Malgré les températures frisquettes de la nuit, la première des deux soirées du multisons finistérien a fait danser environ 8.000 teufeurs, sans incident majeur, vendredi, au Cloître-Saint-Thégonnec (29). Beaucoup de jeunes, bien sûr. Mais aussi quelques autres avec davantage de bouteille. Et un profil parfois plus surprenant. Comme cette Costarmoricaine, la trentaine, de la région de Paimpol. « Appelez-moi Jay (prononcez Djaille), c'est mon pseudo », sourit celle qui préfère conserver l'anonymat. En précisant être maman de deux enfants de trois et sept ans. Et exercer la profession de commerciale dans la vie de tous les jours.
Avec les « Malfêteurs »
La techno, voilà ce qui la branche, elle qui est tombée dedans à l'âge de 15 ans, lors de sa première teuf. « On était entre amis. On a entendu du bruit, on s'est approché. C'était sympa et ouvert », raconte la jeune mère de famille. A lire aussi Des teufeurs par milliers Depuis, la techno occupe une bonne partie de son temps libre au sein de l'association des Malfêteurs, qui balade son mur d'enceintes sur toute la Bretagne. « On est quinze membres, avec quasiment tous des enfants et un boulot », explique-t-elle, la tête sur les épaules, en réfutant le terme de « bon à rien » qui colle souvent aux habitués des rave-parties. « On est stigmatisés. Pourtant, il n'y a pas que des sauvages et des drogués. Et autour des boîtes de nuit, il y a autant d'alcool et de stupéfiants », s'agace la Costarmoricaine, qui reconnaît tout de même certaines dérives : « Aujourd'hui, je ne bois plus dans n'importe quelle bouteille. Je n'ai plus totalement confiance ».
« Avant, c'était bal et accordéon »
« La population qui fréquente les fêtes techno a beaucoup rajeuni. Je me sens vieille parfois », confie également la trentenaire, en évoquant l'évolution des free-parties, qui ne sont plus aussi libres qu'avant. « C'est regrettable, on aimerait être moins confiné. Mais on est obligé de l'accepter ». Pour autant, selon elle, l'esprit festif demeure. « Comme à chaque multisons, l'ambiance est bonne, il y a des sourires et les gens du coin viennent sur le site ». Comme à Senven-Lehart, l'an passé, où la doyenne du village était passée boire un café. Hier, c'est un homme de 84 ans, de la commune voisine de Botsorhel, qui est venu voir à quoi ressemble un multisons. « Parce qu'à notre époque à nous, c'était bal et accordéon ». Les temps ont bien changé...