Comment expliquer ce hochement de tête incontrolable sur un instrumental hip-hop où un sample s’anime d’une lourde basse? Comment expliquer ce curieux ressenti en demi-teinte que procure une boucle groovy dans laquelle se noient les rimes acides de MCs ? C’est cet oxymore esthétique qui justifie à lui seul le succès de ce mouvement musical. Il s’agit bien là des racines du Hip Hop, le mouvement des origines, aujourd’hui souvent associé à ces images vintage et ces couleurs délavées d’attroupement encagoulé sur fond de murs graphés des clips de la naissance d’MTV. Ce son, cet état d’esprit, a un nom, trop souvent méconnu, il s’agit du Boom Bap.
Le Boom Bap pourrait par un raccourci facile être tout simplement associé aux origines du Hip Hop, où il était omniprésent mais il s’agit d’une véritable identité au sein d’un mouvement polymorphe (danse, graf’, Mcing) qu’une oreille instruite sait reconnaitre.
Le Boom Bap c’est l’association d’une basse, bien sûr, mais surtout d’un kick de grosse caisse, et d’un snare ainsi que d’un Hi-Hat, trois éléments de la batterie généralement mis en avant lors de l’enregistrement pour qu’ils répondent fortement à la basse. Le terme Boom Bap, dérive alors de l’onomatopée assez facilement compréhensible du « Boom » de la grosse caisse auquel répond le « Bap » du snare.
C’est du moins ainsi qu'un des groupes les plus mythique du Hip Hop, j’ai nommé A Tribe Called Quest, qualifient ce genre dans leur track We Can Get Down issu de leur album Midnight Marauders, paru en 1993 où l’on retrouve ces lignes :
"With a kick, snare, kicks and high hat/
Skilled in the trade of that old boom bap/"
Le Boom Bap caractérise donc les sonorités du Roots Hip Hop, dérivé du freestyle, aux longues plages instrumentales, où la batterie officiait comme un métronome permettant aux MC’s de rivaliser par 16 bars interposés. Le son Boom Bap est souvent associé à une certaine nostalgie de cette période. Si l’on peut retrouver des instrumentaux boom bap dans l’ensemble de la production Hip Hop aux Etats Unis, ses racines et ses plus grands représentants gravitent autour de New York City, et notamment sa figure de parrain, avec KRS-ONE.
KRS-ONE est considéré comme l’un des véritables pionniers du Hip Hop. Son premier album, Criminal Minded, paraît en 1987, issu des réflexions politiques de son adolescence de sans domicile fixe, il fait de ses rimes des couteaux tranchants, décrivant le quotidien dans lequel il est immergé. C’est cette passion irrépressible qui le pousse à gratter puis poser des couplets pour soulager le poids des mots qui pèsent sur son coeur. Véritable référence pour toute une génération de MC’s, en 1993, qui pour beaucoup marque encore les prémices du Hip Hop, Krs One est déjà un vétéran et se permet une certaine nostalgie, en sortant un album The return of the Boom Bap, arguant d’un premier revival bien plus avant-gardiste que les tee shirts « le rap c’était mieux avant » des années 2000. Morceau éponyme, Return Of The Boom Bap est on ne peut plus explicite en matière d’instrumental. Minimaliste elle laisse le champs libre au flow imparable de celui qu’on apelle le « T’cha ».
Le Boom Bap c’est donc une affaire de DJs, qui commencent à adopter ce rythme de batterie qui donne la mesure et à le travailler pour en faire une production originale, identifiable comme un track sur lequel Un Mc pourra poser ses textes afin de devenir un morceau à part entière. Le messie dans ce domaine s’appelle DJ Premier, le vrai représentant du son East Coast par opposition aux Low riders de la West Coast et leurs lignes de synthés. Tous les plus grands MC’s de New York ont travaillé avec Premier : Mobb Deep, Notorious B.I.G, Nas, Jay-Z et même KRS-One, Blaq Poet, Kool G Rap ou encore D.I.T.C.
Mais le Hip Hop c’est l’alchimie entre le rythme du beat et le débit du Flow, le talking est un instrument à part entière qui fait s’envoler le Boom Bap dans la vraie musicalité, une portée de piano samplée, et le flow devient le quatrième élément de batterie du Boom Bap.
Le Boom Bap, dans sa simple définition rythmique semble être juste un métronome, mais comme pour le Hip Hop en général il est teinté d’un spirit, est connoté quelque peu East Coast, et surtout Old School dans son processus créatif, puisque les Synthés, le Dirty South à la Lil Wayne, l’autotune et les productions électroniques l’ont supplanté aujourd’hui. Le Boom Bap c’est donc l’esprit Old School, une vision du MCing a l’ancienne. Et au cœur de celui-ci, couplée à la technique, figure la rime soulignant la performance technique mais mettant en avant la musicalité de l’artifice de langage qu’est le rap.
Dernière modification par Nass (09-10-12 14:56:59)
Boum boum tchack tchack
Merci pour le topic très intéressant. Pour ma part j'ai un peu du mal avec ces instrue seulement de kick et de snare, j'ai une préférence pour celle utilisant tout de mêmes quelques mélodies (morceau de Nas ou encore celui de Jamal qui sont de bon gros classiques...) mais la base reste bien sur la même.
yes merci pour ce report nass!!!
la derniere video est enorme!!!!
Pwalala ! C'est grave frais ! Je connaissais pas du tout ! J'adore l'instru trop calé, avec un ptit d'Jonk !
Cui-Cui ! L'oiseau sort de lui !
Un petit Up pour ce sujet qui le mérite bien
Vivement le dossier sur la partie française..
bon topic
Pour ma part j'ai un peu du mal avec ces instrue seulement de kick et de snare, j'ai une préférence pour celle utilisant tout de mêmes quelques mélodies (morceau de Nas ou encore celui de Jamal qui sont de bon gros classiques...) mais la base reste bien sur la même.
la derniere video est enorme!!!!
BOOM-BAP , LE HIP-HOP FRANCAIS
Dernière modification par Nass (12-10-12 12:47:11)
Frééééé !
Si je peux me permettre d'en rajoutez d'autre pour le Hip-Hop français.
Un rappeur suisse qui n'est pas mal du tout avec un concept pas mal du tout.
"On s'en fou de qui je suis, l'important c'est ce que je fais !"
Et un dernier qui gère bien, et qui n'a pas retourné sa veste avec le temps !
Et si quelqu'un pourrait me donner quelques nom du Boom-Bap américains, j'vous écoute !
Cui-Cui ! L'oiseau sort de lui !
Merci pour la mise a jour de l'article encore une fois bien intéressant.
Concernant le Boom Bap à la française sa mérité une réponse travaillée.
Pour ma part un peu du mal avec le Rap de la cliqua, qui manque clairement de musicalité à mon goût.
C'est vrais toutefois que la BO de "Ma 6t va cracker" comporte nombres de bons morceaux références, notamment un morceau de Passi d'anthologie symbole d'un Boom Bap en pleine apothéose à cette époque.
http://www.youtube.com/watch?v=vd8zUiHDPhY
Après on trouve également une autre génération qui n'est pas vraiment évoqué dans l'article, celle de Kerry James et ses acolytes avec notamment ses différents Beatmakers qui ont évolués pour proposer d'abord ce genre de sons :
http://www.youtube.com/watch?v=vODDMHIYbDk
Puis ensuite :
http://www.youtube.com/watch?v=VPopSCcSY8c
Ou encore :
http://www.youtube.com/watch?v=sXIA2pM1qGA
Aujourd'hui je rejoint ton article sur des artistes comme Demi Portion qui déchire autant en Freestyle qu'en prod sur l'ensemble de leurs sorties...
Mais trop d'artiste français qui déchire sont oubliés montrant que le Rap de merde est clairement favorisé par les majors. On à déjà parlé de Ilenaz, du crew System D, mais d'autres se font remarqué :
Soklak :
http://www.youtube.com/watch?v=cwLBovBrLCk
http://www.youtube.com/watch?v=zk6Ogg_VYAM
l'homme parle :
http://www.youtube.com/watch?v=CfXtYyZFh70
http://www.youtube.com/watch?v=29_z_LgR00w
Et pleins d'autres comme Casey, BBC ...
Et à coté de sa les inclassables non traités aussi dans le sujet et qui pourtant sont des moteurs de la scène française : Svinkels, Stupeflip, MAP...
Pour ma part un peu du mal avec le Rap de la cliqua, qui manque clairement de musicalité à mon goût.
C'est vrais toutefois que la BO de "Ma 6t va cracker" comporte nombres de bons morceaux références, notamment un morceau de Passi d'anthologie symbole d'un Boom Bap en pleine apothéose à cette époque.
"La musique commence là ou s'arrête le pouvoir des mots." R.Wagner
Pour compléter les artistes de la "nouvelle scène" : l'animalerie (Lyon).
un petit echantillon : Anton Serra / Lucio Bukowski // Commérages ( Prod: Oster Lapwass )
Les mecs de Montpellier : L'indis (spéciale pour NASS et LAPIN qui aiment les boom-bap mélodiques)
Le Havre : DEF ( sur un sample bien TECHNO)
Le havre encore : Medine
Les instrus de Medine sont mortelles même si ca facon de chanter peut en effraayer certains !
Dernière modification par mcboulette (18-10-12 13:47:09)
"La musique commence là ou s'arrête le pouvoir des mots." R.Wagner
Après on trouve également une autre génération qui n'est pas vraiment évoqué dans l'article, celle de Kerry James et ses acolytes avec notamment ses différents Beatmakers qui ont évolués pour proposer d'abord ce genre de sons :
Je trouve que les 2 compilations du film "La haine" : les musiques du film et les musiques inspirés du film, sont largement plus représentativent du BOOM-BAP .