Bonjour, Invité · Connexion · Inscription
Pages : 1

lapin · Administrateur

09-12-16 18:34:00

11-07-11 · 13 872

  81 

End Time, free party 1998-2001 par Eléonore
07217c990292.jpg


Reprise d'un texte et des photos de Eléonore Obis offrant des points de vues magnifiques et inédits sur des évènements passés, Teknival de Perpignan en 98  , Heretik TNT en 99, Nawak & Acephal en 2001 Florac également la même année et bien d'autres...




Je n’appartiens pas au mondes des teknivals, je n’ai jamais suivi Livia ni certains autres de mes amis dans leurs voyages. Il serait donc réducteur de ne voir en ces photos qu’un simple témoignage sur le monde des teknivals.
Ces images, qui me sont étrangères, évoquent néanmoins un sentiment de familiarité, une impression partagée par de nombreuses personnes qui ont déjà eu ces images entre les mains. Il s’agit certes d’un univers à part, avec des personnages qui ont leurs codes, leurs costumes, leurs perruques parfois, d’un univers composé de décors, grandes étendues au milieu de nulle part, hangars désaffectés, souvent recouverts de tags, qui apparaissent comme un langage crypté et à jamais indéchiffrable. Mais le cadre reste finalement le même d’un lieu à l’autre, comme s’il s’agissait d’une pièce de théâtre, d’un univers qui devient, au fur et à mesure qu’on le découvre, très proche de nous. On aperçoit des acteurs et des spectateurs, des personnages passifs ou actifs, opposition très nuancée par l’œil de la photographe. La photo où un siège vide semble s’offrir à nous comme une invitation, apparaît comme un spectacle auquel nous sommes conviés, en compagnie de deux autres personnages. On se retrouve au cœur de l’action, parmi ceux qui dansent et jouent, parmi les acteurs mais aussi dans les coulisses, comme le montre cette images prise derrière le mur d’enceintes et de façon encore plus théâtrale, lorsque nous nous trouvons derrière «le rideau de la scène ». Ce spectacle ritualisé de l’errance permanente nous est connu, il ne peut s’agir que du nôtre, il ne peut s’agir que de la vie même.

b9028f225106.th.jpg08327fd7d60a.th.jpgbcbaa16b55f8.th.jpg4359108c27e8.th.jpg227a27296647.th.jpg2579f0186293.th.jpg2905491646a1.th.jpg616b51515d9d.th.jpg
Teknival Groningen août 1998 & Teknival de Caen mai 99


Les photos nous transportent du nord au sud de la France, de l’Italie à la Hollande. Le plus frappant, au premier abord, c’est l’anonymat des lieux choisis, le décor s’adaptant sans cesse au lieu investi. Les tags, les déchets et les débris qui jonchent le sol, les enceintes et les camions peuplent les photos avec le même degré d’importance que les personnages eux-mêmes. Ce qui change, c’est la façon dont l’espace est structuré selon les ombres ou les axes procurés par l’environnement d’un lieu particulier. Cet anonymat me semble être la garantie d’un sentiment voulu de liberté, car c‘est cette dernière qui dicte l’investissement des lieux, et le départ pour d’autres horizons. Le déplacement et le mouvement, l’errance des camions d’un lieu à l’autre, nous laissent sans réponse quant à la prochaine destination, y a-t-il seulement une autre destination possible ? L’installation précaire et sommaire des voyageurs laisse planer un doute quant à la suite des événements. Une des photos les plus révélatrices de cette tension est celle de la voiture-épave, qui apparaît dans un lieu intermédiaire, entre ciel et terre, entre la montagne et la mer, et qui s’est échouée là pour une durée incertaine, en attendant peut-être de repartir pour un nouveau voyage. L’indétermination fait partie intégrante de ce monde coupé du monde, ou qui se voudrait, pour quelques instants seulement, isolé du reste de la planète.

Malgré l’importance que prend la nature de cette tentative d’échappée, peut-être du monde de la ville, ou du monde en tant qu’il est symbolisé par la ville, le paysage demeure largement urbain. Il reste soit des éoliennes au premier plan d’un paysage d’eau et de ciel, soit une cheminée d’usine à l’horizon pour nous rappeler que la ville et ses activités ne sont jamais bien loin, et que l’échappée ne peut être que temporaire. Les lieux investis sont faits de béton, de poutre d’acier, de taule, de tuyaux. Ils apparaissent comme un refuge, comme les derniers signes d’un monde urbain qui reste néanmoins plus rassurant que la nature elle-même, qui s’étend, incontrôlable, à perte de vue. Ainsi le teknival de Hollande semble se dérouler sous les bons auspices des éoliennes, comme si celles-ci garantissaient une protection, une forme de rempart face à l’étendue d’eau. La nature est là pour être traversée, il s’agit d’une distance qui doit être couverte ; elle est en quelque sorte une forme de contraste nécessaire mais toujours effrayant. La nature, c’est le vide, l’inconnu, qui donne l’impulsion du mouvement, mais qui signe aussi son arrêt : il en est ainsi de cette fille face à la mer, qui semble dangereusement proche d’une eau apparemment calme, mais qui pourrait aisément l’engloutir.

ae3fb7ae7c14.th.jpg272efb32b150.th.jpga13101719dc2.th.jpgbab4bead29ca.th.jpg3dd748f3a48c.th.jpg48cedd840324.th.jpg00c556f824c2.th.jpg6cf2c3f6267a.th.jpg


Le monde décrit par Livia est aussi un monde post-apocalyptique, post-catastrophique. Par ces deux qualificatifs, j’entends l’idée d’un monde où il ne reste rien, où tout a été détruit par une catastrophe d’une ampleur phénoménale, où les survivants, des hommes et leurs chiens, errent d’un lieu à l’autre en quête de son et, plus vraisemblablement, en quête de sens, au milieu des restes de la civilisation. La catastrophe, on peut la lire dans les affrontements de Fontainebleau, seules photos qui dénoncent le conflit avec l’extérieur et l’univers du livre, seules images qui révèlent le malaise, la violence, l’impossible, cohabitation des deux mondes. On sent l’intrusion, l’envahissement de forces étrangères, qui se tiennent debout et bien rangées, face à cette figure, on presque dire cette silhouette, qui semble ne plus savoir s’il faut tomber ou tenir debout, rester ou partir. Elle reste figée dans cette posture impossible, et semble basculer au fur et à mesure qu’on la scrute. La catastrophe, finalement, c’est probablement la crise qui fait que tout un monde doit se créer en marge pour pouvoir continuer a exister selon ses propres règles. La symétrie imposée de certaines images, en particulier celles du teknival de Caen, révèle l’absurdité du monde dans lequel les personnages se trouvent : un monde où haut et bas se confondent, un monde où les échelles et les escalier semblent ne mener nulle part, et surtout un monde où il faut rester debout dans le groupe pour exister, et où une fois seul, on se confond avec le paysage, jusqu’à parfois prendre l’apparence d’une épave. Les personnages seuls, allongés ou assis, semblent être condamnés à rester là, immobiles, au milieu des débris. La première photographie est en ce sens révélatrices : les deux figures que l’on distingue à peine dans le chaos semblent ne pas exister. Elles font partie du décor et ne sont présentes qu’en tant que rebut. Dans la masse des corps, l’individu est condamné au mouvement. Quelques photos nous laissent entrevoir, brièvement, qu’il existe toujours des liens forts entre les individus et des moments de partage privilégiés. C’est alors que le sourire apparaît sur les visages. Au sein de ce monde absurde, on ne peut s’empêcher d’évoquer les paradis artificiels ; la perte des repères est le reflet d’une vision du monde difforme, distordue, inversée, où des cheveux deviennent par exemple une incroyable perruque monstrueuse. C’est peut-être pourquoi la symétrie prend ici une importance démesurée, où les axes parallèles ou perpendiculaires se présentent comme les seuls points de rattachement à un univers qui tient encore debout, malgré les apparences de fin des temps.

188b49746561.th.jpg4c235c223fe0.th.jpge82ee34f8ced.th.jpg313939a81f6c.th.jpg5c5f7b2d5883.th.jpg446efb41b89b.th.jpg3902afe1aa8b.th.jpg86dfbfb25143.th.jpg


Cette impression de post-catastrophe s’accompagne d’une forme de flou temporel comme si toute notion du temps devenait insaisissable : le temps, le rythme de la musique semblent être les seuls repères temporels. Les cieux eux même ne nous renseignent que rarement sur le moment de la journée, par le choix du noir et blanc, ils sont dans certains cas menaçants ou alors totalement neutres, blancs, on pourrait presque dire muets. Les corps allongés, endormis, ne suivent que leur propre rythme : on dort le jour, on vit la nuit, et la distinction entre les deux reste brouillée par la fumée ou le brouillard… La cohérence du livre semble indiquer que ce monde post-apocalyptique est lui-même un monde en danger de disparition, un monde fragile et éphémère qui est arrivé au bout du voyage. A la fin, il ne reste qu’un espace vide, avec une cheminée à l’horizon, hanté seulement par un chien fidèle qui rejoint son maître, déjà hors du cadre de l’image. Vers un monde nouveau ?

85de0274c055.th.jpgb3f51aa6ae1a.th.jpg0af065f69f3d.th.jpge0c4aba9ef65.th.jpgf6741972404c.th.jpg2e2e90ee5ab2.th.jpg8bee481f7a40.th.jpge800e72c8aae.th.jpgf5fa843a3067.th.jpg




Par Eléonore Obis sur http://cargocollective.com

Panoramix Ledruide · Bass Addict

09-12-16 18:57:56

03-08-16 · 308

  

très sympa, merci lapin.... souvenirs, souvenirs de la meilleure période tawa de ma vie... de 1996 à 1999/2000, voodooz, thc, fxz, dprav, patetik, fraggle tek, intru-mental, henoka, bordelik armada, gravos, tnt, nkt, et bien d'autres..... quasi toutes posés secteur sud ouest (toulouz et alentour), car c'était le secteur le plus hardcore voir speedcore... un speedcore qui est très rare aujourd'hui voir quasi inexistant.... des free qui ce méritaient, un week end ou ils n'y avait aucune teuf et ou on a défoncé la clôture d'une boite en plein toulouz parce que le videur refusait de nous laissez entrer ( remember: un gars monte sur une voiture et gueule: on est 200, ils sont 4, qu'est ce que vous voulez qu'ils fassent^^ aaaaallllezzz!!!! ^^) et pleins de pitit bonbon vraiment très (trop) sucrés^^ arf, ça me rajeuni pas tout ça^^

Prototype personnel de Dieu, mutant à l'énergie dense jamais conçu pour la production en série. Il était le dernier d'une espèce : trop bizarre pour vivre mais trop rare pour mourir.......

Latignass · Bass Addict

09-12-16 19:16:17

12-09-12 · 315

  

j'aime beaucoup, les photos sont magnifiques.

Salut c'est Jean kevin j'ai 14 ans et demi et jkiff les teufs lol
[ Mixcloud ]    [ Soundcloud ]    [ Facebook ]

Exofog · Bass Addict

09-12-16 23:05:02

31-01-16 · 352

Le texte comme les photos sont bien.
Chapeau ya une ambiance en plus des endroits où j'étais. Toute une époque  98/2002  (j'ai pas connu avant )et puis les premières fois c'est les premières fois !!
Merci !!

Quand on naît con...
On est con ...