JamendoPRO nuirait-il aux intérêts des artistes ? Un groupe découvre des pratiques plutôt embarrassantes pour Jamendo...
Le groupe FRESH BODY SHOP vient de quitter le service PRO de Jamendo (censé rémunérer les artistes pour les usages commerciaux de leurs musiques). Ce qui surprend c'est que jusqu'à présent le groupe n'était pas vraiment opposé à PRO. Mais une découvert à tout changé, et pour cause ! Vous allez mieux comprendre avec leur témoignage :
Un membre des Fresh Body Shop
Bon.... j'ai pas vraiment l'habitude de critiquer jamendo, ni jampro (plutôt le contraire en général), mais je vais bien être obliger de mettre le doigt sur un truc qui me pose problème à propos de jampro, je m'explique...
Il y a peu, un auditeur m'a raconté qu'il avait découvert ma musique sur une pub (dont je tairai le nom, quand même=)). Il me donne le lien, et je me rends compte qu'une grosse société que je connais (11 500 000 euros de capital) utilise un de mes morceaux pour sa nouvelle pub. Par ailleurs, cette société met un lien vers la librairie Audiosparx et cite le nom du groupe. Or, il s'avère que Audiosparx n'a rien vendu, la licence a été achetée sur Jamendo, et à un prix tellement dérisoire que je ne le citerai pas nom plus (oui, là j'ai un peu honte=)).
Après m'être renseigné, il s'avère que c'est une petite société qui a acheté la licence, monté la video, et l'ont vendu (pour un prix plus correct déjà) à une grosse société qui du coup, utilise la musique pour presque rien. Il faut savoir que si elle avait dû acheter la licence sur Audiosparx, le prix aurait été 30 fois plus élevé.
C'est vrai que le prix si faible des licences me met dans une situation problèmatique vis à vis des autres librairies sur lesquelles j'ai de la musique, mais ce n'est pas ce qui me gêne le plus. Après tout si ça ne me convient pas, je peux toujours quitter jampro...
Non, ce qui me laisse perplexe, c'est la démarche de cette entreprise pour utiliser la licence, le tout encouragé par jampro (car eux me disent que c'est légal et très répandu). Bon, soit, chacun se fera son avis... Mais j'ai quand même du mal à comprendre ou est la légalité de la chose.
La sous-traitance est possible si il s'agit de farine et d'oeufs en guise de matière première, mais qu'en est-il d'une oeuvre musicale?
Il est pourtant clair que lorsqu'une société achète une licence commerciale sur jampro, elle acquiert le droit de l'utiliser dans le cadre de SON activité, mais n'a aucun droit de revendre l'utilisation de la musique à une autre société. Cela, seul un publisher avec qui je signe un contrat d'édition peut le faire.
Normalement, il aurait fallu que la grosse société achète elle même la licence (car c'est pour SA publicité), et qu'elle paye par la suite une entreprise pour monter la video, car cela n'a RIEN à voir avec le licencing de la musique.
Si j'extrapole, alors une je peux acheter sur jampro au nom de ma petite personne une licence d'un morceau, revendre une video avec la musique pour une pub énorme et empocher un paquet de thunes=)
Non, décidément, je ne vois pas en quoi cette démarche est légale, et du coup je pense que je vais être obligé de quitter jampro.
On m'a dit chez jampro que les grosses boites vont rarement acheter elles mêmes les licences, or il y a à peine une 2 semaine, la librairie Beatpick m'en a vendu une (directement au client, comme c'est normalement le cas dans les librairies), et sachant que c'est une société équivalente, la somme est 40 fois plus élevée. Et à chaque fois qu'ils vendent un de mes morceaux, c'est au client directement.
Voilà, tout ça pour dire que même si à la base je n'ai rien contre jampro, les licences sont cheap mais on y adhère ou pas, j'ai par contre un problème avec cette démarche dont je ne saisi pas l'aspect légal.
C'est donc un très sérieux problème qu'a découvert le groupe et on comprend leur réaction. Depuis déjà longtemps, des artistes de Jamendo quittent PRO et tentent de faire comprendre et admettre à Jamendo que PRO n'a aucun intérêt à vendre au rabais des licences trop permissives (qui au passage ne sont pas des licences Creative Commons, sur le principe du dual-licensing). Mais en vain...
Peut-être que si un groupe de l'envergure des Fresh Body Shop (et peut-être d'autres ensuite) témoigne de la sorte, Jamendo réagira, mais c'est peu sûr. En tout cas, la question de la légalité de la sous-traitance des licences PRO est très importante.