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Nevrakse · Moderateur

02-01-15 18:42:56

16-10-11 · 4 285

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PSYKO - Radiation Sound System



Deuxième interview avec DJ Psiko (Radiation Sound System, Angers – première interview à lire ici), fier et gouailleur représentant d’un frenchcore décomplexé, alors que le genre attise des haines à la hauteur de son succès. Et, non content d’assumer son frenchcore, voilà que Psiko confesse être un artiste comblé ! Plutôt notable, à une époque où le vent du « C’était mieux avant » chasse mal les nuages obscurs plombant les horizons du hardcore (pour qui un soleil noir brille toujours quand même dans un coin de l’univers). Culture DJ a profité de la faconde de Psiko pour lui demander d’expliquer pourquoi le frenchcore suscite autant de réactions négatives. Et la réponse est convaincante. DJ Psiko mérite donc bien ses palmes d’ambassadeur militant ! La prise de position est appréciable, même si on n’est pas adepte du genre. Et vous, comment défendez-vous votre genre de musique favori ?



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Tu es un militant du Frenchcore. Ça t’énerve que des artistes étrangers s’autoproclament rois du genre ?

Ha ha militant du Frenchcore, ça me plait bien ça : la guérilla pour défendre ses idées, gueuler, taper du poing sur la table, monter au créneau etc… C’est un peu moi ça c’est vrai ! Mais, le problème c’est que parfois cela t’aveugle et tu te mets à taper dans le mauvais sens ou sur le mauvais gars. Le dernier qui s’est autoproclamé roi du Frenchcore s’est fait latter par les réseaux sociaux et je participais au lynchage… mais on était dans le faux. Il y avait derrière cette personne une machinerie bien plus complexe et friquée, qui voulait fédérer un maximum de gens derrière un produit. Le pauvre mec, lui, il avait rien demandé et il s’est retrouvé propulsé Roi d’un truc qu’il ne maîtrisait pas et on a commencé à le tailler, je pense qu’il en a souffert, alors que lui il fait son truc, point, qu’on aime ou pas. Donc aujourd’hui ce qui m’énerve le plus c’est ça : ces grosses boites de prod qui veulent ériger un DJ  tel un produit de consommation… et alors si en plus ces mêmes commerciaux (parce que c’est ce qu’ils sont) s’attaquent au Frenchcore, c’est mort. En plus c’est vraiment moisi comme truc, tout le monde sait que c’est Radium le King of Frenchcore et puis c’est tout… parce que tout vient de lui, influence majeure.

Justement, au moment où Radium s’apprête à ressortir des mix datant d’il y a 20 ans, quels souvenirs as-tu du Radium d’avant le frenchcore ?

Le problème c’est que j’ai découvert Radium avec Epitheth et le premier Psychik Genocide  et juste après il a lancé la vague frenchcore avec « Epileptik Room » sur EPK ou au travers de Micropoint avec des morceaux comme « Human Freak Box »  ou « Noise Theater », et c’est vraiment à ce moment que j’ai bien accroché. Ma première vraie grosse claque, c’était la deuxième édition de la Techno Parade en 1999 avec Micropoint en dernier set ! BIM ! Après c’était la Hardcore Symphony en Bretagne…

Là Radium et Micropoint c’était ça mon truc, j’ai lâché la hardtek et go frenchcore ! Et puis la k7 « Stormcore », le mix « Inhuman » ou encore le « Post Nuclear mix »… Je regrette parfois l’époque où il nous jouait des Choose or Loose ou DNA avec les Gobble et Psychiatrik, mais bon il ne faut pas rester bloqué non plus sur le passé, faut avancer. Et même si de temps en temps ça fait du bien de réécouter tout ça,  la qualité des supports reste pourrie, ils ont tourné les CD ! Je suis donc plus qu’impatient de voir ce que Daniel va nous ressortir de son disque dur !

Justement, parlant de Frenchcore, quelles ont été les évolutions marquantes du genre depuis 10 ans ?

Le Frenchcore a ses particularités : un son bien rond et une bassline reconnaissable entre mille, mais ça ne fait pas un morceau. Si certains se complaisent dans cette structure kick + bassline pendant 5 minutes, ils contribuent à l’enlisement de ce style !
Malgré ce constat les évolutions ont été multiples néanmoins, notamment au niveau du son : plus riche, plus fort, mieux produit. La qualité de certains morceaux est monstrueuse et prouve qu’il y a matière à progresser encore et encore. Ensuite, il me semble que la technologie nous permet de mélanger plus de styles : Reggae, Dubstep, Drum, Trap, Bass music, musique classique ou rock s’imbriquent plus facilement dans les morceaux d’aujourd’hui.
Enfin, l’évolution la plus marquante selon moi c’est la reconnaissance de ce style : il y a des festivals, des labels, des plasticiens, des graffeurs en clair des artistes divers et variés qui évoluent et s’épanouissent dans le Frenchcore, les gens s’y intéressent et commencent à réellement écouter les productions. Bien sûr, il y en a toujours qui critiquent, qui pensent que ce n’est pas du hardcore, alors ils crachent, ils font ce qu’ils peuvent pour nous tailler… sans succès ! Pour faire simple, ça devient de plus en plus gros, c’est fou !

Finalement, pour conclure ce débat sans fin sur le frenchcore, quelle est la caractéristique du frenchcore qui entraîne que ce ne soit pas vu comme du hardcore ?

Pour moi, c’est du hardcore dans ce que ça représente : des rythmes rapides, un bon tempo un kick distordu qui balaye tout, point. Après, on lui reproche son côté festif, facile, accrocheur comme si le hardcore devait être un style ultraviolent, repoussant et peu aimable coûte que coûte. Le fait est que le frenchcore rencontre un succès fracassant, arrivant même à déloger les sacro-saintes lois du mainstream Hollandais. Ça marche, mais pour certains, ça ne passe pas. Ceux-là ne voient pas que les gens découvrent le hardcore par le frenchcore et qu’ensuite ils pourront tout autant apprécier le gabber, le crossbreed, l’indus ou le speedcore. Le Frenchcore est une porte sur le hardcore, mais c’est aussi sa faiblesse.

Ne penses-tu pas que la réputation délicate du frenchcore est aussi due à une proximité bien entretenue avec le milieu free, où le public est plus nombreux que dans les sphères hardcore ?

Je ne pense pas car il se joue de tout en free, pas forcément du frenchcore. Le frenchcore n’est pas du son de free, d’ailleurs il n’y a pas de son de free, c’est une illusion. La free c’est un ensemble éphémère qui affole les 5 sens, si il y a un son de free, il y a alors frocèment une odeur, un toucher, un goût, une vision… On entend souvent du gabber, de l’indus, des vieux Deathchant en plus des autres styles donc non, je ne pense que la « délicate » réputation du frenchcore vienne de sa proximité avec les free, il ne manquerait plus que ça !

J’ai déjà donné les raisons de la disgrâce de cette musique : l’incompréhension, le dégoût,  la crainte de ce qu’on ne peut expliquer… tiens c’est bizarre ça ressemble à la discrimination.

Au contraire, tout ce qui touche à la free donne une certaine légitimité à ce que nous faisons. Pour des DJ’s plus ou moins reconnus, se produire en free est vraiment rafraichissant, on est au contact des gens, vraiment et non pas à 30 mètres derrière des barrières. Et puis surtout ça nous rappelle d’où on vient, il ne faut jamais oublier que la plupart d’entre nous a commencé les pieds dans la boue et la tête dans les caissons! Pour ma part, j’y retourne dès que je le peux.


Tu dis que le frenchcore va se durcir, se radicaliser… Donc c’est back to terror ? Straight to darkness ?

La faiblesse du frenchcore est d’être devenue très proche de styles moins hardcore comme le tribecore. Ce qui doit ajouter à la rancœur des haineux ! C’est pour cette raison que, pour ma part, je pense durcir ma musique pour creuser un peu l’écart entre ces deux styles. Les Italiens ont bien compris ça et leurs kicks sont bien méchants, je pense à Bit Reactor, Braindrillerz et évidemment les Sickest Squad. Donc oui on prend un ticket pour le tunnel of terror of darkness… mais à la sauce french.

C’est quoi, la sauce french ?

Un kick bass saturé mais qui sonne bien rond, avec cette fréquence si reconnaissable, ce ron-ron si plaisant… c’est ça la sauce french. Un bon clap, un bon hihat… voilà. Après, faut dessiner un motif et c’est là que le darkness va s’exprimer : des cris, des sons glauques, des riffs de guitare, des stabs… c’est le motif le plus dur à faire (avec le kick). Si vous voulez un exemple, le Vandal vs Radium « Miss Fatty » c’est du raggatek à la sauce French ! Ce n’est pas le meilleur morceau frenchcore, mais il a le mérite de bien illustrer ma réponse.

Même si on ne sait jamais ce sur quoi la créativité va permettre d’aboutir, sais-tu comment tu veux faire évoluer ton son pour les prochaines productions ?

C’est une question que je me pose à chaque fois que je débute un nouveau morceau ou que je prépare un nouveau set et en ce moment, je dirais que ça va vers le durcissement… l’industria-distorsion du Frenchcore. Depuis 4 ou 5 ans, le mélange entre les hardcore est de plus en plus flagrant et c’est la direction que je vais prendre. Une radicalisation du Frenchcore en quelque sorte. Mais toujours avec ces sons stridents et barrés, ces samples de l’espace et un bon gros kick des familles !


J’ai plein de nouveaux VST à tester donc je pense avoir de longues nuits blanches encore devant moi. J’avais les trois quart d’un album de prêt, mais la gestation d’un album c’est trop long pour un énervé comme moi, alors j’ai dispersé les tracks sur plusieurs sorties dont la première sera sur Audiogenic en 2015.

Enfin, mes prochaines productions seront pour la plupart des versus avec d’autres artistes car il y a plein de gens avec qui je m’entends bien et avec qui je souhaite travailler depuis longtemps. J’aime me confronter à un autre artiste, c’est une autre facette de la production ou l’égo est mis de côté, car le morceau doit plaire, convenir et représenter chacune des parties en présence, c’est dur mais c’est trop bien ! Dans les projets finis mais qui vont déboucher sur d’autres projets il y a Radium, the Mastery, Adrenokrome ou TSX et à venir, il y a Maissouille, Osmik, Progamers, Frazzbass et d’autres avec qui j’aimerais beaucoup bosser mais qui sont très occupés comme The Sickest Squad ou Angerfist… Tu vois ça reste en famille quand même !

Tu es très implanté dans la région d’Angers, là où tu vis. Comment se porte la scène locale ?

La scène Angevine se porte bien merci de t’en soucier, même si au niveau Hardcore mon sound system (Radiation sound system) et moi, nous restons quasiment les seuls à prôner l’usage des sons hardcore dans le département et ce depuis 15 ans (d’autres associations le font aussi comme Protonik ou Kapsule). Il y a une nette remontée des organisations, mais elle ne concerne malheureusement que la scène techno et electro. On peut noter qu’une asso angevine spécialisée dans la drum vient de monter d’un cran en proposant des soirées crossbreed/hardcore (mais c’est dur de trouver des lieux corrects) donc on ne désespère pas, la relève tarde mais elle sera assurée !

Sinon les jeunes issus des free party continuent de faire péter dans la joie et la bonne humeur. Des réunions se font pour organiser des échanges entre les principaux acteurs du département : ça se renifle, ça se structure… bref ça évolue comme il faut. Le Maine et Loire est très ouvert au niveau électronique, tu peux leur jouer de tout. Fin octobre j’étais aux 20 ans de la plus célèbre salle de spectacle du coin : le Chabada. Et bien malgré l’éclectisme de la soirée (des Clash à Guesh Patti) mon set Frenchcore a, contre toute attente, plus que cartonné. Angers c’est ça…

Tu joues régulièrement à l’étranger. Qu’as-tu pu constater comme particularités chez nos voisins ?

En fait, avec le recul, il n’y a pas énormément de différence si ce n’est le public. Même si je vais paraître chauvin (ou nationaliste selon les faibles QI) le public français reste mon chouchou, mais attention… les Italiens savent faire la fête, pareil pour les belges et pour les tchèques !  Ce sont de bonnes destinations. La Hollande, ce sont les gros trucs, ça fait rêver mais en même temps c’est trop énorme et parfois tu t’y perds ! Des dancefloors blindés, mais ça ne bouge pas beaucoup et ça ne crie pas ! Un comble pour des salles de 5000 personnes !

Après il y a des trucs rigolos comme le hakken ou hakke, en Italie et en Hollande c’est LA danse la plus pratiquée, mais il faut avoir une licence en Zumba parce que c’est hyper cardio comme truc… et puis histoire de rigoler un peu, il y a 10 ans on se plaignait des « petits pois » habillés en kaki, aujourd’hui c’est le jogging hyper coloré (fracture nette de l’œil) et les Nike air, ce n’est pas très répandu en France mais ailleurs …. On dirait une conférence Nike !

Voilà, c’est vraiment pour émettre des différences, car dans l’ensemble le plaisir est le même : tu as une fosse avec plein de gens dedans et faut tartiner plus que celui d’avant, quel que soit le pays c’est la recette que j’applique ! Je ne peux pas me plaindre ou émettre des avis négatifs, car c’est quand même une chance de pouvoir voyager comme ça, pour faire ce qu’on aime !

Finalement tu es un artiste comblé… Doit-on craindre un ramollissement de Psiko dû à un embourgeoisement précoce ?

Et bien je répondrais par une question : depuis la dernière interview en 2012, je suis toujours aussi comblé et nous nous sommes vus récemment : suis-je ramolli ? Non, pas de crainte de ce côté-là, j’ai même la sensation qu’avec le temps je me radicalise moi aussi. Et puis surtout, j’ai toujours la sensation d’avoir un truc à prouver pour rester au top. Je continue de travailler, de jouer des trucs pas sortis, d’insérer d’autres sonorités, de tester des enchainements et je crève toujours d’envie d’aller jouer partout … au grand détriment de ma femme et des mes fils ! Donc non une fois encore, je ne me repose pas sur mes lauriers… lauriers dont je me fous éperdument !

OK, donc tu es un DJ, compositeur et militant toujours aussi comblé. Mais es-tu encore festif ? C’était quand la dernière fois que tu as dansé sur le set d’un autre DJ ?

On n’a pas besoin de danser toute la nuit pour rester festif. Aujourd’hui je ne passe plus la nuit sur le dancefloor la gueule dans les caissons, car mes pauvres oreilles ne le supporteraient plus, mais j’avoue me laisser emmener parfois par un bon set qui éclate les enceintes.

Les derniers en date ? J’ai un pur souvenir d’un set de N-Vitral, mais je ne sais plus où ni quand, désolé, Ophidian et Radium vs Lenny Dee à Ground Zero en août 2014, Art Is Anal en octobre dernier (et tu y étais d’ailleurs), Dam et Frazzbass aka Subversion en Italie et d’autres encore. Je ne suis pas un rat de backstage, la  meilleure place est au bar ! Et puis au gré des soirées on rencontre pas mal d’artistes et comme je suis ouvert (d’autres diraient que j’ai une grande gueule), je vais taper la discute avec eux, on boit des verres, on se marre… du coup la soirée passe vite, c’est aussi ça la fête !

Tu vas dire quoi, à la directrice de l’école de tes enfants, quand tu seras convoqué parce qu’ils auront fait écouter la musique de papa à leurs petits copains ?

Arf, ils me connaissent déjà, tu penses bien que mes gamins ont depuis longtemps vendus la mèche ! Mais avec des mots d’enfants c’est toujours plus mignon. Je me rappelle d’une fois où la maitresse m’avait demandé si elle avait bien compris ce que mon fils lui avait dit à propos des hobbys des parents : « Mon papa il fait la musique sous la nuit ». Bon, donc là il faut dire calmement à la dame qu’on est Dj, souvent la nuit dans des clubs ou des hangars ou… des champs. « Ah oui les Raves ? » Tu penses que le lendemain tout le bled était au courant !

Voilà, depuis j’ai dû leur brancher une fois deux câbles à la fête des écoles c’est tout. J’habite dans un village de hippies, j’y suis bien les gens ne m’emmerdent pas. Quant à mes garçons : l’ainé est à fond de Maître Gims (arrgh !) et le petit est fasciné par les platines, moins par le son… Donc je n’ai pas de souci avec le fait que mes gamins passent ma musique pendant leur récré, ça n’arrive pas ! Par contre ils adorent mater la pochette du Abralcore 10, ça les fait marrer de voir les caricatures, mon petit de 4 ans sait déjà reconnaître « Radioume » héhéhé !

Après toutes ces années, si c’était à refaire, tu changerais quoi ? Précision : la réponse dite “Céline Dion”, c’est-à-dire quelque chose du genre “Je suis tellement heureux dans ma vie que je n’ai aucun regrets”, est interdite.

Arf… il y a bien quelques sets que je referais en mieux, des humiliations que j’aurais dû anticiper ou des soirées où je n’aurais jamais dû mettre les pieds, mais quand on débute on se prend parfois les pieds dans le tapis et toutes ces expériences, aussi désagréables soient-elles, m’ont forgé… Donc du coup, si je n’avais pas eu ces galères, en serais-je là aujourd’hui ? Des regrets j’en ai, mais des rêves encore plus… c’est ce qui me fait avancer. Faut se mettre des objectifs dans la vie, sinon on stagne.

Et donc, ta plus grande fierté musicale ?

Je suis fier de pas mal de choses dans mon parcours, mais cela reste assez personnel. Le fait de pouvoir produire de la musique et de la partager, c’est déjà bien, jouer avec ceux que je kiffais quand je dansais dans la fosse, participer à des festivals prestigieux et blindés, produire ou jouer en versus avec des artistes que j’apprécie… J’ai eu mon lot de satisfactions… Mais comme je suis quelqu’un d’assez perfectionniste, je ne peux que répondre que ma plus grande fierté musicale reste à venir…




Propos recueillis par DJ Speedloader

Source : Interview psyko

lapin · Administrateur

03-01-15 12:53:49

11-07-11 · 13 876

  81 

Très intéressante cette interview..

Sinon voir tout le monde bandé suite à l'annonce de Radium sa me fait bien délirer, on a pas attendu ses réédit pour réécouter tout sa tongue

Bref merci Nevrakse