En début de semaine, une réunion s'est déroulée à l'étang des Aulnes rassemblant mairie, Département, CEN Paca et riverains du site du Teknival de Saint-Martin-de-Crau (lire nos éditions des 13, 17 et18/08), pour évaluer les dommages subis par chacun. Une vingtaine de plaintes ont ensuite été déposées à la gendarmerie d'Arles. "Elles ne sont pas groupées car il y a des demandes de dédommagement. Mais on renforcera le caractère collectif de la démarche par d'autres moyens" assure Dominique Teixier, maire de Saint-Martin-de-Crau. "Le but n'est pas financier, c'est de nous organiser pour ne plus vivre ce genre de moments."
Ces plaintes concernent les dégradations et incivilités diverses subies par les riverains aux alentours du site. "Il y a eu des tensions, des moments de violence avec certains festivaliers, continue Dominique Teixier. Forcément, sur 25 000 personnes, il y en a toujours un petit nombre qui fait des bêtises." Plaintes aussi, évidemment, concernant la dégradation du site lui-même, classé Natura 2000 et appartenant en partie à la Réserve Naturelle des Coussouls de Crau. C'est le sens de la démarche du CEN Paca et de la Chambre d'agriculture des Bouches-du-Rhône, co-gestionnaires de la Réserve.
"Si l'État nous filait des terrains on n'en arriverait pas là, ça fait 20 ans qu'on demande ça. Il est temps de se rendre compte que la techno c'est une culture." Sans les remettre en cause, on cherche à relativiser ces dégradations chez les organisateurs.
Autogestion quasi totale
Le terme doit être manipulé prudemment : "Les vrais organisateurs avaient décidé de ne rien faire cette année, mais l'info a mal tourné, du coup un autre a décidé à la dernière minute de tout lancer, et il s'est désisté le vendredi matin" explique Magali*, qui a finalement dû endosser ce rôle avec d'autres personnes. Or, vendredi, des milliers de festivaliers étaient déjà arrivés dans le Midi, chargés de matériel. "On a choisi dans l'heure Saint-Martin-de-Crau. C'était pas terrible, mais c'est le seul endroit où on évitait le risque incendie."
Le Teknival s'est donc déroulé en autogestion quasi totale. "Au final, même des gens qui venaient juste assurer la musique se sont retrouvés à devoir gérer" explique un musicien. "Chaque musicien gérait sa petite teuf, confirme Magali. Le plus important ça a été d'avoir des associations comme Access et le Tipi, sans eux on n'aurait rien fait." Dans ces conditions, ces organisateurs de dernière minute sont plutôt satisfaits du bilan : "Ça ne s'est pas déroulé comme d'habitude, mais pour un gros événement comme ça, tout s'est globalement bien passé sur le site." Concernant les morts sur la route, les organisateurs estiment qu'ils ne peuvent être tenus responsables de ce qu'il se passe hors du Teknival.
Branle-bas de combat sur le coussoul de l'Opéra après la Rave
Quant à la gestion des déchets, sensible sujet de friction, elle pose question pour les festivaliers. "Le premier jour on a fait une réunion avec Access, qui est notre lien avec les institutions. Ils nous ont dit qu'ils demanderaient à la mairie la mise en place de bennes pour qu'on puisse nettoyer après le Tekos [Teknival, NDLR]. Moi, je ne les ai pas vues." Des bennes que les festivaliers comptaient initialement payer: "On a mis en place une donation pour les bennes, les assos, le propriétaire. Mais on a dû arrêter, pour les gens un Tekos c'est gratuit et ils ne voulaient pas payer. On n'a pas récolté beaucoup, mais ce sera reversé à des fins utiles."
Plusieurs festivaliers affirment aussi que, dès mardi matin, à 10 h, des policiers sont venus sur place pour les forcer à évacuer les lieux. "Certains n'étaient pas aptes à conduire !" s'indigne un musicien. "On a dû parlementer pour rester jusqu'à mercredi et avoir le temps au moins de faire des tas avec les ordures." Samedi, après que la mairie de Saint-Martin, ACCM et le CEN Paca eurent nettoyé le site, quelques teufeurs sont tout de même venus participer au ramassage des derniers déchets traînant sur place. "Ils étaient une dizaine, plutôt sympas" affirme Dominique Teixier.
* Le prénom a été changé.