Okupe Backup #1 - Archives 1992/2003

Je suis tombé sur Blackee, un jeune étudiant des Beaux-Arts à Aix (Olivier, qui allait plus tard devenir VJ et graphiste de OQP  sous le nom de Starsk, puis créateur du label Okupé). Il était un peu plus punk que Gorge Profonde. Je l’ai « recruté », on va dire : je collais une affiche de Gorge Profonde et il m’a branché, je lui  ai proposé de venir faire des trucs avec nous. Je disais toujours:  « Viens! » aux gens. Do It Yourself! Un jour, il est tombé sur les Spi qui distribuaient des flyers pour leur première teuf dans  le coin. Il est arrivé : « Vous ne croirez pas ce que j’ai vu: des  gars qui viennent d’une autre planète. Ils sont habillés comme  des punks, complètement délirants! Et ils font de la techno! » En fait, c’étaient Debbie, Ixi et Paula, principalement, qui étaient sur  Marseille à distribuer des flyers. On s’est moqués de lui. Il nous  a dit: « Mais c’est tekno free, c’est libre, c’est nature ! Raff, tu  ne peux pas rater ça! » Évidemment, je n’y suis pas allé. C’était en 92. Ça devait être vers Aix. Là, ils ont rencontré les gens qui  allaient faire OQP ensuite. Les flyers présentaient l’association de  la technologie et de la nature.

Au bout d’un moment, on s’est dit qu’on allait les inviter à l’émission (ils squattaient dans leurs camions dans la campagne aixoise). Et donc Debbie, Ixi et Paula ont débarqué, avec les chiens. On a commencé  à parler. Moi, j’ai essayé de les tacler: sur leurs premiers flyers, tu voyais écrit « PolyGram », je les chargeais là-dessus. Pour moi, ça ne pouvait pas passer, je cherchais la petite bête. Mais de voir des meufs  qui arrivaient, déjà, alors que la culture était principalement masculine chez les Français, c’était étonnant. À un moment, Ixi m’a filé une K7 en me disant: « Si tu veux passer un truc, passe ça, c’est un  mix de ma musique. » À l’époque, je mettais beaucoup de musique en fond sonore, je faisais des montages sonores expérimentaux avec  ou sans messages, avec des bidouillages. J’ai continué à animer, et  d’un seul coup j’ai entendu cette musique, c’était de l’acid. Un joint tournait, je n’avais pas l’habitude de fumer (je n’ai jamais vraiment pris de drogue dans ma vie). J’avais tiré une taffe, mais je pense que c’est vraiment la musique qui m’a retourné.

Ça m’a rappelé sans doute l’acid house des radios de 88, mais en plus délirant. J’étais en train de parler, et en même temps, je sentais que je rentrais dans une dimension dans laquelle je n’étais jamais rentré, et j’essayais de la combattre: «Ce n’est pas possible! Redescends sur terre! » À la fin de l’émission, elles nous ont dit de venir à la prochaine teuf, c’était à Tarascon. On a dit: "Allez, ok, pourquoi pas?"