93 94 - Retour sur le début de la criminalisation de la musique Techno
Aujourd'hui, revenons ensemble sur les débuts du traitement médiatique accordés aux Raves et soirée Techno de l'époque. En effet 1993 marque l'année du premier Teknival à Beauvais mais également le point de départ des années noires pour la Techno dans la presse et au niveaux legislatif.
I) Remise dans le contexte :
En, 1993, le ciel s'obscurcit au dessus de la Techno Nation, après quelques années seulement de relative sérénité, c'est l'année où les interdictions par Arrêté préfectoral commencent à être à la mode et à se multiplier de façon inquiétante. C'est également l'année où la presse régionale commence à s'agiter dans la lignée des quotidiens nationaux après avoir pour certains sponsorisé de tel soirée Libération sponsorisa la Rave LFO à la défense en 92).
Le printemps 1993 voit la sortie dans les kiosques du magasine Coda, mensuel dont la mission est de parler de la Techno Nation et de la défendre, elle et ses précieuses valeurs: "l'underground, bastion et foyer de la techno, est l'âme du mouvement. De par les faibles quantités de pressage de disques, l'antistarisation et son côté tribal réunissant par évènement quelques centaines d'initiés"
"Avec ses règles, son cercle initiatique, ses chamans, ses rites, son accoutrement et ses propres codes et valeurs, la Techno s'avère être une attitude, un comportement, un mimétisme.
C'est dans les raves et les clubs que cette attitude prend tout son sens, autour de la fête et de la démesure.
Il faut concrétiser une certaine éthique qui fait qu'une rave n'est pas seulement un défouloir ni un spectacle de sons et lumières mais plutôt une célébration"
II) L'article de l'Humanité : le moment charnière.
Mais le 15 juin 1993, paraît ce fameux article de l'Humanité assassinant les raves, les qualifiant de sanctuaire de tous les démons.
Il titre: "Le phénomène rave, mélange de solitude et de drogue"
En phrase d'accroche: "présentée comme un simple lieu de délire sympathique et inoffensif, avec ses rites, ses adeptes et son langage, la rave banalise le trafic et la consommation de drogues."
Toujours dans l'Humanité, Magali Jauffret et Dominique y verront le pire "c'est une musique hallucinante, récupérant des sonorités extrêmes, qui, une fois digérées, sont introduites dans des boucles répétitives et hypnotiques.
Son nom vient du fait qu'elle est entièrement technologique. Composée sous X et LSD et baptisée "acid-music", elle exige de celui qui l'écoute qu'il soit sous l'emprise des mêmes drogues...Je suis certain que les visuels qui défilent sur écran sont bourrés d'images subliminales. Ils nous lavent le cerveau"L'article disponible en ligne et témoins de cet embrasement semble depuis avoir été modifié, voici la copie disponible et daté du 15 juin 1993 :
Le phénomène rave, mélange TOUT a commencé par un coup de téléphone Le phénomène rave, mélange TOUT a commencé par un coup de téléphone. Au bout du fil, quatre jeunes. Ils sont prêts à écrire dans nos colonnes. Ils sont inquiets. Ils veulent attirer l'attention de la presse sur les «raves», ces nouvelles fêtes du samedi soir. Ils disent que ce qui s'y passe est grave. Nous les prenons au sérieux et décidons de nous y rendre. Justement, l'une des plus grandes qui aient eu lieu en France se profile à l'horizon du 5 juin, sur les 10.000 m2 de la Grande Halle de La Villette. Organisée par «Libération», la fête, baptisée «célébration», est annoncée à grand renfort de publicité dans le quotidien lui-même, les billets sont en vente à la FNAC et une semaine avant, «Télérama» écrit: «Espérons qu'il fera beau et chaud au moment de la transe matinale, puisqu'une after est prévue à partir de 7 heures du matin à 200 mètres de là seulement et qu'on pourra danser sur 685.000 m2 de pelouse.» «Transe», «after»? Ce vocabulaire de rites pour initiés reste à décoder... Un monde étanche Avant de plonger tête la première dans la rave, on interroge, on sonde, on teste. Et là, grosse surprise: l'étanchéité entre le monde des jeunes et celui des adultes est totale. Le bataillon des 16-25, toutes origines sociales confondues, est familier des raves, qu'il les ait expérimentées, qu'il en soit esclave ou qu'il les ait, indirectement, côtoyées. Mais l'autre monde, des adultes, branchés ou pas, se fait épeler l'orthographe de ce mot ignoré. Quant à savoir ce que recouvre ce terme qui, en anglais, signifie «délire», chacun donne sa langue au chat. Qui peut imaginer que depuis deux ans et à un rythme qui s'accélère, notre progéniture, copiant ses voisins britanniques, s'entasse les samedis soirs à plusieurs centaines ou milliers dans des lieux désaffectés ou détournés pour entrer en transe en se droguant sur de la musique «techno»? Les adultes restent incrédules. Si c'était si grave, si notre belle jeunesse se gâchait ainsi à l'ecstasy et au LSD, «ça se saurait, la police ne laisserait pas faire...» L'ecstasy à 150 francs Et puis, après tout, lorsqu'on était jeunes, «n'a-t-on pas fait, nous-mêmes, les 400 coups de l'île de Wight et de Woodstock»? Mais surtout, ils n'en reviennent pas que cela puisse investir des lieux aussi officiels, prestigieux et fréquentés que Bercy, La Villette ou la Grande Arche de la Défense. Nous aussi. Rien de tel, donc, que d'aller se rendre compte... Minuit. A peine arrivés dans la file d'attente, nous voilà sollicités par des dealers. Le comprimé d'ecstasy se négocie 150 francs au nez et à la barbe des flics qui patrouillent en voiture. Il paraît que le cours du LSD est à peine à 20 francs. Entrée: 120 francs. Fouille. Les vigiles de Patrol Security sont nerveux, sur le qui-vive. Irruption, enfin, après avoir passé les malabars de l'entrée, dans ce non-lieu saturé de basses, de laser, de lumières stroboscopiques, de vidéo et de fumigènes. 1 h 30. L'ambiance est bon enfant. Les jeunes sont doux comme des agneaux, avenants. Pas trace d'agressivité. Il faut dire que les dealers arrivent à peine sur le site. Les 100 kilowatts de techno sont encore encaissables. On aurait vite fait, en l'absence de drame, de spectaculaire, de tomber dans le piège de la banalisation, de conclure que ces fêtes sont pareilles à d'autres, que l'on s'y amuse comme ailleurs. Il s'agit déjà d'autre chose. Désespérément solitaire D'abord, on est loin, très loin de l'idéal communautaire des années soixante-dix. Même ça, la crise des années quatre-vingt-dix l'a perverti, pourri. Le mimétisme est bien là. Chacun s'agite comme le clone de l'autre, mais cela s'arrête là. Chacun, même venu en bande ou en couple, est désespérément solitaire. Il n'existe ni siège ni table, rien qui permette de souffler, de faire faire une pause à son coeur et à son corps bastonnés, cognés par les accords répétitifs et transperçants de la techno. La musique est si assourdissante que la communication, d'entrée, est dissuadée. On ne se parle qu'en s'écorchant la gorge, en s'égosillant. C'est le dernier lieu où venir draguer. 2 h 30. Il y a les boules de nerfs, les tendus, crispés, doigts écartés, sur ressorts. Il y a les cools qui se mettent en apesanteur et se font pulvériser par le rythme. Il y a les arpenteurs qui fendent la foule, tracent, couvrent de la distance. Gars en casquette et sifflets. Filles en chapeau-cloche, nombril, sabots et pattes d'éléphant. Ils bougent tout en gardant sur eux les attributs du raveur: le sac dans le dos, la bouteille d'eau à la main (sans eau, avec l'ecstasy, pas de salut) et le flyer, sorte de billet sur lequel figure les coordonnées de l'after, ou après-fête. 3 h 30. L'ambiance s'alourdit. C'est la montée d'amphétamine. Les visages se font livides. On se déshabille. On se désaltère à la bière. Pas au-delà. L'alcool est interdit de rave. Le cocktail acide/alcool est trop dangereux pour le coeur. Tout d'un coup, ça vous tombe dessus. On se dit: attends, mais où je suis, là? Un samedi soir, en plein Paris, à La Villette? Il y a des milliers de jeunes qui se droguent à l'acide, qui se détruisent, et personne ne le dit et personne ne le sait, et personne ne fait rien? Et le 26 juin, ils remettent ça à l'Arche de la Défense et, cette fois, les bénéfices de la fête iront à AIDES, pour lutter contre le SIDA? Un comble! Un cocon qui échappe aux lois Pis. On a l'impression que ce gigantesque lieu clos transformé en supermarché de la drogue fonctionne comme un no man's land qui échapperait aux lois. Dans ce cocon, protégé du monde extérieur par un cordon de vigiles, les dealers sont à l'abri, les jeunes autorisés à se droguer sans se cacher, déculpabilisés. Plus troublant: cette drogue leur semble anodine. Elle fait propre. Elle se consomme bêtement, comme un médicament, la pilule ou un bonbon. Ces jeunes ne se vivent pas comme des toxicomanes. Rien à voir avec les «shoots» des héroïnomanes, qui se piquent dans les escaliers des cités. Eux, ils se droguent ensemble, en musique, en fête! 4 h 30. L'ambiance a basculé. Un homme, sur scène, s'est mis à galvaniser une foule possédée, conditionnée par la drogue. La musique, plus métallique, a accéléré les pulsations. Il y a de la manipulation dans l'air. Laurent, grandi dans la rue, et qui me disait tout à l'heure que «les ecstasy le débranchent du système» et que «les raves, au moins, c'est un délire que l'Etat ne peut pas contrôler», est tombé comme les autres sous la coupe de l'organisation tentaculaire qui décide, ici, de planifier ses sensations, son état mental, de le faire «descendre ou monter», comme il dit. Les gays se déchaînent. Les délires individuels font fureur. Ceux en gants blancs, ceux qui voient des fantômes, ceux en masque chirurgical ou à gaz qui se font une terreur écologique ou nucléaire. Certains s'écroulent dans un coin. D'autres se sont calés dans la bouche une tétine pour empêcher que ne claquent trop leurs mâchoires, sous l'effet de l'ecstasy. On n'est pas loin de l'enfer et de la fin. Mission accomplie pour les cinq disc-jockeys, venus du monde entier animer une rave de plus. Déprime et agressivité 7 heures. Ecrémée, épurée, la rave déménage. Pas à la cloche de bois. Au grand jour, ces hommes-robots épuisés, flanqués de leurs dealers, se transportent à 100 mètres de là, au pavillon Tusquets. Là, commence l'after-trans qui durera jusqu'à la prochaine, prévue en milieu d'après-midi, au pont de Tolbiac, un lieu coutumier des raves parisiennes comme le Rex-Club, le Scorpion, le Queen's, les Bains, le Palace... Re-guichet. Re-techno. Re-danse. Etrange méli-mélo de ceux qui, à nouveau sous ecstasy, sont en sueur, et de ceux qui, en pleine descente, se couvrent comme saint Georges. Le fameux DJ Laurent Garnier est là, derrière ses ordinateurs musicaux. C'est une nouvelle version du film «On achève bien les chevaux», sans les récompenses finales. Les muscles se détendent. Les réactions nerveuses et les bouffées de déprime montent. L'agressivité aussi. Certains ne vont pas à l'autre after parce que «c'est la fête des Mères». D'autres suivent le mouvement pour pouvoir dire qu'ils ont tenu combien? 24 heures? C'est dimanche, 14 heures. Il fait grand beau. Les familles, avec leurs mômes, les poussettes, envahissent le parc. Sur les pelouses, tristes à en mourir, s'attardent des zombies. MAGALI JAUFFRET
Cet article aux conséquences importantes transmet aux rédactions:
"scène ordinaire dans les soirées rave: Sur la piste de danse, il est une heure et le maître de cérémonie est arrivé.
C'est une femme entièrement vétue de noir, qui donne le signal, le bras levé. Hypnotisés comme pendus à ses lèvres, les danseurs se déchaînent alors sur un son métallique violent envoyé à 20000 watts qui fait augmenter le rythme cardiaque.
Une violence sensée accompagner l'effet de l'X et qui donne le nom d'acid-music. Deux heures plus tard après le premier déferlement, ils commencent à s'effondrer dans un coin de la salle. Les yeux hagards, le corps flasque, ils se laissent glisser le long du mur comme inanimés."
III ) Conséquences et réactions :
En 1993, C'est vrai on ressent une réelle peur des journaux envers la Techno.
L'Agence France Presse qui diffuse l'information auprès de la presse contribue également à colporter cette peur.
Un vent de panique envahit la presse...
Cette révélation, vraie ou fausse, fait alors effet boule de neige; le mouvement a alors mauvaise presse notamment auprès des journaux sympathisants qui deviennent alors timides voire silencieux. On appelle çà de la contagion médiatique ou l'effet mouton de panurge!
Dans son numéro 4 Coda répondra à la presse en général et à l'Humanité en particulier :
"Le drame et la peur médiatique qu'alimente la Techno proviennent surtout d'une méconnaissance de cette culture, qui, d'uniquement musicale qu'elle fut, touche un champ plus large: l'image, la vidéo, l'écriture tout est désormais cybernétisé, c'est l'outil en interactivité qu'a introduit l'informatique....
Les francais consomment officiellement plus de 200 millions de boîtes de psychotropes par an.S'il y a un problème avec la dope, comment pourrait-il être spécifique à la Techno House Music. Ajoutons à ces psychotropes légaux (Prozac, Valium), remboursés par la Sécurité Sociale, l'alcool.
Pourtant on peut y prendre goût, s'y habituer et en mourir. Mais c'est légal et millésimé. C'est pareil pour le tabac. Quand à;la télé, la dépendance n'est plus physique mais intellectuelle. Et pourtant qui parle de soumission?"
Mais que représentent 2 ou 3 dizaines de milliers d'exemplaires pour le magasine Coda face à 2 ou 3 centaines de milliers pour l'Humanité.
Coda résiste et continue à défendre la Techno:
"La rave n'est pas le monde de manipulateurs sordides décrits par les médias mais un monde de passionnés de la musique, d'amateurs de grandes et belles fêtes, qui s'en tapent des rudes pour une soirée déficitaire"
Heureusement, la Techno reprendra du poil de la bête avec les Transmusicales de Rennes.
Le programme "Rave-ô-Trans" redonnera toute sa confiance et espoir en la scène Techno.
A cette occasion, le journal Libération et son journaliste fétiche Didier Lestrade s'exprime dans un article élogieux
"On s'en doutait mais Rave-ô-Transe a définitivement fait basculer la ville dans le camp de la Techno et ce qui restera de cette rave, à part le savoir-faire des organisateurs, est précisément l'énergie procurée par les Dj et répercutée par le public"
L'année 1993 se termine donc en Berne pour le mouvement Rave et Techno avec de nombreuses interdictions de soirées un peu partout.
IV) 1994 : Séquelle d'un Traumatisme :
La Techno Nation est encore sous le choc de cet article de l'Humanité, plus dévastateur qu'intelligent, des dépêches de l'AFP, plus racoleuses qu'objectives, et de l'éternel amalgame rave-drogue.
Six mois après, on en parle encore. Certains décident de ne plus parler de drogue, sujet tabou mais pierre philosophale d'une presse régionale toujours avide de scandales.
Cette mauvaise image renforce les convictions du mouvement : un peu de dialogue, d'ouverture d'esprit et d'indulgence des deux parties devraient lui permettre enfin de se faire comprendre et acceptée.
Bon an mal an, le mouvement continue de se structurer. Peine perdue, l'année commence par les même fanfaronnades que la précédente.
V) L'article de Globe Hebdo et conséquences :
Le 15 février 1994, Globe Hebdo publie une enquête:
"10 fois plus de consommateurs en un an, les ravages de l'X"
Et consacre un dossier de 6 pages avec photos, interview d'un spécialiste et témoignages type "j'ai testé pour vous".....
Intéressant et juste mais associant abusivement une fois de plus la Techno à l'extasy. On trouve des phrases comme:
"La musique Techno, complément hypnotique de l'X"
Mais Globe Hebdo rappelle néanmoins:
" Chaque mouvement a eu sa défonce; de Miles Davis à Kurt Cobain, d'Eric Clapton à Elvis Presley"
L'article rappelle donc que le problème n'est pas nouveau et n'est pas spécifique à la Techno.
Toujours selon ce numéro de Globe Hebdo, 120083 pillules d'exctasy ont été saisies en 1993 soit 8 fois plus qu'en 1992.
Du coup cette année 1994 est marquée par la radicalisation des actions dans certains départements.
Les grandes villes connaissent annulations sur annulations.
Le 22 mars 94 Alain Guiot, patron de la sûreté Urbaine de Lyon s'insurge dans le Progrés:
" Ces raves sont une véritable honte, les organisateurs ne peuvent ignorer ce qui s'y passent"
Les organisateurs sont justement conscients du problème et répondent dans le Progrés du 13 juin 94:
"Aucune collaboration n'a pu être établie avec les autorités qui refusent le mouvement rave dans sa globalité.
Tout ceux qui ont participé à la préparation de cet évènement ont eux aussi le souci de mener une lutte effrénée contre le trafic de stupéfiants et la délinquance qui l'accompagne"
En avril, après de nouveaux articles critiques, Actuel fait la synthèse des critiques adressées à la Techno-Nation et y répond: "la drogue, pas un raver n'en dirait du mal par principe. Ce n'est pas le genre d'une maison où l'on sait bien que les substances hallucinogènes ont toujours été présentes, sous une forme ou sous une autre, dans toutes les expériences de transe, depuis la nuit des temps.
Mais ce qu'on ne voit pas dans les journaux, c'est l'inquiétude des ravers de la vieille école pour les gamins qui ne savent pas, et qui gobent tout ce qui traîne par lot de 3.
Il faudrait les prévenir c'est ce qu'on s'est dit 1000 fois. Expliquer la différence entre trip d'acid et d'X, le temps que ça prend pour monter, les précautions à prendre, etc...Mais la France l'interdit!"
VI) La fin des haricots :
1994 voit réellement se forger deux camps bien opposés à l'égard de la Techno dans les médias mais également dans la vie de tout les jours. Témoins de l'influence qu'on eu les medias de masse à véhiculé des messages certes pas toujours inexactes mais dont le principal but n'était pas de voir l'aspect culturel,mais plutôt sensationnel.
Le journal France Soir interviewe Patrick Boucher, patron de la brigade des stupéfiants à Paris, qui lance un appel aux parents dans ce que l'on pourrait appeler un long réquisitoire alarmiste:
"N'y envoyez pas vos enfants" et "On va donc voir dans quelle mesure au plan administratif et juridique on peut faire preuve de plus de sévérité.
L'X se vendrait jusquà 400 francs et serait responsable du retour du LSD"
Durant l'été 1994 et comme à chaque saison ensoleillée, de nombreuses raves ont lieu de Paris à Nîmes, de Nantes à Strasbourg, dans le Nord...
Chaque évènement est relayé par les différentes presses regionales et c'est Paris qui aura la plus mauvaise image.
France-Soir, apparemment a choisi son camp en titrant: "200 invités à la LSD Party sous le pont de Tolbiac".
Marc Caillaud du quotidien Le Midi Libre, revient enchanté de Boréalis, le rendez-vous annuel des arènes de Nîmes.
Il nous le montre dans son article: "Techno, Paix et Amour : Il fallait voir cette piste bondée, cette osmose frénétique entre la toute puissante incantation sonore et ses fidèles".
Le Midi Libre s'enthousiasme le 22 août 94 avec
•"Des raves comme celle-là montrent qu'il y a beaucoup d'exagération autour de ce que l'on dit sans avoir forcément vu".
Et pour cloturer cette année 94 au niveau des Media il est intéressant de citer un passage du dossier de New-look qui résume bien la situation:
" Il y a un véritable monde Techno en train de se faire. On n'est pas des abrutis, on ne nous comprend pas, c'est tout"
VII) Conclusion :
Les années 1993 et 1994 sont donc deux années charnières pour le mouvement techno au sens large, l'émergence au débuts des années 1980 de la musique électronique transformé en véritable vague planétaire depuis a provoqué une peur et une incompréhension irrationnelle depuis. La drogue a été de tout temps un moyen facile de dénigré un genre musicale comme le fût à l'époque des hippies et du rock'n Roll beaucoup de bien pensant actuel. Toutefois jamais la presse n'avait jusqu'à présent fait autant le choix de l'ignorance de l'art et de l'importance culturelle que représentait alors c'est manifestation.
Aujourd'hui après plus de 20 ans de Techno francophone, le traitement médiatique à l'égard de la Techno est devenue asymétrique.
La techno commerciale est devenue le char d’assaut marketing de l'industrie bénéficiant bien souvent de bonne couverture médiatique et parfois même de subventions ahurissantes. Pour cela il aura fallut que cette dernière sacrifie son âme et rentre dans un moule toujours plus formaté.
Pour ce qui est de la Techno Libre, la Free Tekno, celle ci survit et bien souvent pas grâce aux médias qui véhiculent encore très souvent les amalgames tenaces vieux de 20 ans tout en continuant d'occulter le côté créatif, culturel et amateur de cette dernière, les médias ont depuis longtemps choisit leurs camps.
Bref les temps changent, surtout en 20 ans, oui ils changent, sauf ici au coeur de la Free Tekno condamnée a restée là, cantonnée dans des idéaux aussi vieux qu'elle sans possibilité de libération sur parole ou de conditionnelle comme prisonnière de ces propres démons sans cesse remis sur la table par les sinistres maton que sont aujourd'hui devenus le Parisien, Le progrès et tant d'autres ...
Source : Chronologie de Nyto remise en forme, commentée, enrichie et illustrée par mes soins.