Vêtus de pantalons et de vestes treillis, casque sur la tête, lunettes sur le nez et des répliques d'armes dans les mains, une soixantaine d'hommes ont pris d'assaut, hier matin, le bâtiment désaffecté situé le long de la RD 2007, à la sortie de Montargis. Mais rassurez-vous, tout ceci n'était que pure fiction. Il s'agissait simplement d'airsofteurs.
La passion de ces garçons consiste à évoluer, sur un terrain aménagé comme dans un jeu vidéo de guerre. Ils se servent de scénarios tirés de ces jeux et en sont les acteurs. Rassemblés par équipe, ils font des chasses à l'homme, recherchent des trésors… S'ils ont des répliques d'armes dans les mains, en plastique ou en métal, elles tirent uniquement des billes.
Le parcours a été refait
Le bâtiment situé à Mormant-sur-Vernisson est un de leur terrain de jeu. Il y a un an, ils l'occupaient déjà. Un accord avec le propriétaire des lieux le leur permettait. Mais la rave-party qui s'était déroulée le 31 décembre 2011 avait quelque peu remis en cause cet accord.
Après le passage des teufeurs, les airsofteurs avaient retrouvé le bâtiment saccagé. Leurs décors (maisons, labyrinthes), effectués avec des palettes en bois et du carton, avaient été détruits. Deux murs s'étaient retrouvés à terre. Des vitres et cadenas avaient été cassés.
« Les teufeurs sont bien revenus pour nettoyer », souligne Mélanie Cholet, airsofteuse au sein de l'association EGA, l'unique fille présente hier. « Ils devaient nous aider à reconstruire, mais ça n'a pas été fait. »
Un temps, les airsofteurs ont craint de ne plus avoir accès à ce bâtiment. « Au final, le propriétaire a accepté qu'on revienne », explique Antonio Da Silva, de l'association LTB45. « On a refait un parcours en récupérant les structures qui avaient été démolies et on a repris en cours d'année. Le problème, maintenant, ce sont les casseurs. On change les cadenas régulièrement ! »
Il n'empêche, les airsofteurs ont pu garder leur terrain de jeu. « C'est important car ça évite d'aller dans des lieux, des bois qui ne sont pas autorisés », ajoute Antonio Da Silva. En général, chaque association a un terrain où évoluer. C'est le cas des FTF à Ferrières, de l'EGA à Briare, de la Bad compagny ou des Spectres dans l'Orléanais. Ceux qui pratiquent l'airsoft en dehors d'une association, les free-lance, peuvent aussi venir « jouer » sur ces terrains.
Car pour les pratiquants, il est clair que ces mises en scène relèvent du jeu. « Ça me déstresse. J'oublie tout. On ne se prend pas au sérieux. Tout est basé sur le fair-play », assure Mélanie, jeune femme d'une vingtaine d'années. Un arbitre est d'ailleurs là pour surveiller ce qui se passe. Si un joueur est un peu trop énervé, il sort. Pour une question de sécurité, avant que les « parties » ne débutent, la puissance des répliques d'armes est vérifiée avec un appareil. Il y a un seuil à ne pas dépasser. « On essaie de faire ça avec un maximum de sécurité », insiste David Donadoux, membre d'EGA 45. Le but n'est pas de revenir blessé !
« Ce n'est pas violent. On est
là pour s'amuser »
Pour Laurent, la quarantaine, et Benoît, la trentaine, « l'airsoft est un prolongement du jeu en réseau (du type Call of duty) mais dans le monde physique. Ce n'est pas violent. On est là pour s'amuser. » David, 40 ans, va dans le même sens : « C'est un défouloir, comme quand j'étais gamin et que je jouais à la guerre. C'est du sport aussi. Car quand on se balade avec plusieurs kilos sur le dos, toute la journée, c'est éreintant ! »
David aimerait pouvoir faire découvrir sa passion, qui n'a pas forcément une image hyperpositive : « On a des gens de tous âges, de tous métiers : des ambulanciers, des pompiers, des gendarmes, un huissier de justice. C'est avant tout une activité ludique. »