Le graffiti écologique - Le Street Art réinventé
Graffiti et Street Art écologiques : Naissance de nouvelles pratiques urbaines hybrides.
Loin de l'antagonisme que semble pourtant évoquer le couple graffiti / écologie, certains artistes nous prouvent désormais qu'il est possible de s'inscrire dans le territoire urbain en ne laissant qu'une empreinte négligeable sur le plan environnemental.
Le graffiti fait partie de ces pratiques dont on se doit de dire qu'elles induisent une trace écologique relativement lourde, s'agissant concrètement d'appliquer, sur mur, de la peinture alliant divers composants excessivement toxiques, contenus dans un outil, la bombe aérosol, peu recyclable, et portant par essence déjà lui-même atteinte à l'environnement.
Bien qu'il soit évident que l'ensemble des industries lourdes de masse soit imminement plus polluantes que les quelques milliers d'acteurs mondiaux du graffiti et leurs oeuvres ne puissent jamais l'être, certains créateurs, sensibles à cette problématique, se mirent en quête de solutions alternatives permettant de garder un rendu conceptuellement similaire à travers des matériaux de base différents.
Le Grass graffiti : Anna Garforth & Edina Tokodi
Anna Garforth utilise une mixture naturelle à base de yaourt, bière et sucre afin de coller ses phrases poétiques, découpées dans des plaques de mousse récoltées sur des tombes, aux murs et palissades de bâtiments et compose des fresques à base d'origami modulaire en papiers recyclé.
Edina Tokodi interroge le passant de ses motifs absurdes en pelouse, ou créé des portraits tramés, sortes de jardinières verticales évolutives qu'elle intégre à l'espace urbain.
Le Reverse graffiti : Moose (Paul Curtis), Stook (Stefaan de Croock) & Alexandre Orio
Proche du graffiti classique, Moose et Stook composent leur dessins en creux, par jet d'eau, sur les murs encrassés de la ville et interrogent ainsi directement la stigmatisation pénale visant à qualifier l'art urbain de vandalisme (peut on considérer comme une dégradation un acte qui consiste, dans les faits, à nettoyer partiellement un mur?).
Alexandre Orion astique au chiffon les parois métalliques de tunnels routiers de manière à y faire surgir d'inquiétantes fresques mortuaires, puis récupère les résidus de ses torchons usagés, qu'il utilse ensuite comme pigments pour ses toiles.
Le Mud stencil : Jesse Graves
Jesse Graves pratique le pochoir écologique, éphémère et engagé à base de boue.
Le Knitt graffiti : Knitta please & PolyCotN (Magda Sayeg)
Instigatrice du mouvement désormais mondial Knitting guérilla, PolyCotN eut la première l'idée de recouvrir des éléments usuels du cadre quotidien de secondes peaux tricotées et colorées, faites de chutes de laines usagées, afin d'égayer les villes, trop grises et monotones à son gout.
Si la plupart de ses pratiques restent aujourd'hui anecdotiques et ne peuvent en rien prétendre se substituer au graffiti tel quel, il semblerait qu'une niche spécifique soit en train de se former autour de ces recherches et il est à parier que de plus en plus de ces techniques alternatives verront le jour dans les années avenir ajoutant en richesse à l'importante diversité existante des méthodes employées actuellement en art urbain.
Source : Fatcap.org