Laurent Garnier : Off the Record

"Pourquoi je me suis lancé dans la house ? C'est parce que j'étais un vrai mélomane. J'adorais le disco, le reggae, la new wave, le punk, la soul... La house et la techno regroupent l'essence de ces styles." C'est l'histoire d'un fils et petit-fils de forains, habitué dès son enfance aux foules, aux lumières clinquantes et à la musique tonitruante des attractions. Pourtant, au début des années 1980, le jeune Laurent Garnier embrasse une profession nettement plus cosy puisqu'il se retrouve valet de pied à l'ambassade de France à Londres, après être sorti major de promotion de l'école hôtelière. En Angleterre, il exporte sa passion du mix, déjà rodée sur Radio Teenager dans les Yvelines. Par un heureux concours de circonstances, le Frenchie se retrouve aux manettes du mythique club l'Hacienda à Manchester, épicentre de l'émergence de la musique électronique en Europe. La voie est ouverte pour celui qui se fait alors appeler DJ Pedro et joue les premiers disques house de Chicago. Rentré en France (pour son service militaire !), il fait vibrer le Rex, La Locomotive et Le Palace. Laurent Garnier impose son nom et devient vite, à l'égal des plus grands DJ américains, l'un des précurseurs emblématiques de la techno, la dernière révolution musicale du XXe siècle. 

Le palais Garnier


Pour bien saisir le phénomène Garnier, il faut écouter ce que les ténors disent de lui : "C'est le DJ des DJ, celui qu'on va écouter pour apprendre quelque chose", assure Jeff Mills. "C'est le pape", renchérit The black Madonna, "la première icône" pour Miss Kittin. Laurent Garnier : Off the record en propose pour la première fois un portrait intime, croqué sur la longueur par le jeune réalisateur Gabin Rivoire entre tournées mondiales (2017-2019) et moments privés (dont un déménagement pour lequel l'obsessionnel du son comptabilise ses vinyles au moyen du nombre de mètres cubes qu'ils occupent dans l'espace !). Visuellement inventif, le film déroule en parallèle l'histoire d'une musique électronique qui a dû ferrailler pour se faire accepter dans l'espace public et déjouer les préjugés, comme le racontent les prestigieux témoins invités (dont Derrick May, Carl Cox, DJ Pierre, Pedro Winter ou Abd al Malik). Un documentaire-somme, qui sait ralentir le rythme des bpm (battements par minute) pour prendre le temps du récit.