès par les forces de l'ordre. Le site commença a être envahit par les teufeurs et Sound System si bien que l'on dénombra plus de 10.000 personnes et quelques 6 façades à la nuit tombé le vendredi.

Photo by Pavel Peřina

En début d'après-midi, le samedi 30 Juillet 2005, le site fut investit par de très très nombreux véhicules de police, quasi 70 furent dénombrés, qui se garèrent en contrebas du champ accueillant les festivités.. Ces derniers commençaient à s'organiser de manière stratégique afin de pouvoir réprimer au mieux cet évènement. C'est vers 15h que l'ensemble se mis en branle, avançant vers le public avec comme seul objectif de mettre fin au Teknival, dans le sang si nécessaire.
Le public présent réagit très rapidement en allant à la rencontre des forces de l'ordre afin de ne pas céder un pouce de terrain, mais la mobilisation en nombre de policier anti émeutes accompagnés de leur arsenal offensif tel que les lacrymogènes, matraques et camions à eaux face à un public non armés et non équipés pour ce type d'affrontement ne laissait que peu de doute quand à l'issue de cette offensive.

Les projectiles jaillissaient des deux cotés, tandis que les sons continuaient de jouer , le public très mobilisé face à cette attaque d'envergure parvint à scinder les forces d'interventions en plusieurs groupes, déstabilisant ainsi la stratégie mise en place. Et la virulence de la réponse du public, qui restait alors pleinement dans son rôle de légitime défense, obligea au replis stratégique après plusieurs heures de violences. Le premier bilan est d'ailleurs importants, de nombreux civils sont blessés tandis que de nombreux véhicules de police ont été dégradés et des policiers blessés par des projectiles. Vers 18h alors que les forces de l'ordre rejoignent l'entrée du site sous la bronca du public aux cris de "Gestapo, gestapo", la situation s'envenime également en dehors du site. En effet une manifestation spontanée s’était déroulée à Prague pour dénoncer l'intervention tandis qu'un cabinet d'avocat menaça d'intenter une action contre le gouvernement tchèque pour faute grave.

Malgré cela, la victoire obtenue ne fut que de courte durée, vers 19h30 de nombreux renforts arrivèrent via des bus estampillés Police, alors qu'un peu plus tôt le premier ministre de l'époque Jiří Paroubek venez de déclarer aux médias que si dans les 12 heures le site n'était pas évacué, il démissionnerait. Le dispositif policier se remis donc à nouveaux en place, en formant une ligne d'une largeur impressionnante avançant petit à petit en matraquant et détruisant tout sur leur passage. L'ensemble du public se réunissa autour du dernier sound system jouant encore, les STRAHOV/FSS/AKA.IO/, et de nombreuses annonce furent passées au micro afin de pousser les gens à un sitting pacifique alors que les canons à eaux et grenades lacrymogènes pleuvaient sur ceux qui osait s'interposer à l'intervention policière. Rarement un évènement tekno n'aura fait l'objet d'une répression si abjecte et violente.

Puis une fois le public encerclé, la stratégie fût d'attendre la nuit tombée pour donner l’assaut final, afin d'éviter que les cameramans et autres photographes ne puissent immortaliser ce qui se préparait. Là au milieux de nul part, et en pleine nuit l'assaut fut donné à grand renfort de coups de matraques et de bouclier, brutalisant sans distinction femmes, jeunes et moins jeunes, qu'ils soient assis de manière pacifique ou en train de défendre leur vies et alors qu'aucun service de prise en charge médical n'avait été mis en place pour accueillir les blessés.  Coupures, brulures, membres cassés c'est prêt d' une centaine de blessés, et une quinzaine de jeunes hospitalisés qui seront recensés le tout en détruisant volontairement des véhicules et du matériel de sonorisation et en saisissant d'autres. Le bilan humain et matériel ne laissa que peu de doute quand au but de cette intervention, qui était alors clairement de causé des dommages physiques ainsi qu'aux biens des participants.

La triste apothéose de cette violence d’État fût la mort de Viktor Spisiak, qui fût d'abord faussement imputée par la police à un chauffeur qui aurait paniqué avant que la vérité n'éclate et que l'on découvre que ce dernier est décédé suite à la violence des coups portés par les forces d'interventions dans la nuit du 30 au 31 Juillet 2005. Mort pour de la musique, mort pour que plus jamais cela n'arrive ...

Les mois qui suivirent furent difficile partout en Europe et la mobilisation pris place aux quatre coins du vieux continent, notamment via la manifestation de Strasbourg du 15 Avril 2006 contre les violences policières en face du parlement européen. Manifestations qui auront lieux aussi en Allemagne et en république tchèque à l'occasion de la Fuck Parade du 12 Novembre 2005 alors que la même année des émeutes éclatent à Rennes en marge des Transmusicales , mais sa c'est une autre histoire...

Cet anniversaire a aujourd'hui une saveur particulière avec la tenue dans le même temps du Space Piknik 2015 quelque part en tchéquie durant ce week-end, eux aussi sur un terrain légal pour leur 5eme édition. En espérant que tout ce passe bien et que les célébrations de ce tragique incident puissent ce dérouler dans le calme.

Rave On Never Stop !!
R.I.P Viktor Spisiak