Depuis la rave-party, qui a rassemblé plus de 5.000 personnes dans un bois à quelques centaines de mètres de sa ferme, Véronique Grot est au bout du rouleau. Lorsqu'elle a entendu que le site a été totalement nettoyé, elle a souhaité réagir. Elle veut faire taire une rumeur selon laquelle elle aurait loué ses terres aux organisateurs. « Non seulement, je ne leur ai pas loué, mais je ne les avais pas non plus autorisés à y pénétrer ! », précise-t-elle.
Les déconvenues ont débuté dans la nuit de samedi à dimanche lorsque les premiers teufeurs sont arrivés. La place manquant pour garer leurs véhicules, ils ont commencé à entrer dans la cour de la ferme. Jean-François, son époux, a alors déposé des roundballers et le tracteur en travers de l'entrée. Durant toute la nuit, la famille a dû veiller pour surveiller le troupeau de vaches et empêcher les jeunes d'entrer dans la propriété. Véronique Grot relate : « Ça a été une très très longue nuit pour nous. On ne gérait plus, on était paniqués, on voyait des silhouettes arriver sans arrêt. Nous avons appelé la gendarmerie à 0 h 30 ». Les dégâts dans ses parcelles et le manque de soutien ressenti ont ensuite achevé de miner son moral. « Les seuls à nous avoir soutenus sont l'adjoint au maire présent sur place et les deux syndicats agricoles (FDSEA et JA) qui ont contacté le préfet, mardi midi, pour demander l'enlèvement immédiat des véhicules encore garés sur la route communale aux abords de la ferme et pour solliciter le sous-préfet, relate-t-elle. Ce dernier est venu faire un état des lieux, jeudi après-midi. Il a pu constater à quel point l'exploitation était proche du site », témoigne-t-elle.
Ses parcelles ont subi de nombreux dégâts. L'une, en bordure de la route départementale entre Louargat et Bégard, a servi de parking. Un camion, resté embourbé, a été débarrassé jeudi après-midi, par les services communaux, à la suite de l'intervention du sous-préfet. Une autre pâture, au bord de la route qui menait au site, a été piétinée sur une largeur d'environ 20 m. D'autres encore ont été souillées en bordure par du papier toilette. Désemparée par l'ampleur du travail et des démarches à venir, elle sait d'ores et déjà qu'il y aura 4 ha de pâtures à ressemer, alors qu'elle est censée ne pas y toucher pendant une période de cinq ans, à la suite de la signature des mesures agro-environnementales (MAE). Les déchets sont nombreux. Des sacs poubelles déposés à l'entrée de sa propriété, sont à ce jour, toujours sur place. Papier toilette, lingettes, bouteilles, capsules de bière... jonchent le bord des talus et certaines parcelles, sur des centaines de mètres. Le sous-préfet a décidé de missionner une entreprise spécialisée dans le nettoyage.
Une plainte déposée
Mardi soir, elle a déposé plainte pour trouble à la tranquillité, dégradation et détérioration de biens commis en réunion. Les agriculteurs ont vécu une nuit d'enfer, ils sont moralement éprouvés, mais malgré tout, Véronique Grot souligne : « Nous avons beaucoup dialogué avec les jeunes jusqu'à mardi après-midi, ils ont compris ma détresse. Ils nous ont même dit qu'on était sympas. Mais j'en veux aux organisateurs de la rave-party qui ne se rendent pas compte de l'impact financier sur mon exploitation et sur mon moral ». Ophélie, sa fille, a posté un billet d'humeur sur sa page Facebook. Les soutiens arrivent, ce qui met du baume au coeur de la famille après cette longue semaine de combat.