Crystal Distortion & Cyberskum & Yann Richet - Serial Raver 1995 - 2007
Dans l’imaginaire d’une majeure partie de la population, les free party relèvent simplement de rassemblements sauvages, organisés de préférence sur des propriétés privées (champs, forêts, bases militaires…) où une certaine catégorie de jeunes se donne rendez-vous, pour écouter des kilos de son techno dégurgités par des murs d’enceintes, tout en s’imprégnant les neurones de psychotropes.
Si il y a une part de vérité dans ce qui vient d’être énoncé, rappelons que sous la Prohibition aux Etats-Unis des soirées illégales étaient organisées et que le rock dans les années 60-70 sera tout aussi décrié pour finalement devenir une musique respectable qui n’effraye plus grand monde. Pourtant les free party (appelées aussi teufs, fêtes libres, Z.A.T. Zone d’Autonomie Temporaire, etc…) ne se synthétisent pas à ce résumé rapide relayé par une grande partie des médias généralistes.
Né au début des années 90, sous le nom de Rave Party, qui deviendront commerciales et mercantiles, les Free Party divergeront de ce courant initial offrant comme alternative la gratuité et l’occupation « illégale » de terrains.
Initié par le collectif anglais Spiral Tribe (regroupant entre autres 69db, Crystal Distortion, Ixindamix, Mark Stormcore, DJ Tal aka Jeff 23, Meltdown Mickey….) qui débarquera en France en 92/93 avant de parcourir et faire découvrir ce courant à travers toute l’Europe, les Free Party font aujourd’hui partie de l’histoire de toute une génération.
Au début des années 90, le réalisateur Yann Richet (auteur du documentaire Traveller Tchèque), tombe rapidement dans le bain de la culture électronique avec les afters Kitkat, les Raves ou une certaine fête à Mallemort qui semble lui faire prendre conscience de l’importance de ce qui est entrain de se passer à l’époque. Par le biais de Cyberskum, il rencontre les Spiral Tribe, Okupé et autres acteurs de la scène free française puis par la suite il devient VJ. En 95, armé d’une caméra, il décide de filmer le courant de l’intérieur, interviewant ses acteurs et ses participants, entrecoupés de scènes de lives, pour un documentaire socioculturel qui montre sans artifice la Free Party telle qu ‘elle était à l’époque, pleine d’utopie et d’envies, une manière de décompresser du monde matérialiste dans lequel chacun vit au quotidien.
La Free Party est pour une partie de la jeunesse, une porte de sortie, un moyen de se lacher librement sans contrainte extérieure, de faire la fête sur 3, 4 jours, voir plus, laissant libre court aux pulsions du corps et de l’esprit. On voit à travers ce documentaire que dès leurs débuts, les teufs sont rapidement réprimées par les autorités. Ces rassemblements de jeunes qui viennent de partout par milliers écouter du son et prendre pour la plupart des drogues, même si cela n’est pas une généralité, effrayent. Les murs d’enceintes déversant des rythmes puissants et tribaux, s’entendent à des kilomètres, inquiétant les populations aux alentours qui voient dans ces bandes de jeunes, habillés le plus souvent en treillis militaires et aux coupes hirsutes, une menace pour la tranquillité de leurs communes. Et comme le dit si bien Minh Thu « Ce qui fait peur c’est l’oisiveté ». Il y a incompréhension et conflit de génération.
11 ans après, que reste-t-il de l’esprit des free, comment ont-elles évolué ? Quel regard portent les acteurs de l’époque ? Un début de réponse est donnée avec le deuxième film, Raver 2.0, qui donne la parole à des artistes comme Crystal Distortion, Cyberskum, Babylon Joke… Le constat n’est pas forcément des plus positifs, l’idée d’offrir une autre alternative de vie, n’ayant pas abouti. Les autorités entre temps ont mis la main sur les fêtes en donnant à certaines la permission de se dérouler, les Sarkovals. Celles qui continuent d’exister de façon underground, se sont faites moins nombreuses et le son s’est uniformisé, pour devenir quasiment hardtek. Comme le dit Crystal Distortion, Il y a eu message, mais ça n’a pas été le même message pour tout le monde.
A travers, les deux documentaires de Serial Raver, un pan de l’histoire de la scène free party est montrée telle quelle a été et ce qu’elle est devenue aujourd’hui. Quelque chose de mercantile. L’humain est comme ça. La musique électronique est rentrée dans les mœurs, elle illustre les jingles pubs, les journaux télévisés…., la Techno Parade défile chaque année, mais pourtant il continue d’exister une certaine méfiance vis à vis de ce mouvement, qui a pourtant prouvé son ouverture d’esprit, et qui tombera peut-être grâce à ces deux documentaires.
Serial Raver 1995
Ce documentaire réalisé en 1995 par Yann Trichet retrace à travers 3 portraits de jeunes hommes, fervents habitués de ses grandes fêtes électro le phénomène des "raves".
Ce documentaire qui a connut une seconde jeunesse après sa parution dans un coffret réunissant Crystal Distortion et Cyberskum est une petite perle.
53 minutes de voyages à travers toute une époque, des témoignage très sincères sur une vision de la société bien souvent pessimiste ou la techno semble adoucir les mœurs.
Serial Raver 2.0
Ce documentaire de 40 minutes, deuxième du nom, a été tourné en 2007 et tente de revenir sur l'esprit Rave un peu plus de 10 ans après le premier documentaire.
On y retrouve l'interventions de plusieurs "grand" de la scène techno underground, comme Crystal Distortion ou d'autres...
A la manière du premier documentaire, celui ci laisse une grande place à la philosophie entourant le mouvement Free party, entrecoupé de nombreux passages musicaux tous aussi agréables les uns que les autres.
A voir sans aucun doute
Crystal Distortion Live Au Batofar (Décembre 2006)
47 minutes de Crystal Distortion enregistré lors d'une de ces sessions au Batofar, haut lieux de la musique electronique parisienne, par Yann Richet et qui accompagné la sortie de ce coffret.
Entre coupé en différents passages, il permet néanmoins d'apprécier l'un des plus grands liveurs de la scène Freetekno.
Album de Crystal Distrotion & Cyberskum
D'une durée d'un peu plus d'une heure et composé de 11 tracks, cet album accompagne la sortie des vidéos dans ce coffret. Certaines tracks sont l'occasion pour les deux compères de s'associer, quand d'autres leurs permettent d'exprimer leurs propre visions de la Tekno.
Une bande son de qualité pour un coffret qu'il l'est tout autant.
Pour l'occasion mise à disposition du coffret contenant : L'album, les vidéos du DVD et l'audio du DVD, à télécharger en suivant ce lien : [Vous devez être enregistré et répondre au topic pour voir le message caché.]
Voir aussi sur le même thème : Okupe Backup #1 - Archives 1992/2003