RPS : La propriétaire du terrain s'invite à la fête armée d'un fusil
Alors qu'on apprenait dimanche via la presse locale qu'une soirée avait vu le jour ce samedi sur la commune de la Fresnais, suivi le lendemain d'articles comptabilisant un grand nombre d'infractions à l'issue de la fête, nous avons tenté d'en savoir plus.
Organisée par les RPS ce samedi, une free-party s'est installée dans une peupleraie non loin de la commune de la Fresnais dans le pays de Saint-Malo. C'est vers 1 heure du matin que sont arrivés les premiers participants qui n'ont cessé d'affluer jusqu'au petit matin.
Alors que l'ambiance est bonne et que le nombre de participants ne cesse de grossir, une femme arrive aux alentours de 7 heures 30 du matin armée d'un fusil de chasse. Cette dame se revendique alors comme la propriétaire du terrain et semble visiblement très remontée de voir sa peupleraie investie sans autorisation. Vociférant devant chaque participant qu'elle croise, elle finit par tirés deux coups de fusil en l'air en guise de sommation après avoir mis en joue plusieurs teufeurs. Ces violentes détonations surprennent les nombreux raveurs, même les plus proches des enceintes. Deux d'entre-eux assistant à la scène décident alors de désarmer Madame X avant que celle-ci ne blesse ou tue quelqu'un emportée par sa rage. Le fusil est ensuite mis en sécurité tandis que madame X regagne son domicile telle une furie.
Cette dernière contacte alors la gendarmerie voisine pour porter plainte pour "vol à l'arraché" ainsi que pour l'occupation de son terrain sans autorisation. Les gendarmes découvrant l'objet de la discorde, auquel s'ajoutent les nombreux appels de riverains excédés par la musique, déboulent alors en force au petit matin. 26 gendarmes de la Compagnie de Saint-Malo investissent le site, soutenu par un hélicoptère. Des barrages sont mis en place sur les routes menant au site. « On restera à les attendre le temps qu’il faudra » « Il faut que les participants à ce genre de fête comprennent que l’arrondissement de Saint-Malo n’est pas une zone de non-droit. C’est zéro tolérance » abondent d'ailleurs le lieutenant Dafoil et le commandant Sébastien André dans la presse locale, fiers de leur intervention.
Photo by Monkey Photographie
Pendant ce temps un groupe de 10 gendarmes s'invitent sur le site à la recherche du fusil confisqué à madame X par des teufeurs inquiets pour leurs vies. Cette arrivée remarquée provoque alors la coupure du son et la réaction hostile du public comme en témoigne la vidéo ci-dessous. Malgré les appels au calme des organisateurs, c'est sous les huées qu'ils finissent par récupérer l'objet du délit avant de repartir rejoindre leurs collègues aux abords du spot. Le fusil est ensuite restitué à cette femme mettant ainsi un terme à la plainte pour "vol à l'arraché" déposée dans la nuit.
Mais cette mobilisation en nombre des forces de l'ordre ne pouvait s’arrêter là, sans avoir montré que si ils voulaient faire chier, ils pouvaient. Et cette fois c'est à son paroxysme qu'ils pousseront cet adage... Les contrôles sont massifs, chaque conducteur qui quitte le site est contrôlé, donnant lieu à 5 verbalisations pour conduites sous stupéfiants, et 4 pour alcoolémie abusive, entraînant jusqu'à la saisie d'un véhicule d'un récidiviste de ce type d'infraction. Mais cela ne s'arrête pas là, les passagers des véhicules sont également contrôlés au test salivaire tout comme les piétons quittant le site. En effet un récent aménagement de la loi encadrant les dépistages de drogues ne rend plus obligatoire le prélèvement sanguin en cas de dépistage positif, permettant la multiplication des contrôles. On ignore néanmoins la légalité d'un dépistage systématique des passagers de véhicules ou des personnes circulant à pied. Cette fragilité juridique semble d'ailleurs se confirmer par les suites données à ces contrôles positifs qui semblent pour le moins bancales, entre promesses d'amendes et rappels à la loi.
Le bilan de cette rafle est important sur les infractions relevées, beaucoup moins sur les saisies : 250 infractions à la consommation de stupéfiants ont ainsi été relevées, principalement pour de l’herbe et de l’ecstasy et seulement 8 grammes d'herbe et 8 cachets d'ecstasy saisis. Cette différence s'explique sûrement en partie par le temps de détection de ces substances par les tests salivaires. Ainsi contrairement aux amalgames auxquels la presse locale sous l'impulsion de la gendarmerie se livre, 250 tests salivaires positifs ne veut pas dire 250 consommateurs le samedi soir. Il se peut que certains aient consommé une semaine avant voir plus et que des traces perdurent dans l'organisme. De plus même si ce n'est pas encore le cas en France, rappelons que de nombreux grands pays ont désormais légalisé la marijuana pour des usages récréatifs notamment.
Au vu des évènements, les sorties du spot se sont donc beaucoup plus espacées, ainsi en fin de matinée il restait encore près de 400 personnes sur place et de nombreux participants ont tenté d'échappés aux contrôles en passant par les champs environnants. Le sound system a coupé la sono vers 11h30 alors que le dispositif policier est quant à lui rester en place tard dans la journée.
Cette stratégie de la terreur mise en place ce weekend a manifestement débordé du cadre conventionnel de la répression auquel nous sommes habitués. Ainsi c'est à notre connaissance la première fois qu'un tel acharnement sur les participants voit le jour fort des nouvelles dispositions législatives entourant les dépistages salivaires. Il conviendra néanmoins de voir avec Freeform si les contrôles étendus sans motifs précis sont légaux eux qui semblaient douter de la légitimité et de l’efficacité de cette action répressive sur leur page Facebook.
En attendant on ne peut que déplorer l'attitude des médias Ouest France et LePaysMalouin qui se sont fait le simple relais des communiqués de la gendarmerie sans vrai travail journalistique, en premier lieu savoir d’où venait des chiffres aussi étonnant. Nous continuerons bien sur à garder un œil sur les suites de cette soirée, et à rester vigilant sur cette nouvelle stratégie des autorités locales dans un département réputé assez progressiste. En attendant n'hésitez pas à laisser vos témoignages si vous avez participé à la soirée, histoire d'apporter toujours plus de poids à cette version des évènements...
Un grand merci à Koco Psycko-tek, AbParty, Eugeniale et kylz
