Interview : DJ Lowkey - Goog Records

Bonjour Alexandre, pourrais-tu te présenter brièvement ?

Eh bien, je suis DJ Lowkey du label Goog records, j’ai (il réfléchit…) 36 ans et je mixe depuis une quinzaine d’année. J’ai débuté dans les clubs bourguignons dont l’Enfer à Dijon, où à l’époque Garnier ou Tonio entre autres étaient résidents dans ces clubs et j’ai donc succédé à ce beau monde. C’est dans ces années que j’ai rencontré Laurent (Kardinal), on a commencé à faire de la production ensemble, puis je l’ai produit sur mon label de l’époque Friction.
Par la suite, on a monté ensemble le label GOOG Records dont le premier EP est en sorti en 2004 et dont le dernier (Goog 17) vient de sortir avec un morceau de Kardinal et moi-même, ainsi qu’un remix d‘Electric Rescue qui est le mec qui organise les soirées Play et Skryptom au Rex.
Mon style de musique est très techno,  avec une dérive sonore dans le breakbeat, qui est un son qui m’a toujours attiré avec les chefs de file que sont pour moi les Chemical Brothers. Je mixe aussi pas mal de sons anglais comme Rogue Element par exemple.

Comment as-tu rencontré Kardinal ?

Le milieu bourguignon de l’époque était assez fermé,il n’y avait pas 36 milles soirées éléctro et Kardinal commencait à mixer donc on s’est rencontré au fil des soirées. Je commençais à sortir mes premiers maxis et lui sortait ses premières prods du studio. Ca m’a beaucoup plu, et je lui ai proposé qu’on essaie de faire quelques morceaux ensemble et cela a très bien fonctionné étant donné que lui, est très doué pour tout ce qui est rythmique et moi qui suis musicien à la base, je suis plutôt doué pour ce qui est tonalité, mélodies, ligne de basse…

Quelles sont les valeurs musicales de ton label Goog Records ?

c’est un label qui pour nous doit rester Pumpin’ dans l’esprit, on va dire. Premièrement, on ne cherche pas à faire de l’expérimental, on fait des morceau efficaces qui font danser. Deuxièmement on cherche à avoir une très bonne qualité sonore avec des masterisations faites par d’autres producteurs.

De quels artistes te sens-tu proche ?

C’est un peu compliqué… On s’inspire toujours des morceaux qui nous plaisent, que l’on achète, et l’on est influencé par ce que l’on entend tous les jours. Cela, sans oublier les DJs de l’époque tels qu’Adam Mayer, Feeds Patric, Chris Lebing, Eden Mayer, Umek, qui, en les écoutant, nous ont beaucoup appris. Mais évidemment on apporte notre patte, notre groove, on ne fait pas du copier coller sur tout ce qui sort mais on s’inspire naturellement.

On est resté très techno vu la vague minimale qui a déferlé ces dernières années. On se place un petit plus au dessus mais on s’est calmé car on ne fait plus de la techno à l’ancienne. On a ralenti les bpm au même niveau que tout le monde mais par contre on garde une identité très techno à mon sens et c’est ça qui fait qu’on arrive a fonctionner aussi bien en club qu’en free party. Ce n’était pas le but à la base mais on se rend compte que ça plaît autant en club qu’en free..

Tu as sorti plusieurs EP, comment décides-tu des ambiances que tu vas donner à tes morceaux ?

On essaie de faire toujours quelque chose qui fasse danser mais tout dépend de l’humeur de la semaine. On peut faire un truc plus mélodique ou alors plus pumpin’ ou très mental, mais bon je ne peux pas dire que sur cet EP on a voulu partir sur un truc en particulier car l’on n’envisage pas la musique en tant qu’EP. On va en studio, on fait 10 morceaux sur 2,3 mois et après on voit ce qu’on en fait.

Quel est l’EP que tu as sorti que te ressemble le plus ?

Ah c’est difficile comme question,il y a un morceau sur le Goog 8 qui s’appelle Rainbow Attack que je trouve très puissant et qui est très mental. C’est pour moi un des morceaux le plus intéressant qu’on ait pu faire.

Après il y a aussi évidemment le Mamoth qui plaît à énormément de gens et qui m’est encore plus proche car plus musical.

Bad Countiner est un morceau qui me parle aussi car il y a plus de mélodie et plus de travail au niveau instrumentalisation.
En revanche, lorsque l’on part sur des tracks vraiment très mental, c’est Laurent (Kardinal) qui prends le dessus car c’est plus son domaine. J’apporte toujours ma patte mais suivant le style il y en a toujours un qui passe devant l’autre parce que ce style en particulier correspond plus à l’un qu’à l’autre..

Vous retrouvez-vous plus dans les morceaux qui ont connu un certain succès ou au contraire dans ceux qui ont moins marché ?

C’est difficile a dire car il y a pas mal d’artistes qui font toujours le même son, et c’est d’ailleurs une très bonne technique pour arriver à percer car les gens se retrouvent vraiment dans ce son là, alors que nous, on est des DJs à la base avant d’être des producteurs et on aime vraiment mixer de tout. Cela se ressent dans nos productions car c’est vrai que parfois on peut partir sur des choses qui n’ont rien à voir avec ce qu’on fait d’habitude. On peut avoir une grosse série de tracks assez mentales et d’un coup on en a marre et on peut faire un son à la Justice. J’ai aussi sorti un son Drum n’ Bass une fois, c’est un rythme qui me plait.

Qu’est ce que les free party pour toi ?

La free party pour moi cela ne veut plus dire grand chose. On aurait pu en parler il y a 15 ans, mais maintenant les free dépendent tellement du sound system, de l’organisateur, que l’esprit s’est un peu perdu… J’ai déjà mixé dans des teufs payantes mais jamais en free et le fait que je sois assez joué, ca dénature surtout une chose : c’est que les gens des free se sont vachement calmés (Rires…)!
J’ai toujours côtoyé ce milieu artistique, on a fait beaucoup de soirée avec Heretik, je les ai produit, donc ce n’est pas un monde qui m’est complètement étranger.

Peux tu nous expliquer,  la façon dont tu travailles, dont tu composes tes chansons ?

En général, on se dit : “tient j’ai envie d’une ligne de basse dans ce style”, on cherche des samples, on essaie et on se laisse guider. On traficote un peu,  on rajoute des petits sons, on cherche et on ne trouve pas forcément dont on finit rarement sur l’idée première du fait de toutes les possibilités qui nous tombent dessus lors de la composition.
A l’origine, on est très hardware, on utilise principalement une marque qui s’appelle studio electronics (ATC, SEA), on a plusieurs multis effets comme Lexicon, qui est nettement plus sympa que les effets sorfware. Désormais, on laisse de plus en plus les synthés de côté pour utiliser des samples et les modifier, sinon en logiciel, j’utilise un vieux Cubase VST que plus personne n’utilise.

Es-tu musicien ?

Mon père était pianiste, du coup mes parents m’ont inscrit à l’Ecole de musique locale à Beaune. Je n’ai pas trop eu le choix. J’ai fait du piano classique pendant 10,12 ans où j’ai appris Debussy, Bethoven et Litz. J’ai aussi fait de la batterie et des percussions (xylophone vibraphone…) dans des club de jazz.

Quels sont les DJs dont tu suis l’actualité ?

Umek qui est un gros chef de fil de techno et sinon Secret Cinema, Sasha Carassi, Alex Di Stefano, Karl Bolio…

Pour finir, qu’écoutes tu chez toi ?

J’écoute beaucoup de genre différents, de la pop éléctro, du reggae, j’écoute aussi beaucoup radio Nova ou des artistes comme Caribou, Métronomy ou bien sûr l’inévitable Gainsbourg à écouter et réécouter.