DJ, un métier comme un autre, avec ses écoles et son diplôme
DJ, activité autrefois cantonnée au monde de la nuit, est désormais un métier presque comme un autre, avec ses écoles et son diplôme. Mais maîtriser les platines ne suffit plus: les aspirants disc jockeys doivent aujourd'hui être capables "d'illustrer" musicalement une soirée à la plage comme une inauguration de boutique de luxe.
C'est une salle de classe classique, avec ses rangées d'étudiants et son tableau blanc, au rez-de-chaussée d'un immeuble parisien. Une différence notable toutefois: les platines numériques posées sur le bureau du professeur. Nous sommes dans un centre de formation pour DJ, l'un des deux à Paris du réseau DJ Network, école également présente à Cannes, Lyon, Montpellier.
Ce jour-là, c'est au graphisme que s'intéressent les étudiants: ils essaient de trouver le bon style pour une affiche de soirée "underground" ou de "lancement d'un produit de luxe". Car le DJ ne doit plus seulement connaître la musique mais maîtriser bien d'autres outils, explique à l'AFP Jean-Pierre Goffi, créateur de ce centre de formation au milieu des années 1990.
Avec sa formation "DJ producteur musiques actuelles", officiellement reconnue depuis l'été dernier (niveau bac+2), ce centre de formation entend "répondre aux attentes des employeurs en quête d'un DJ résident dans un établissement mais aussi apprendre aux étudiants à être autonome en tant que DJ indépendant", ajoute le responsable.
"Il n'y a jamais eu autant d'offres d'emplois, on en reçoit environ deux par semaine", assure-t-il, précisant que "le secteur le plus porteur depuis quelques années, c'est l'événementiel". Un terme qui peut concerner aussi bien l'animation d'une soirée privée ou d'un stand d'un salon de l'automobile que l'inauguration d'un concept store.
Des apprentis DJ dans un centre de formation du réseau DJ Network, première école du genre reconnue par l'Etat, le 4 juin à Paris 2015
Les pionniers et leurs vinyles, dans les années 80 et 90, étaient d'abord des dénicheurs de nouveaux sons qui donnaient le rythme sur les dancefloors des boîtes de nuit et dans les free parties. Aujourd'hui, les fichiers MP3 ont remplacé les 45 tours et il s'agit davantage de s'adapter à tous types de demandes, de la plus généraliste à la plus pointue.- 'Vivre ma passion' -
La formation de dix mois comprend une formation technique au mixage, mais aussi une ouverture culture à tous les styles et une initiation à la création musicale.
Pour s'offrir cette "remise à niveau" (6.900 euros), Bernard François, 31 ans, n'a pas hésité à faire un emprunt: "Cela fait dix ans que je mixe. Mais quand on arrive, on se rend compte des erreurs qu'on faisait", souligne ce DJ du Nord, sous une casquette barrée de son nom de scène (DJ Haze).
"Ce qui m'intéresse particulièrement, c'est de produire, c'est l'aboutissement pour chaque DJ de créer sa musique", ajoute ce fan du DJ chilien Ricardo Villalobos et de l'Américain Jeff Mills, qui veut "monter sa boîte d'événementiel".
Plus "pragmatique", son camarade Sylvain Delsol, 36 ans, en congé de formation, pense plutôt alterner une activité de DJ avec son emploi dans une société de location automobile. "J'ai dix mois pour vivre ma passion à fond et après, j'essaierai de faire les deux", explique cet amateur de funk et de disco, qui reconnaît derrière ses lunettes que son "entourage a un peu rigolé" quand il a annoncé le contenu de sa formation.
Selon les statistiques affichées par l'école, 51 des 56 élèves ayant décroché leur diplôme à Paris entre 2010 et 2012 ont trouvé un débouché professionnel à l'issue de leur formation.
Ces chiffres contribuent à lever les craintes de certains parents et des organismes de financements, savoure le patron de DJ Network, pour qui la réussite dans ce métier ne signifie pas nécessairement accéder à la célébrité d'un David Guetta ou d'un Martin Solveig: "Des tas de DJ ne sont pas connus, mais ils sont très bien dans leurs baskets et gagnent énormément d'argent."
Source : LePoint
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