Juan Atkins - La Techno de Detroit - Tracks - 07.03.08

Juan Atkins, le créateur de ce genre aujourd'hui répandu sur toute la planète, est né à Detroit en 62 et n'en n'est jamais parti. En presque 30 ans de carrière, Juan Atkins a vu sa création exploser, traverser l'Atlantique et devenir la bande son de la génération "Rave" et de son "Summer of love" dans les années 90. Pour les puristes, il est le modèle original de la techno. Un grade qu'il tient de son morceau "Techno City" sorti en 84, le premier disque qui n’ait jamais scandé "techno" sur sa pochette. D’ailleurs, David Guetta et Bob Sinclar ne vous diront pas le contraire : la techno des origines n'a pas poussé sous un palmier à Ibiza.

C’est plutôt le contraire : de 1920 à 1950, la population de Détroit est multipliée par trois, atteignant 4 millions d'habitants. En 1967, un raid de police dans un débit de boisson noir signe le début de la fin pour Detroit. Les émeutes qui suivent laissent 43 morts sur le carreau et entraînent l'intervention de l'armée. Les blancs laissent le centre-ville aux noirs. En 74, avec la crise pétrolière c'est le coup de grâce pour l'industrie automobile américaine : Motor City devient une gigantesque friche industrielle désormais peuplée d'un seul million d'habitants, à 80 % noir.

Donc, non, Juan Atkins n’a pas grandi dans le confort et l’opulence de l'âge d'or de l'industrie automobile. Il a assisté au déclin des trois géants Ford, General Motors et Chrysler, qui étaient installés depuis le début du XXe siècle et qui ont forgé l'espace urbain.

Ce climat social tendu a abreuvé son inspiration : son grand talent, c'est justement d'avoir appliqué l'esprit de la robotisation automobile à la musique. Pendant ce temps les sons synthétiques, électroniques, robotiques ou technoïdes s’expérimentent ci-et-là : en 81, les allemands de Kraftwerk font chanter les robots sur leur album "Computer World". En Italie, Gorgio Moroder met la musique synthétique au service du cinéma. Juan Atkins, lui, adorait le funk de George Clinton et la soul du label de Detroit Motown. En 79, Kevin Saunderson, Derrick May et Juan Atkins fondent le collectif "Deep Space Disco".

Puis bingo ! En 82, dans ces airs d’un temps, Juan Atkins fait groover sa musique électronique : la techno est née. Étudiant, Juan Atkins tire le nom "Techno" d'un livre du futurologue américain Alvin Toffler à propos des effets de la technologie sur l'Homme. Deux ans plus tard, il fonde son premier groupe, Cybotron dont le premier morceau se vend à plus de 10000 exemplaires à Detroit. En 85 avec son label Metroplex, Juan propulse le nouveau son de Detroit jusqu'en Europe !

En France, c’est le label F-Com du producteur Laurent Garnier qui est la tête de pont du son de Detroit. Le phénomène techno explose avec la Techno Parade dès 98 qui rassemble jusqu'à 400 000 danseurs à Paris. Trente ans après ses débuts, comme la plupart des pionniers de la techno de Detroit, Juan Atkins doit souvent se contenter des petites salles alors que le mouvement qu'il a initié rempli les stades. Au début des années 90, l'Europe devient l'eldorado des DJs de Detroit. Le plus populaire d'entre eux, Derrick May, invente une techno "bigger than life". Dès 87, sentant la récup', une frange d'irréductibles de Motor City a déjà pris le maquis. Jeff Mills, Scan7 et leur maître à penser Mad Mike refusent la célébrité au sein de leur label Underground Resistance. Pour ces puristes de la techno, le son passe avant le culte de la personnalité.