Lundi 04 juin 2001 (10.00) - 4.000 jeunes se sont retrouvés dans les environs de Dreux, près de l'hippodrome de Flonville samedi soir pour participer à une rave. 500 à 600 véhicules, tous feux allumés sont arrivés sur le lieu de ralliement fixé par les organisateurs, puis se sont dirigés vers le lieu où se déroulait la rave. Les amateurs affluent. Trois à quatre mille au plus fort de la nuit. Les participants sont jeunes, rare sont les plus de 25 ans. leur look, cheveux rasés, capuches, vestes militaires et pantalons de treillis XXL pour la plupart.
Des revendeurs de produits illicites sont présents. Ils proposent leur produit à la criée. Médecin du Monde est également présente, l'Organisation Non Gouvernementale (O.N.G.) assure comme à chaque rave depuis 1997 l'infirmerie de la fête techno. Médecin du monde teste les produits achetés avant consommation, afin de 'limiter la casse'.
Quant aux forces de l'ordre, il n'y en a pas. Aucun policier, aucun gendarme. Avait-il reçu la consigne de ne pas se montrer pour calmer le vent de protestation à la suite du projet de gouvernement d'obliger à obtenir une autorisation pour que de telles manifestations puissent se tenir ?
L'heure de fin de la rave est souvent aussi imprévisible que son emplacement. Dimanche soir, 400 irréductibles continuaient à danser face au son, avec le sérieux espoir de prolonger la fête d'une nuit.
A Dreux, nuit tranquille dans la luzerne avec 2 000 teufeurs.
«Là, on ne sait pas encore. On est à la station-service.» Samedi 23 h, un teufeur des Yvelines essaie de se rancarder sur le lieu de la free party avec son portable. «3672* 11777888» : le numéro de l'infoline circule sur le minuscule tract (flyer) photocopié depuis la manif contre l'amendement Mariani, le député RPR qui veut encadrer les raves. «Prendre la N12 et attendre sur l'aire de repos de la Prairie. On va venir vous chercher», lâche la boîte vocale. Le scénario est immuable, mais samedi il y avait un message en plus : «On va respecter les lieux, on va faire gaffe à ce qu'on fait. On va montrer qui on est réellement et faire une bonne teuf.»
Sous haute surveillance médiatique, cette free party se veut sans bavures. Pour autant, elle n'est pas plus facile à trouver. «Au point où on en est, dès qu'on voit une camionnette de flics, on la suit», rigolent les bénévoles de Techno-plus (T +) qui tournent depuis deux heures. «Au christ, tu tournes à droite», indique finalement une bénévole de l'association. Le jeu de piste fait partie du plaisir. Un autre convoi s'accroche à deux camionnettes de Médecins du monde (MDM) qui s'arrêtent en rase campagne. «Pourquoi vous me suivez ? Je ne sais pas où je vais», assure son conducteur. Une centaine de voitures font demi-tour. En fait, le site, aux abords de l'hippodrome de Dreux, n'est pas loin. Mais pour MDM, il s'agit de garder une voie d'accès pour d'éventuels secours. «A partir du moment où ce n'est pas une manifestation déclarée et autorisée, on n'a pas le droit de bloquer un chemin pour vous faciliter la tâche», regrettent deux policiers dans leur voiture.
Platines presque invisibles. Une heure du matin. Par centaines les capuches et les parkas vert treillis foulent enfin la luzerne. Une petite fête comme il y en a tous les week-ends. Deux mille ravers face à trois stands de sound system montés sur les flancs de camions de location. Derrière les murs d'enceintes, les platines des DJ sont pratiquement invisibles. Pour cette «rave-témoin», tout le monde y met du sien. «Ramassez vos ordures. Ne pas confondre le champ du paysan avec le parking de la teuf», alerte un tract à l'entrée. Même le volume sonore en a pris un coup : «Là, il n'y a pas plus d'une dizaine de kilos (puissance sonore, ndlr), alors qu'un beau mur de son c'est 20. Vu le contexte, ils ont rabaissé le niveau», note Jérôme, un des nombreux organisateurs de free venu respirer l'ambiance. «Ces dernières années, la course au plus gros son nous a nui. Cela a drainé trop de monde et en a dérangé encore plus autour.»
Protoxyde d'azote. Comme beaucoup d'«historiques», Jérôme semble regretter l'appauvrissement créatif. Devant lui, trois lumières tournent comme des gyrophares et le «tchak boum, tchak boum» varie peu. Ces temps-ci, il y a souvent plus de volume dans les enceintes et de produits psychoactifs dans les neurones, pour moins de diversité musicale et d'effort de décoration. Seul le chill-out, la «tente de décompression» de T + et ses coussins, apporte un peu de couleur. Comme les ballons gonflés de protoxyde d'azote, un gaz qui procure, pour 10 francs, une euphorie brève et légère. Certains le tirent des capsules utilisées pour la crème Chantilly. Un autre revendeur, venu du «93», arrive avec une grande bouteille estampillée «protoxyde d'azote médical», «empruntée» à un hôpital. «Avec, j'en fais 1 200», assure-t-il. Soit 12 000 francs. D'autres affirment qu'il en tire plutôt 30 000, voire 50 000 francs.
Quatre heures du matin, la fête bat son plein. Il y a ceux qui sautillent devant les «sons». Et ceux qui déambulent d'un stand à l'autre, se réchauffent autour de feux de camp dans une ambiance castors-juniors envapés. Même avec la fatigue de l'aube, la convivialité prime. «Tu marches sur les pieds d'un mec en teuf, c'est pas grave. En boîte, tu te fais défoncer la gueule», explique Alex, jongleur et chauffeur routier. «Ici y a pas de classes sociales, on est tous des technoïdes.» L'important, dans cette «zone d'autonomie temporaire», comme la décrit un livre-culte du mouvement, c'est d'être «dedans», «tous ensemble». «Dans la rue, tous les jeunes sont cachés, tu ne les vois pas. Les gens les plus beaux sont ici», explique Gwen, 17 ans. Même la techno passe au second plan : «J'aime cette musique, mais c'est triste de l'écouter seul», dit Alex. Sur les bords de la fête, le ballet des mag-lite troue l'obscurité : avec ces petites lampes de poche, les revendeurs de «prods» éclairent leur marchandise : «Taz (ecstasy, ndlr), CC (coke) et speed (amphétamines)», lancent-ils à la cantonade.
Consuméristes avisés. «Si tu peux pécho (choper, ndlr) du bon matos, avec un ecsta, un speed à 4 heures du mat, et encore un ecsta, tu fais la fête pour 30 keus (300 francs)», raconte un affranchi. Contrairement à ce qui se passe aux abords d'une discothèque ou d'un concert, la vente ici s'affiche sans hypocrisie. «La scène free est l'un des seuls endroits où la consommation de drogue est visible. On peut donc intervenir pour faire de la réduction des risques. Mais cette action a pour effet pervers de focaliser sur ces usages et donc de diaboliser ces fêtes», remarque Valère Rogissart, responsable de la mission rave de MDM. En consuméristes avisés, les teufeurs font la queue devant les stands de MDM et de T + pour faire tester leur «prods». Cette nuit, ce sont des «smileys» bleus qui circulent le plus, des ecstasy imprimés d'un sourire. Scalpel en main, Djamila, la testeuse de Techno-plus, gratte quelques miettes du cachet et verse une goutte de réactif (acide sulfurique et formol). «Il a fumé et viré marron vite, il n'y a pas de dépôt : c'est quelque chose de la famille de l'ecstasy. Si t'as pas l'habitude, gobe la moitié et bois après», conseille-t-elle. «On va aller motiver le DJ», lui répond la casquette jaune.
Au matin, la hard tekno fait enfin place à une jungle plus chaleureuse. Le soleil se lève sur une teuf sans pépins... et sans détritus. Signe de temps plus responsables, ils sont partis dans la benne «kiloutou» des organisateurs.
Mardi 05 juin 2001. (7.00) - Les projets de loi visant à mieux contrôler les rassemblements spontanés n'ont pas empêché quelques 2 ou 3.000 jeunes de se donner rendez-vous à Flonville, dans le nord de Dreux, près de l'hippodrome, dans la nuit de samedi à dimanche, pour une rave-party qui pour certains s'est prolongée jusque dans l'après-midi grâce à des enceintes dissimulées sous du camouflage kaki.
Les forces de l'ordre ont effectué des rondes mais n'ont pas procédé à des contrôles. Les organisateurs avaient pris à témoin plusieurs chaînes de télévision conviées à la fête, et se sont efforcés de montrer leur bonne volonté en laissant un site le plus propre possible, alors qu'une autre rave à l'hippodrome, en 98, avait causé pas mal de dégâts. Aucun incident n'est à déplorer, même si on n'a pas consommé que des pains au chocolat...
Une autre rave est prévue le 30 juin, dans un lieu qui sera dévoilé au tout dernier moment.
Pourtant le chemin fut long. C'est de Vannes cette fois que nous partons, 2 heures de route pourrie et nous voila enfin au rdv, au l'eclerc de St brieuc. Première surprise, le parking est blindé, ainsi que celui du castorama, de la station service, du marchand de meuble, bref, tout le complexe est à vomir de bagnoles, de camtars, de chiens qui gueulent, et de joueurs de jumbe. Et ben mes cadets ça promet. Mais bien sur, qui dit surpeuplé dit bien souvent grosse galère lors du départ pour la teuf. Et là mes amis, je dois dire que j'ai pété les plombs. Bouts de convois qui se croisent, demi-tours, ok c'est la routine. Mais 3 heures de bouchons et de galère, c'était vraiment trop pour moi. Après avoir pété mon câble sur le bord d'un rond point, de façon explosive et idiote, j'essaie de retrouver mon calme, et nous décidons de suivre notre propre route, et pas celle des gueules qui passent devant tout le monde en disant ouais ouais suivez nous on connait le lieu, tout ça pour paumer tout le monde encore une fois.
C'est donc à 5h30 du matin que nous arrivons devant le mur. Belle bête, forcés de l'admettre. Bien équilibré, puissant...Mais alors le site...Très grand, plat, de l'herbe sur les cotés, des gros monticules de graviers qui nous démontraient une fois en haut l'ampleur de l’évènement. Déjà en venant, on se disait que quand même, y avait beaucoup de caisses. Mais alors là on était encore vraiment loin de la vérité...
93, 75, 22, 56, 85, 44, 29, 22, 14, 76...Nous zieutons les plaques, c'est effrayant ce monde. Mais le sentiment dominant à ce moment précis, ça reste l'énervement. 5h de route ça use, et bien sur pas de hardcore pour se détendre. Alors il est 7h et c'est l'heure de la sieste...
10h, debout. On rapatrie la caisse dans l'immense parking interne au site, sous le soleil jovial de cette matinée qui s'annonce chouchou. bien sur, on fait le plein de k7, de vynils ( et de bières ), dès fois que, et nous partons nous promener dans cette foire a tout des fêtards de l'ouest. Petits stands de ci de là, pour finir devant le son, toujours de la tek à 160, mais de très bonne qualité: raph de sound conspiracy, des lives d'oqp aussi, enfin du bon, même si nous on est pas a fond devant le mur, c'est très plaisant comme fond. Commence une longue journée pleine de rencontres très intéressantes, des gens très ouverts, très causants ( ça change ), tout ça baignant dans une convivialité hors normes...Petit feu de bois et guez, encore de nouveaux potes à 4 quatre pâtes cette fois...
4h. On se repose un peu de ce soleil accablant. toutoutatoutaaa bambam, tiens ça me rappelle quelque chose ça... bambambabababam...Bon allez on laisse pinpin dormir un peu, et on s'éclipse discrétos jusqu'au mur, pour le bon mix hardcore qui réveille. Pas d'épileptiques ou de gobble ici, nananan que du core bien froid bien métal ( hum que c'est bon ), avec du bon gti, du drop bass, enfin du bon bien oldschool, mix qui finira de défoncer les méninges vers 6h, bien speedcore bien mental, limite dur a supporter pour certain, mais alors moi je nageais un tel bonheur! Ça a continué en 'breakcore' bien chiadé, bien violent, mais même si c'était très bien fait le soleil a eu raison de moi, retour à l'ombre. Hardcore forever. C'était quand meme le plus gros débordement d'énergie au niveau dance floor à mon avis. Damned ça gueulait bien quand même. Merci.
Voilà départ pour nous vers 19h, 21h à la maison, et dodo.
Alors. Constat. et oui quand même il en faut un vu que la teuf était quand même un très beau pied à la future dictature française. Et bah chapeau oxyde. On pourrait dire que c'est dommage que les gens aient besoin de quelque chose de grave pour se serrer les coudes, mais moi je répondrai deux choses à cela: déjà, et même si c'est moche, c'est souvent comme ça que les gens se rendent compte des choses, quand le danger guète, et ce à tous les niveaux, dans tous les milieux. Et surtout, oui surtout, l'ambiance de ce weekend est je pense surtout due au superbe site, aéré, à l'organisation joviale et sans faille des oxydés, et au soleil. Je tiens le pari que mariani ou pas, ç'aurait été une teuf formidable...Merci.
