Bonjour, Invité · Connexion · Inscription
Pages : 1

kaou · VIP

14-07-11 23:59:19

14-07-11 · 1 297

  14 

T.A.Z. Zone Autonome Temporaire



7627b6d196d0d86ccc1d7bbede3881a4_full.jpg



Biographie wikipédia:




Peter Lamborn Wilson dit Hakim Bey (signifiant « M. le Juge » en turc), né à New York en 1945, est un écrivain politique et poète américain se qualifiant d'« anarchiste ontologiste ». Il est connu pour ses théories au sujet des zones d'autonomie temporaires (TAZ, dans son livre Temporary Autonomous Zone), ses écrits sur le mysticisme et la culture pirate, ainsi que pour ses incitations au terrorisme poétique.

Proche de l'anarchisme mystique, ses textes sont influencés par le soufisme et le tantrisme, ou Voie de la main gauche dans la philosophie bouddhiste, ainsi que par l'anabaptisme européen et ses héritiers.




Sur le livre:





La TAZ (Temporary Autonomous Zone), ou Zone Autonome Temporaire, ne se définit pas. Des "Utopies pirates" du XVIIIe au réseau planétaire du XXIe siècle, elle se manifeste à qui sait la voir, "apparaissant-disparaissant" pour mieux échapper aux Arpenteurs de l'Etat. Elle occupe provisoirement un territoire, dans l'espace, le temps ou l'imaginaire, et se dissout dès lors qu'il est répertorié. La TAZ fuit les TAZs affichées, les espaces "concédés" à la liberté : elle prend d'assaut, et retourne à l'invisible. Elle est une "insurrection" hors le Temps et l'Histoire, une tactique de la disparition.

Le terme s'est répandu dans les milieux internationaux de la "cyber-culture", au point de passer dans le langage courant, avec son lot obligé de méprises et de contresens.

La TAZ ne peut exister qu'en préservant un certain anonymat ; comme son auteur, Hakim Bey, dont les articles "apparaissent" ici et là, libres de droits, sous forme de livre ou sur le Net, mouvants, contradictoires, mais pointant toujours quelques routes pour les caravanes de la pensée.

Selon les voeux de l'auteur et de l'éditeur, le texte original peut être librement piraté et reproduit, sous réserves d'information préalable auprès de l'éditeur.




Pour le télécharger en format ePub c'est ICI (si vous n'avez pas de lecteur pour le lire il y a Calibre).




Sinon pour vous donnez envie il y a TRACKS (Arte) qui a fait une émission spécial Hakim Bey.







mayaBZH · Membre +

11-08-11 09:56:34

14-07-11 · 641

  

Extrait de TAZ


"(...) La Musique comme principe d'organisation.

Entre-temps, tournons-nous vers l'histoire de l'anarchisme classique à la lumière du concept de la TAZ.
 
   Avant la "fermeture de la carte du monde",une grande énergie anti-autoritaire a été investie dans des communes "sécessionnistes" comme celles des Modern Times, phalanstères et autres. Il est intéressant de noter que certaines d'entre elles n'étaient pas destinées à durer "toujours", mais seulement tant que le projet s'avérerait satisfaisant. Selon les standards Socialistes/Utopiques, ces expériences "échouèrent", et de fait nous savons peu de choses les concernant.
   
   Quand il devint impossible de fuir au-delà des frontières, l'ère des Communes urbaines révolutionnaires commença en Europe. Les Communes de Paris, Lyon et Marseille ne survécurent pas assez longtemps pour endosser un caractère permanent, et on se demande si elles en eurent même jamais l'intention. De notre point de vue, l'élément essentiel de fascination est l'esprit de ces Communes. Pendant et après cette période, les anarchistes adoptèrent la pratique du nomadisme révolutionnaire, passant de soulèvement en soulèvement, veillant à garder vivante en eux l'intensité spirituelle expérimentée au moment de linsurrection. En fait, certains anarchistes du courant stirnerien/nietzschéen en vinrent à considérer cette activité comme une fin en soi, une manière de toujours occuper une zone autonome, l'interzone qui souvre au beau milieu ou dans le sillage d'une guerre ou d'une révolution (voir la"zone"de Pynchon dans L'Arc en ciel de la Gravité). Ils déclarèrent qu'ils seraient les premiers à se retourner contre toute révolution socialiste réussie. Sauf anarchie universelle, ils n'avaient aucune intention de s'arrêter. Ils accueillirent avec enthousiasme les Soviets libres de la Russie de 1917, qui correspondaient à leur objectif. Mais dès que les bolcheviques trahirent la Révolution, les anarchistes individualistes furent les premiers à reprendre le sentier de la guerre. Après Cronstadt, bien sûr, tous les anarchistes condamnèrent l"Union Soviétique" (une contradiction dans les termes) et partirent à la recherche de nouvelles insurrections.
 
    L'Ukraine de Makhno et l'Espagne anarchiste étaient conçues pour durer, et malgré les exigences d'une guerre continuelle, elles furent, dans une certaine mesure, des réussites : non qu'elles durèrent "longtemps", mais elles furent organisées avec succès et, sans agression extérieure, elles auraient pu se maintenir. Des expériences de l'entre-deux-guerres, je retiendrais plutôt la folle République de Fiume, beaucoup moins connue et qui n'était pas conçue pour durer.
   
   Gabriele D'Annunzio, poète décadent, artiste, musicien, esthète, coureur de jupons, pionnier casse-cou de l'aéronautique, sorcier, génie et goujat, émergea de la Première Guerre mondiale en héros, avec une petite armée à ses ordres : les "Arditi". En manque d'aventure, il décida de prendre la ville de Fiume à la Yougoslavie et de la donner à l'Italie. Après une cérémonie nécrophage au cimetière de Venise en compagnie de sa maîtresse, il partit conquérir Fiume et y parvint sans difficulté particulière. Mais l'Italie refusa son offre généreuse, et le Premier Ministre le traita de fou.
   
   Vexé, D'Annunzio décida de déclarer l'indépendance et de voir combien de temps il pouvait tenir. Avec un ami anarchiste, il rédigea la Constitution, qui instaurait la musique comme principe central de l'Etat. La Marine (constituée de déserteurs et de marins unionistes anarchistes milanais) prit le nom d'Uscohi, d'après le nom des pirates disparus qui vécurent sur des îles au large de la côte locale et dépouillèrent les navires vénitiens et ottomans. Les Uscochi modernes réussirent quelques coups fumants : de riches navires marchands italiens offrirent soudain un avenir à la République : de l'argent dans les coffres! Artistes, bohémiens, aventuriers, anarchistes (D'Annunzio correspondait avec Malatesta), fugitifs et réfugiés apatrides, homosexuels, dandys militaires (l'uniforme - plus tard récupéré par les SS - était noir, orné du crâne et des os croisés pirates), et réformateurs excentriques de toute tendance (y compris Bouddhistes, théosophistes et Védantistes) arrivèrent en foule à Fiume. La fête ne s'arrêtait jamais. Chaque matin d'Annunzio lisait des poèmes et des manifestes depuis son balcon; chaque soir avait lieu un concert, puis des feux d'artifice. C'était toute l'activité du gouvernement. Dix huit mois plus tard, quand le vin et l'argent vinrent à manquer et que la flotte italienne se montra enfin et balança quelques obus sur le Palais municipal, personne n'eut l'énergie de résister.
 
   D'Annunzio, comme bon nombre d'anarchistes italiens, vira ensuite au fascisme - en fait Mussolini (l'ex-syndicaliste) séduisit lui-même le poète. Quand D'Annunzio comprit son erreur, il était trop tard. Alors qu'il était déjà vieux et malade, le Duce le fit assassiner - jeter de son balcon - et en fit un"martyr". Bien que Fiume n'ait pas le sérieux de l'Ukraine libre ou de Barcelone, elle nous en apprend probablement plus sur certains aspects de notre recherche. C'était, d'une certaine manière, la dernière des utopies pirates (ou le seul exemple moderne) - et peut-être même la toute première TAZ moderne.
   
   Je crois que si l'on compare Fiume avec le soulèvement de Paris en 1968 (ou les insurrections urbaines italiennes du début des années 1970), ou encore avec les communautés de la contre-culture américaine et leurs influences anarcho-Nouvelle Gauche, on peut relever quelques similitudes : l'importance de la théorie esthétique (voir les Situationnistes) et ce que l'on pourrait appeler "les économies pirates" - vivre bien sur le surplus de la surproduction sociale -, jusqu'à la popularité des uniformes militaires bigarrés et la musique comme facteur social révolutionnaire; enfin un air finalement commun d'impermanence, une aptitude à bouger, à changer de forme, à se re-localiser dans d'autres universités, d'autres montagnes, des ghettos, des usines, des maisons, des fermes abandonnées, ou même dans dautres niveaux de réalité. Personne n'essayait d'imposer encore la énième Dictature Révolutionnaire, ni à Fiume, ni à Paris, ni à Millbrook. Soit le monde changerait, soit il ne changerait pas. En attendant continuons à bouger et à vivre intensément.  (...)" 




Temporaire Autonome Zone ,
HAKIM BEY

Dernière modification par mayaBZH (11-08-11 10:00:17)

kaou · VIP

03-05-12 22:30:17

14-07-11 · 1 297

  14 

remonte pour le plaisir!

manyetik · Membre +

09-02-14 12:11:40

29-10-12 · 1 225

  21 

un peu de déterrage remonte

merci kaou !

²niou · Sound System

09-02-14 14:54:56

03-01-14 · 122

  

Tres bon bouquin je le conseil . Il a le mérite de faire réfléchir !

²niou / Revolte6Tm