La dernière s'est tenue il y a 10 jours, dans une clairière de forêt domaniale, près de Loudéac, sans autorisation du propriétaire. Selon la gendarmerie, près de 600 teufeurs étaient réunis à l'appel d'un collectif du sud de la France - davantage, donc, que le seuil de 500, imposant une déclaration en préfecture. À chaque fois, pour la maréchaussée, c'est le même numéro : d'abord « submergée d'appels » nocturnes de riverains se plaignant des nuisances sonores, elle dépêche des militaires sur place. Non pas pour faire décamper tout le monde, mais pour identifier les organisateurs et contrôler l'alcool ou les stupéfiants au volant à la sortie. « Il y en a qu'on ne peut laisser partir comme ça sur les routes », explique le commandant du groupement de gendarmerie des Côtes-d'Armor.
« Un vrai phénomène »
Le colonel Leclercq dresse le bilan : 21 rave-parties sur le département depuis le début de l'année, « presque une par week-end » (29 en 2014, dont aucune n'avait fait l'objet d'une déclaration en préfecture). « C'est un vrai phénomène et une vraie préoccupation, car c'est fortement mobilisateur pour nos militaires. Ce n'est pas un procès fait à ce mouvement musical : on accompagne les fêtes déclarées de plus de 500 personnes. Ce fut le cas, à Trélivan, près de Dinan, il y a deux ans, avec près de 6.000 personnes, et cela s'était bien passé. Mais le mouvement technoïde s'inscrit dans un certain refus de la réglementation... La loi n'interdit pas les raves, mais il faut les déclarer », rappelle le militaire.
Un organisateur de 22 ans en garde à vue
Le 25 juillet, la gendarmerie est passée à l'action vis-à-vis d'un organisateur de ce genre de soirées : un homme de 22 ans, habitant Corseul, interpellé sur son lieu de travail et placé en garde à vue. Le jeune homme, avec son collectif « 1krevable », qui compte plus de 4.000 fans sur Facebook, était dans le collimateur depuis un moment. Dans la nuit du 16 au 17 mai, il organise une « teuf » qui rassemble environ 450 personnes à Plédéliac. À la suite de plaintes pour « agressions sonores », il est convoqué devant le délégué du procureur de Saint-Malo, le 16 juillet. Entre-temps, dans la nuit du 26 au 27 juin dernier, il remet ça au lieu-dit Rochereuil, à Sévignac, près de Broons, et les plaintes viennent s'ajouter à sa première convocation. Celle-ci arrive, il y reçoit une peine d'amende. Mais le surlendemain, dans la nuit du 18 au 19 juillet, une nouvelle rave a lieu à Yvignac-la-Tour, avec 400 personnes. « Pour cette fête, il a fait passer un ami à lui pour l'organisateur, un garçon de 21 ans habitant Saint-Michel-de-Plélan, que nous avons interpellé le 25 juillet. Cette fête a vu des terres agricoles dégradées, des éoliennes taguées et douze nouvelles plaintes pour agressions sonores », détaille le colonel Leclercq.
Le matériel saisi en attendant le tribunal en novembre
L'organisateur et son compère sont convoqués le 3 novembre devant le tribunal correctionnel de Saint-Malo pour les nuisances sonores et les dégradations. Leur matériel (mur de son, platines, etc.) a été saisi et le tribunal statuera sur son sort à l'audience. Par ailleurs, une enquête a été ouverte pour « travail dissimulé », les gendarmes ayant remarqué qu'un droit d'entrée de 2 € était demandé aux teufeurs. Mais cette enquête est encore « au stade embryonnaire », indique le parquet de Saint-Malo. Chiffres équivalents dans les départements voisins Dans le Finistère, depuis le 1e r janvier, on dénombre déjà 22 rassemblements représentant 10.500 participants, dont un d'environ 5.000 personnes, à Botmeur, les 20 et 21 juin derniers. Le Morbihan ne constate pas d'augmentation notable du phénomène. La gendarmerie comptabilise également une vingtaine de rave-parties depuis le début de l'année, notamment en avril, mai et juin. Il s'agit, le plus souvent, de petits rassemblements de 100 à 300 personnes, organisés sur des terrains privés, sous couvert de fêtes d'anniversaires.