Fin du sound system Synopthik suite à l'accumulation d'amendes.

C'est par l'intermédiaire d'un post Facebook lundi, que la nouvelle est tombée. Le sound system annécien Synopthik qui animé la région de Haute-Savoie avec de nombreuses Free-Party, ainsi que des soirées plus légales dont la dernière remontait à la fin février, jette l'éponge.

Cette décision intervient après le résultat d'un jugement pour une soirée sans autorisation, organisée le 13 septembre 2014 dans le col du Clergeon en compagnie des Holysound. A cette occasion pas moins de 1000 personnes avaient participé à la soirée, et alors que la fête s'était plutôt bien déroulée, celle-ci avait récolter un article ravageur du Dauphiné Libéré pointant près de 2000€ de préjudice pour le propriétaire des lieux et fustigeant l'état du site laissé par les raveurs...

Il faudra alors attendre un second article du Dauphiné Libéré quelques jours plus tard pour rétablir un peu la vérité et l'équité dans le traitement de l'information en donnant la parole aux organisateurs (qui s'étaient eux-mêmes rendus au journal pour faire entendre leur voix) . Malgré tout aucune information ne fait alors part de poursuites quelconques envers le collectif qui semble alors être passé entre les gouttes grâce à la présence de moins de 500 personnes lors de l'arrivée de la gendarmerie. Pour autant des poursuites judiciaires semblent bien avoir eu lieu au vu de la lourde amende à laquelle les organisateurs viennent d'être condamnée, notamment pour complicité de dégradation de bien d’autrui.

En effet le sound system vient donc d'annoncer la fin de leur collectif suite à une décision de justice venant de tomber, les condamnant à une amende de 9000€ dont 5000€ avec sursis pour cette soirée au col du Clergeon. 4000€ à régler dans l'immédiat donc et 5000€ supplémentaires à s'acquitter en cas de nouvelle organisation de soirée sans autorisation. Ces énormes sommes viennent donc achever financièrement la motivation qui unissait jusqu’alors le collectif, qui est pourtant coutumier des prises de risque et des situations rocambolesques. On pourrais ainsi citer l'annulation d'une de leur soirée légale quelques jours seulement avant l'évènement pour risque de troubles à l'ordre public en mars 2015 à Anguine ayant entrainé de lourdes pertes pour eux, ou encore leur participation active à l'organisation du Teknival du 15 aout 2015 dans le Semnoz en réaction à la politique abusive du gouvernement sur le dossier des Free-Party.

Malgré cela, la perspective certaine de voir s'ajouter 5000€ d'amendes lors de l'organisation d'une future soirée, et alors que les Synopthik revendiquent déjà près de 9000 € de frais en pertes et amendes depuis leurs débuts sur la scène Free-Party, rend donc suicidaire toute décision de continuer à sortir les caissons en illégal. Pour toutes ces raisons, les Synopthik ont donc annoncé la fin de l'organisation de soirées sans autorisation par leur collectif et par là même la fin du sound system. Après les saisies, les intimidations, c'est par la voie financière que certains des acteurs de ce mouvement sont aujourd'hui pourchassés. A l'instar de certains membres des insoumis devant faire face à des montants d'amendes indécents suite à l'organisation de soirées, ou aux Marmotek ayant vu un jugement confirmé la saisie définitive de leur matériel il y a quelques jours, il semblerait que la disproportion des peines prononcées soit devenue une arme du combat de l’État contre les Free-Party. La gratuité de la plupart des évènements proposé par les Synoptik comme par l'immense majorité des collectifs chaque week-end pour leur Free-Party, ne permet pas de faire face facilement à de telles dépenses, et cela est d'autant plus périlleux lorsque l'on sait pertinemment à l'avance qu'une teuf risque de coûter 5000€ si vous vous faites chopper.

Certains appellent déjà les Synopthik à mettre en place une cagnotte via un site de financement participatif, afin de faire face aux amendes déjà réglées, et à celle qui s'annonce inévitablement. Si cette initiative peut bien sûr être tout à fait justifiée et compréhensible, il y a fort à parier qu'il sera toutefois extrêmement difficile pour le collectif d'atteindre un objectif aussi élevé que 9000 €. Et cela sans compter la multiplication des projets de financements participatifs dans la sphère techno, tantôt pour des projets de toilettes musicaux, tantôt pour le fond de soutien juridique aux sound system avec eux aussi des objectifs élevés. Quand on connaît la difficulté qu’éprouvent un grand nombre de participants arrivés à la donation pour filer quelques euros, ainsi que la jeunesse d'une partie grandissante du public encore non professionnalisé, parier sur la générosité des acteurs du mouvement peut vite atteindre ses limites.

Le crew se retrouve donc dans une situation compliquée, et bien qu'ils aient annoncé la fin de leur collectif, peut-être que des benefits, campagnes de crowdfunding ou des projets de financements durables verront néanmoins le jour afin de tenter un dernier baroude d'honneur avant de quitter l'organisation de soirées illégale. C'est en tout cas un nouveau signal d'alarme pour tous les amoureux de la Free-Party sur le combat sans pitié que livre l’État aux organisateurs de soirées sans autorisation. Espérons en tout cas que les Synopthik puissent vite retrouver le soutient dont ils ont besoin, ainsi que l'énergie nécessaire pour rebondir, c'est en tout cas tout ce que nous leur souhaitons.