Multison : Romain et Gaëtan, teufeurs dans l'âme


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Membres du collectif Âme-son, Romain et Gaëtan ont installé leur sound system de 35 kilos de son sur le terrain du Multison 29.




Tous les week-ends, Romain et Gaëtan, 25 et 21 ans, sont en teuf. En free-party. Ou en Multison, comme ce week-end à Plogonnec, manifestation de grande ampleur où environ 8 000 festivaliers sont attendus. Ces deux jeunes de Crozon sont tellement passionnés qu'ils ont investi il y a trois ans dans leur propre sound system, c'est-à-dire tout le matériel de sonorisation pour diffuser leur musique. Hier, ils ont terminé de le monter, aidé des autres membres de leur collectif, baptisé Âme-son.

Le monde des rave-parties, ils sont tombés dedans à l'adolescence, vers 17 ans. « On a commencé à aller dans des concerts. Ce qui nous a amenés en festival. Puis en teuf. On a vu toutes ces installations, tous les projets qui s'y montaient et on a voulu prendre part à tout ça », justifient-ils. Ils trouvent ici un esprit « de partage, de rencontre, de respect » qui n'existe pas en concert ou en boîte de nuit. « Ici, tu viens comme tu es, tu rencontres des gens de partout et l'entrée est libre, accessible à toutes les bourses ».

Les préjugés sur leur mode de vie, ils les ont trop entendus. « Non, nous ne sommes pas un milieu fermé, marginal. Non, on n'écoute pas que de la techno, on trouve en teuf énormément de styles de musique différents. Non, il n'y a pas plus de drogue ici qu'en festival. Et le look teufeur avec treillis kaki et casquette à clous, c'est dépassé depuis dix ans. On s'habille très simplement », soutiennent-ils. Des jeunes comme tout le monde finalement, qui ont grandi avec « un père militaire, une mère caissière, une maison, un chien et tout ce qu'il faut ».

Ce week-end, environ 26 sound systems comme celui de Gaëtan et Romain se sont installés au lieu-dit Stang Quilliou. Entre eux, ils se connaissent tous un peu, se retrouvant souvent lors de ces grandes manifestations. « Il y a une sacrée organisation entre nous. On crée une petite ville, une zone d'autonomie temporaire. On aide à gérer la donation à l'entrée, à vider les poubelles et les toilettes sèches, à trier les déchets... », énumère Gaëtan.

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Un investissement total



Au sein de leur collectif, qui compte 25 membres, ils se répartissent aussi les rôles. « On vit en groupe toute la journée. Là pendant trois jours, il y a un roulement. Certains gèrent la sono, d'autres font à manger, d'autres vont dormir quelques heures... »

Cette petite communauté de passionnés, composée de femmes et d'hommes, d'aide-soignante, de mécano ou de boulanger, investit tout son temps et son argent pour vivre ce genre de week-end. « Le moindre sous que l'on gagne, on le met là-dedans. Et on fait presque tout nous-mêmes. On récupère du matériel en déchetterie ou des chutes de bois en menuiserie pour fabriquer nos caissons », raconte Romain.

Et dans vingt ans, où seront-ils ? « Je ne me vois pas encore avec une vie cadrée, des enfants, une maison », répond Gaëtan. Leur rêve serait plutôt « d'avoir des camions aménagés, partir sur les routes d'Europe, faire des fêtes. Et perpétuer le mouvement ». « On n'est pas près de s'arrêter. C'est notre plaisir, notre passion ».



Source :  Ouest France



Annonce de la soirée : https://www.bassexpression.com/viewtopic.php?id=3710