BNP - 4Soutek : Free Party à Chocques et Droit de réponse

Une petite mamie d’Allouagne rigole presque : « Je les ai entendus en allant me coucher, mais aussi quand je suis partie marcher ce dimanche matin, vers 8 heures. » Ce samedi soir, une centaine de fêtards ont convergé vers un champ privé de Chocques pour une free party. « Ça faisait boum, boum, boum, tout le temps la même chose », tempête son époux. Lui qui souffre d’acouphènes n’a pas du tout apprécié...

Jusqu’à 10 h

Une fois la sono installée, la musique, très forte, a duré toute la nuit et même jusqu’à ce dimanche matin. Vers 10 h, les participants ont plié bagages tranquillement. Mais ils n’ont peut-être pas mesuré toute l’amertume d’une partie du voisinage, qui, perturbé par la musique, n’a pas fermé l’œil de la nuit.

Selon les témoignages, c’est la deuxième fois que cela se produit. « L’an dernier ils étaient venus à la même époque », se rappelle l’Allouagnaise.

Il faut dire que la petite sauterie s’organise sur une parcelle privée. « Mais comme le propriétaire n’habite pas la région, ça ne le dérange pas », explique une source policière. Deux agents sont bien intervenus pour tenter de déloger les fêtards samedi soir puis ce dimanche matin, « mais à deux contre une centaine, on n’a pas été entendus ».

Quand ils se sont mis en tête d'organiser le rendez-vous il y a un mois, ils étaient à mille lieues d'imaginer devoir répondre aux sollicitations de la presse. Le rendez-vous , c'est cette Free-Party organisée à Chocques, à deux pas de l'autoroute A26, qui a empêché pas mal de monde de dormir convenablement dans les communes alentours dans la nuit de samedi à dimanche.
"Ils" ce sont les organisateurs de la "teuf". Deux "Sound System" comme on les appelle, originaires de Cambrai et Béthune. Deux Groupes de potes adeptes de musique électro qui ont l'habitude de "poser du son" ensemble... (Voir report de la BNP 4soutek Mystical Vibration) Sauf qu'a l'accoutumée, ils sont beaucoup plus nombreux, qu'il y a trois fois plus d'enceintes et que surtout l'évènement est beaucoup plus "free" que celui de samedi, qui était plutôt une fête privée.
"D'habitude, nous fonctionnons par infoline. Il y a des flyers distribués, le lieu est connu à 22 heures le jour même, et on peut accueillir 300 peut-être 400 personnes. Là pas du tout, ce n'était que sur invitation et un peu de bouche à oreille", explique Mogo, un des organisateurs. "C'était une soirée organisée pour mon anniversaire, celui de mon frère et celui d'un autre ami." D’où l'incompréhension de la gêne occasionnée. " On a posé 5000 watts de son. D'habitude, c'est plutôt 15 000. On aurait peut être dû changer le sens du mur de son. Le vent et notre positionnement ont joué. On était déjà venus à cet endroit il y a deux ans pour le 14 Juillet. On était plus nombreux et ça avait moins fait parler."

Pas pire qu'une boite de nuit

Si les six teufeurs que nous avons rencontrés ont souhaité réagir, c'est pour une mise au point. Sur le réseau social Facebook, les internautes se sont emballés, ce qui surprend vraiement les organisateurs. Venu de Cambrai, "l'Breton" raconte sa surprise : "Le but pour nous c'était de rester léger. Nous ne sommes pas là pour attirer l'attention. Notre objectif n'est pas de provoquer. On sait que les gens travaillent. Nous aussi..."
Forcément on a posé la question des consommations des teufeurs aux protagonistes, Sous entendu la consommation de stupéfiants : "On ne va pas nier, lance Ade, Teufeuse Béthunoise. Mais de l'alcool et de la drogue, il y en a partout.""Et j'ai d'ailleurs toujours vu plus de trafic en boite de nuit qu'en Free-Party poursuit "Malloute" du Sound System BNP. Sauf que nous, on n’accueille pas du grand public. Allez un peu voir les boites belges et vous verrez."

Teknival du 1er Mai 2015 - Façade BNP-4Soutek

Dimanche en milieu de journée, les fêtards repartaient au compte-gouttes, ravis de leur soirée : "C'était génial, se réjouit Mogo, on était entre potes, il y avait beaucoup d'amour ! " Pas sûr que les riverains aient apprécié la déferlante de bons sentiments.
Toujours est-il qu'il n'y a eu aucun incident, que les rapports avec les autorités ont été cordiaux. Et qu'aussi, c'est une marque de fabrique de ces fêtards-là, le site a été complètement nettoyé. Comme si de rien était.

Nuit Blanche pour tout le monde

Du côté  des autorités, on était un peu fataliste dimanche matin : "Nous venons d'aller les voir en fin de matinée. Ils sont en train de remballer. Ils se sont installés sans autorisation",  indique-t-on au commissariat de Marles-les-Mines.
Du point de vue légal, rien de bien grave, puisque les fêtards se sont installés sur un terrain privé (accessible par Lapugnoy) situé à Chocques, près de la casse Luc, et n'était qu'une centaine. "En dessous de 500 personnes, il n'y a pas d'obligation de déclarer l'évènement en préfecture. Des fonctionnaires étaient sur place à 3h45 pour constater le tapage, annonce le commissariat Marlésien. Il n'y a pas eu de heurts avec les fêtards, ni d'incidents. Tout s'est bien passé."
Des dizaines et des dizaines d'habitants se sont demandé ce qui pouvait bien se passer. Le son des basses a été entendu d'Auchel à Lillers, mais aussi à Busnes et Gonnehem. Guillaume habite rue de Lapugnoy, à Allouagne. Il n'est pas en colère, mais reconnaît une grosse gêne: "Je pensais que c'était dans la rue. Je bossais à 7h, je n'ai pas dormi de la nuit. Il faisait beau, nous avions les fenêtres ouvertes. Je suis allé fermer celle de mon fils de deux ans, ça l'a réveillé." La situation du lieu de la fête, légèrement en hauteur et le vent, pourraient expliquer la propagation du son de la musique.
On est venu de toute la région pour participer à l'évènement. "Ça fonctionne par le bouche-à-oreille, explique un teufeur béthunois. On vient, on fait la fête et on nettoie tout avant de repartir. C'était une super soirée. Les policiers sont venus nous voir et ça s'est aussi très bien passé avec eux." La voiture suivante repart elle en Picardie : "C'était une bonne soirée oui. Là on repart parce qu'il commence à pleuvoir, ils viennent de couper le son."