Teufeurs-préfet : le bras de fer
En dévoilant mardi son plan anti-rave, l epréfet de l'Aude s'est attiré les foudres des teufeurs. Sur les réseaux sociaux, la riposte s'est organisée au point d'inciter un collectif de raveurs à organiser un Teknival dans le département.
En mois de 48 heures, Jean-Marc Sabathé, le préfet de l'Aude, s'est mis à dos tous les teufeurs du monde ou presque. Quelques heures à peine après avoir annoncé qu'il souhaitait interdire de manière permanente, toutes les raves party dans le département, les réseaux sociaux se sont déchaînés. L'association Freeform basée à Toulouse, et qui a pour vocation d'accorder les violons entre organisateurs et pouvoirs publics, estime dans un communiqué publié sur sa page Facebook que le préfet est allé trop loin. «Non, Monsieur, le préfet, les teufeurs ne sont pas des cons et des irresponsables», estiment les responsables associatifs. Et de préciser : «les rares organisateurs qui ont essayé d'organiser des soirées légales dans votre département se sont fait bouler, humilier et rejeter (...) Si les teufeurs font des fêtes illégales dans votre département, c'est parce que vous et les maires de l'Aude refusez de prendre leurs responsabilités, d'aller vers les organisateurs pour leur proposer des solutions et construire l'avenir ensemble».
Grégory Lecru, directeur de cabinet du préfet s'inscrit en faux. «Les teufeurs déforment le sujet. Nous n'avons jamais été approchés par un organisateur officiel de rave party». Sauf en 2013, où la préfecture a donné son accord à la tenue d'une rave. À l'époque le rassemblement festif s'était déroulé sur la commune de Dernacueillette, où malheureusement une femme de 38 ans, victime d'un accident vasculaire cérébral, est décédée.
Le dialogue entre les pouvoirs publics et les teufeurs est-il impossible à tisser ? «Non, affirme encore Grégory Lecru relayant les propos du préfet. Mais nous ne pouvons plus accepter les raves illégales».
De son côté, l'association Freeform estime que le vocabulaire de Jean-Marc Sabathé relève de l'insulte. «De tels propos et une telle méthode ont des effets dévastateurs et sont en complète contradiction avec la ligne de conduite rappelée par le cabinet du Premier ministre», note encore Freeform. En haut lieu, on tente en effet de trouver des solutions. Le 31 mars 2015, tous les préfets ont été destinataires d'une circulaire leur demandant notamment de désigner un médiateur (lire ci-contre) «dont le rôle sera à la fois d'être le premier contact pour les jeunes (...) mais aussi de créer en amont un réseau de partenaires pouvant accompagner les organisateurs».
Et si l'aude accueillait un teknival entre le 12 et le 16 août ?
Un collectif qui regroupe plus d'une soixantaine d'organisateurs promet un frenchtek de feu. en Occitanie entre le 12 et le 16 août «et plus si affinités» précisent les teufeurs. Le message est clair. «On ne bouge pas tant que nos revendications ne sont pas écoutées…et on a le temps, c'est les vacances.» Le leitmotiv est tout aussi limpide : «Du son, du soleil, le sud ! avis à tout le peuple tekno : venez fêter utile ! L'état est aveugle, rendons le sourd !» Reste à déterminer les coordonnées GPS de ce gigantesque rassemblement.
Un médiateur fantôme
Mardi, à l'heure ou presque Jean-Marc Sabathé présentait son plan anti rave-party, Jean-Benoît Dujol, le délégué interministériel à la jeunesse officialisait une liste de 53 médiateurs départementaux. Mais aucun fonctionnaire désigné pour le département. Du moins officiellement, sauf à penser qu'un fonctionnaire de la direction départementale de la cohésion sociale et de la protection des populations (DDCSPP) ait été nommé dans l'entrefaite. En attendant, Grégory Lecru, directeur de cabinet du préfet, affirme qu'un médiateur a bel et bien été désigné «et qu'il est prêt à recevoir» les organisateurs de rave party. À la DDCSP un certain émoi était palpable hier. Car à la connaissance de cette administration personne n'a été officiellement nommée par le préfet comme le prévoyait la circulaire interministérielle. De quoi alimenter un peu plus le différend qui oppose désormais ouvertement le préfet et les teufeurs.
Source : la dépêche
Polémique autour d'une rave party dans l'Aude : une association toulousaine réagit au dérapage du préfet
Le préfet de l'Aude a tenu des propos polémiques au sujet des rave party organisées dans son département. Des mots jugés « choquants » par l'association toulousaine Freeform.
Alors qu’un Teknival s’organise actuellement en Occitanie pour la mi-août (2016), le préfet de l’Aude est au cœur d’une polémique suite à des propos tenus lors d’une conférence de presse le 26 juillet. Des déclarations citées dans un article de La Dépêche du Midi, qui concernent l’organisation des rave party dans son département.
Le préfet Jean-Claude Sabathé dévoilait à cette occasion son « plan anti rave party », explique le quotidien régional. Les rave party, appelées aussi plus simplement rave, sont des rassemblements regroupant des adeptes de musique électronique, majoritairement organisés en pleine nature ou dans des lieux désaffectés.
Les raveurs qualifiés de « cons » et d’ « irresponsables »
À cette occasion, le préfet aurait indiqué aux maires du département de l’Aude, présents ce jour-là et ayant déjà connu l’organisation de free party sur leurs communes respectives, de prendre des arrêtés « qui ne seraient pas annulés par un tribunal administratif », précise le journal. Par ailleurs, le préfet aurait également qualifié les organisateurs participant à des rave party sur son département de « cons » et « irresponsables ».
Des propos auxquels vient de réagir Freeform, association communautaire de réduction des risques organisationnels liés à la pratique de la fête libre, dont les locaux sont à Toulouse. L’organisme, financé par le ministère de la Jeunesse et des Sports, a condamné les propos tenus par le préfet.
Nous sommes choqués de voir une position aussi radicale, explique Samuel Raymond, chargé de mission chez Freeform. On tombe des nues. Traiter les gens d’irresponsables passe encore, mais de cons… ça s’appelle une insulte.
« Le préfet dérape »
Dans une lettre ouverte publiée sur Facebook, l’association met également en cause l’accusation de « laxisme » des juges émise par le préfet, ainsi que son invitation aux maires à prendre des arrêtés ne pouvant être sanctionnés par la juridiction administrative.
Le préfet se lâche, c’est contre son devoir légal de dire que les juges sont laxistes. Il n’a pas le droit, en raison de l’indépendance de la justice. De plus, il dérape quand il donne des tuyaux au maire, complète Samuel Raymond.
Les raves encadrées par la loi depuis 2001
Selon l’association Freeform, l’incompréhension vient également de l’existence d’un cadre légal qu’ils considèrent « largement suffisant ». Les rave party sont en effet directement concernées par la « loi sur les rassemblements festifs à caractère musical », issue de l’amendement Mariani et votée après le 11 septembre 2001. Sans nommer explicitement les free party, le texte prévoie notamment l’interdiction d’organiser des rassemblements non déclarés de plus de 500 personnes.
Freeform n’a pas l’intention de porter plainte pour diffamation, mais a néanmoins « demandé des comptes » à la préfecture de l’Aude par e-mail, et s’étonne que les propos du préfet interviennent moins d’un mois avant l’organisation d’un grand Teknival en Occitanie. « Cela ressemble à une invitation, note Samuel Raymond. C’est étonnant qu’un préfet lance un tel seau d’huile sur le feu ».
Contactée, la préfecture de l’Aude n’a pas encore répondu à nos sollicitations. De son côté, la préfecture de Haute-Garonne ne souhaite pas se prononcer sur l’organisation dudit Teknival, tant que son lieu d’implantation n’est pas connu.
Source : Actu-Toulouse
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