Les représentants des teufeurs vont être reçus à Matignon
Après les heurts survenus en marge de la rave-party de Commana, des représentants des collectifs organisateurs de rave-parties seront reçus au cabinet du Premier ministre cette semaine. Le but : trouver un terrain d'entente sur les conditions d'organisations de ces "fêtes libres".Moins d'affrontements, plus de concertation et un cadre légal mieux adapté pour les rave-parties. C'est en substance ce que demande Samuel Raymond, le directeur de Freeform, une structure nationale chargée de la médiation sur la problématique des rassemblements festifs.
Accompagné par d'autres représentant du mouvement des free-parties, il va rencontrer dans la semaine les conseillers jeunesse et sécurité du cabinet du Premier ministre. Le but : rétablir le dialogue entre pouvoirs publics et organisateurs de rave-parties et tenter de trouver un terrain d'entente sur les conditions d'organisations de ces "fêtes libres".
Pour Samuel Raymond, les lois qui encadrent ces rassemblements ne sont pas adaptées et doivent être aménagées : "La loi nous demande de déclarer les rave-parties à partir de 500 participants. Mais pour n'importe quelle autre manifestation culturelle, ce seuil est fixé à 1.500. Pourquoi cette différence ? Nous demandons simplement que le seuil de déclaration pour nos fêtes soit aligné sur celui des autres manifestations culturelles", explique-t-il.
"Un autre point très important est la question de la saisie du matériel, poursuit le directeur de Freeform. Ces saisies doivent s'arrêter. Ce sont elles qui nourrissent les tensions et amènent la violence. Pour un collectif, se faire saisir ses caisses de vinyles ou une sono qu'ils ont parfois mis des années à se procurer, c'est la pire des punitions. Il ne faut pas s'étonner si, parfois, ces saisies mènent à des affrontements".
Mais dans ce cas, quels recours auront les autorités pour encadrer et surveiller ces rassemblements ? "Ce que nous demandons, c'est une réponse adaptée, répond Samuel Raymond. Si les riverains se plaignent du bruit, il suffit de verbaliser l'organisateur pour tapage nocturne. S'il reste des déchets partout après la soirée, il suffit de le verbaliser pour abandon d'ordures. Mais faire intervenir 30 gendarmes pour une saisie, c'est utiliser un bazooka pour chasser des mouches !".
Le président de l'association prône également pour une meilleure concertation au niveau local, avec les élus des communes concernées. Un point sur lequel le Finistère est, selon lui, en avance par rapport à d'autres départements. "Les collectifs finistériens avaient réussi à établir un dialogue apaisé avec les autorités locales. Il faut que cet effort de concertation se poursuive malgré l'incident de Commana. Ce qui se fait en Bretagne doit être un bon exemple pour le reste du pays, pas en devenir un mauvais".
Source : Le Télégramme & Photo by TangTang Pic's
Rave à Commana. Les « teufeurs » d'accord pour rencontrer le préfet
Après l'intervention musclée des gendarmes à la rave d'Halloween, le week-end du 29-30 octobre, le préfet du Finistère avait invité les organisateurs à une rencontre pour « dialoguer ». Le collectif Arts et cultures lui a adressé une longue lettre.
La rave party d'Halloween, organisée à Commana samedi 29 octobre, avait dégénéré en fin d'après-midi, dimanche. La fête, qui avait réuni 4 000 personnes, n'était pas autorisée. L'intervention d'une quarantaine de gendarmes, pour saisir le matériel, s'était accompagnée de l'usage de la force, face à des fêtards qui résistaient.
« Renouer le dialogue »
Vendredi, le collectif Arts et cultures (dont font partie les organisateurs poursuivis et jugés le 9 mars, comme le propriétaire du champ) a répondu favorablement à la demande du préfet, Pascal Lelarge, et « accepte de le rencontrer et de renouer le dialogue. » Le collectif s'étonne néanmoins de cette invitation : « Nous ne savions pas que la porte de la préfecture avait été fermée à un moment ou à un autre. »
Leur porte-parole rappelle que « les collectifs finistériens font partie du paysage culturel depuis plus de 20 ans » et que le collectif « a travaillé avec tous ses prédécesseurs, et généralement en bonne intelligence. » L'État les subventionne chaque année pour le Multison. « Essentiellement les dispositifs sanitaires qu'il impose et hors de prix pour notre collectif. »
« Continuer à être un exemple en France »
Il rappelle l'implication du collectif pour faire vivre cette culture, en participant à des concertations territoriales notamment. Les « teufeurs » acceptent l'invitation « afin de continuer à être un exemple en France, afin de faire primer le dialogue et la concertation. En espérant que lors de cette rencontre, nous aurons l'occasion de mieux faire comprendre la passion et la générosité des bénévoles et l'intérêt des jeunes pour cette culture.
Source : Ouest France & Photo by TangTang Pic's
Rave-party : « C'est toute la jeunesse bretonne qui est insultée »
Dans un courrier adressé au préfet, Vincent Tanguy, porte parole d'Arts et cultures, réagit à l'intervention des gendarmes lors d'une rave, dimanche 30 octobre 2016 à Commana.
Le week-end des 29 et 30 octobre 2016, la gendarmerie est intervenue dans une rave-party, non déclarée à la préfecture, à Commana. Elle a fait usage de gaz lacrymogènes et a saisi du matériel. Près de 4000 raveurs étaient sur place. « C’était une rave-party non déclarée et non autorisée. J’ai donc demandé, en lien avec le procureur de la République de Brest, qu’il y ait une saisie de sons », s’est justifié Jean-Daniel Montet-Jourdran, directeur de cabinet du préfet du Finistère auprès de nos confrères du Télégramme. Indiquant également que sur ce genre de soirée, on est systématiquement en présence d’un ramassis d’alcooliques et d’individus sous l’emprise de stupéfiants.
Cette sortie n’a pas été du goût des “teufeurs”, certains regrettant de s’être « fait rentrer dedans pour rien ». Vincent Tanguy, porte-parole de l’association Arts et cultures, organisatrice des Multisons, a écrit une lettre à Pascal Lelarge, préfet. Il y indique que :
Les collectifs finistériens font partie du paysage culturel du département depuis plus de vingt ans maintenant. 70 associations ou collectifs informels y sont actifs. Nous organisons près d’une centaine de fêtes par an (…) Nous avons travaillé avec tous vos prédécesseurs, et généralement en bonne intelligence. L’Etat nous soutient même chaque année lors du festival “Multi-son” en subventionnant une partie du budget d’organisation, essentiellement les dispositifs sanitaires qu’il impose et hors de prix pour notre collectif, le Conseil départemental a financé une partie d’équipements mutualisés (ex : toilettes sèches…) entre les collectifs.
Il poursuit : Dans ces conditions, nous ne comprenons ni n’acceptons les violences verbales et physiques qui ont eu lieu lors de la fête organisée pour la soirée d’Halloween à Commana par l’un des nôtres. Toujours dans son courrier, il reconnait que « certaines infractions ont étés commises » mais pointe du doigt les propos de Jean-Daniel Montet-Jourdran évoqués ci-dessus : Il y avait 4000 personnes à cette fête, plus de 15000 au multi-son, des centaines tous les week-ends dans le département. En nous insultant de la sorte, c’est toute la jeunesse bretonne et plus qu’il insulte !
Vincent Tanguy justifie également le fait de ne pas déclarer cette manifestation (qu’il n’a pas organisée, NDLR.) : Sérieusement, pensez-vous que vos services seraient en capacité de traiter aisément plus de 50 dossiers de déclaration de manifestation par an, chaque fois que 5 ou 600 personnes se réunissent pour danser dans un champ ? Nous ne sacrifierons pas le principe du prix libre pour l’accès à nos fêtes au profit des dispositifs sanitaires disproportionnés et hors de prix que les services cherchent à nous imposer !
En début de semaine, le directeur du cabinet du préfet avait indiqué que le préfet était « prêt à recevoir les teufeurs pour établir une concertation ». Vincent Tanguy y répond favorablement « en espérant que lors de cette rencontre, nous aurons l’occasion de vous faire mieux comprendre la passion et la générosité des bénévoles qui animent nos fêtes et l’intérêt des jeunes du département pour cette culture». Il conclut son courrier ainsi : En définitive, les rave-party ne sont rien d’autre que le prolongement des fêtes traditionnelles, comme le fest-noz en Bretagne : danse, musique, instants de convivialité. Comme le veut l’adage, rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme.
Source : Coté Brest & Photo by TangTang Pic's
Rave à Commana. La lettre des teufeurs au préfet
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