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lapin · Administrateur

29-02-12 08:26:27

11-07-11 · 13 872

  81 

Coda Magazine : Dossier Spiral Tribe



article391.th.jpgarticle392.th.jpgarticle393.th.jpgarticle394.th.jpg

WaWaN · Ti Punch

29-02-12 17:10:54

07-02-12 · 1 712

  27 

j'voulais le mettre, t'as été plus rapide ^^

J'ai vu des gens qui me disaient :"continues a faire le con, cest bon d'etre con, cest bon d'etre con..."
Et des fois j'entendais, cest con d'etre bon...

Nevrakse · Moderateur

29-02-12 18:27:31

16-10-11 · 4 285

  28 

bien ce truc smile

kyle · Bass Explorer

29-02-12 20:28:19

02-01-12 · 21

  

Il date de quand cet article?

lapin · Administrateur

01-03-12 15:10:41

11-07-11 · 13 872

  81 

wawan
j'voulais le mettre, t'as été plus rapide ^^




Une autre fois ptet tongue
kyle
Il date de quand cet article?


Pas trouvé de date ... Mais c'est pas tout jeune du tout

yoî · Sound System

01-03-12 16:56:04

17-11-11 · 237

  

ca ressemble a un article Ariel Wizman de 92

http://343z.free.fr/Travellers.htm

Dernière modification par yoî (01-03-12 17:00:29)

la vitesse de la lumière est supèrieure a celle du son,
c'est pour ca que tant de gens parraissent brillants avant d'avoir l'air con!!!!
ko37_m10.gif

lapin · Administrateur

04-03-12 19:02:23

11-07-11 · 13 872

  81 

Ouai exactement pas mal d'ailleurs cet article !!

Abalam · Bass Addict

06-06-12 14:11:19

29-04-12 · 359

  

Road Trip : EXPERIENCE 23



Par J.G.Ballard
"Si l'Europe devient un parc d'attraction , il lui faudra bien ses indiens"

Plan


I- Introduction


Objet de la recherche

Problématique

Présentation terrain et méthodologie

L'outil ethnologique



II- Historique


Angleterre : vers un bouleversement des années 90

Spiral Tribe : entre l'envie de faire la fête et le moyen d'y parvenir

Techno travelling : un premier pas forcé sur la route

Network 23 : toile internationale



III- Spiral Tribe


Le groupe sur la route

Spiral Tribe ou "les forains" de la musique techno

Concept de carrière dans le groupe

Du hardcore au renouveau perfide



IV- Mythe 23


Diffusion du mythe

23 : amalgame entre mythique et mystique

A qui s'adresse le mythe



V- Conclusion







1 – Présentation de l’objet de ma recherche


            L’objet de ma recherche se concentre sur le groupe ou plutôt sur ce qu’on appelait le sound system Spiral Tribe . J’ai pu remarquer tout au long de ma recherche que ce groupe de personnes est au centre d’un processus qui génère, anime, conditionne, parfois trahis une partie de l’espace et du monde festif qui entoure le terme musique techno. Il est donc intéressant de se pencher sur le cas de la Spiral Tribe et de ses membres.

Je souhaite tenter de présenter l’univers qui se construit autour du techno travelling et analyser le rapport étroit qu’il entretient avec le groupe de la Spiral Tribe. Cette approche me paraît un bon moyen (parmi tant d’autres) pour débuter une analyse de l’ensemble du phénomène que génère la free party.

Je base cette recherche sur un des faits que j’ai pu constater sur le terrain et dans les œuvres consacrées sur le sujet : le techno travelling est une des dalles fondatrices sur lesquelles reposent le monde de la free party. Pourtant, même si ce mode de vie est cité dans la plupart des recherches, celles-ci ne font que le survoler. Il me semble donc logique de consacrer ne serait-ce qu’un mémoire de maîtrise sur le sujet.





II- Historique

1 – Angleterre : vers un bouleversement des années 90

« La house arrive et la séduction commence… »

Les premiers morceaux house américains font leur apparition vers 86 dans une Angleterre fleurissante, mais une Angleterre partagée entre la désindustrialisation des Midlands et le développement de la région londonienne. C'est dans un Manchester bouillonnant que cette musique rencontre pour la première fois le gouvernement Thatcher : gouvernement qui accentue le contraste entre un Sud qui vote conservateur et dont les industries sont actives et modernes, et le Nord qui vote travailliste à des taux de chômage très élevés et dont les inner cities sont dans un état de délabrement inquiétant. (Mendras. 1994. p.437). De ville en ville, de quartier en quartier, cette musique séduit, répulse, attire ou rejette des segments sociaux entiers et des individus aux mœurs extraordinairement différentes. Parmi ceux-ci, la jeunesse anglaise, qui est mise à l'épreuve, déchirée entre un besoin de faire la fête, une nécessité de travailler et une politique répressive. Des jeunes qui quittent relativement tôt le foyer familial, et vivent de petits boulots alternés avec des périodes de chômage. (Mendras, 1994, p.440). L'entité technoïde érige alors une jeunesse à des pratiques hédonistes renouvelées. Car il est vrai que l'Angleterre a connu nombre de pratiques festives tout au long de son histoire, dont la part d'hédonisme reste pour le moins importante. Faire la fête remplit une fonction essentielle chez les hommes : elle permet de mieux supporter l'ordre social (Fontana/Fontaine, 1996, p.72).

C'est donc dans «  une société occidentale désenchantée  » (pour reprendre les mots d'Astrid Fontaine et de Caroline Fontana) que l'alchimie techno/jeunesse intervient. La house music n'a aucune peine à engranger cette jeunesse lassée de certaines pratiques festives musicales qui nous présentent un spectacle que l'on consomme, un spectacle qui limite les intervalles de rêves, de liberté et de folies. (Fontaine/Fontana, 1996, p.72). Cette idée nous présente bien le cadre dans lequel les pratiques festives anglaises de l'époque s'insurgent. Et c'est sur les traces d'une musique punk à l'inspiration essoufflée, cantonnée à des concerts de salle que la house music va se donner la chance de révolutionner l'espace festif anglais.

New age travellers

Le mot « traveller » anglais signifie le voyageur. Il est aussi un des noms que l'on donne aux voyageurs techno chez les ravers français. Quand on parle de traveller en Angleterre, il n'a pas la même connotation qu'en France ; car une chose est bien sûr : le mode de vie traveller existait bien avant les débuts de la house en Grande-Bretagne …

Les travellers ont emprunté la porte déjà ouverte par la culture hippie. Durant les dernières années 70 et le début des années 80, nombre d'individus venant de la constellation centrale ont décidé de vivre une vie itinérante dans des bus ou des caravanes. Cette constellation centrale se caractérise par une mobilité sociale très intense, très différente de ce qu'elle était autrefois entre les classes. Etant beaucoup plus nombreux, les individus en mobilité (ascendante ou descendante) ne sont plus des exceptions, mais au contraire apparaissent comme normaux dans la vie sociale. Ces individus se veulent « populaires » dans leur idéologie, et visent à une hégémonie sur le peuple. Les premiers échos sur l'existence du mode de vie new age traveller se sont diffusés lors du «  peace convoy  » (convoi pour la paix) en 1982, quand un groupe de travellers décide de conduire leur propre véhicule à la manifestation contre l'usage de l'énergie nucléaire, sur la base militaire de Greenham Common. Les premiers travellers n'étaient pas des réfugiés économiques, du moins au début, mais plutôt des individus qui rejetaient la vie en ville, la société de consommation et le matérialisme.

Rave parties

A fortiori, la rave party semble déposer les premiers galons d'une révolution de l'espace employé aux pratiques musicales. Mais en réalité, elle ne fait qu'accentuer la trame fondatrice des festivals, à savoir sortir la musique des espaces réservés par la société à celle-ci, ou jusqu'alors elle s'était cantonnée. La rave n'a fait que reprendre ce concept en l'interprétant à sa manière, tout en y rajoutant quelques touches personnelles tendant vers des décors plutôt apocalyptiques (entrepôts désaffectés) aux goûts bien particuliers de ses organisateurs, un mariage entre les innovations techniques et les nouvelles expérimentations chimiques, un mix entre rythme gay de Detroit et Chicago et rythme européen de Kraftwerk. Cela suffit pourtant à redonner un souffle nouveau aux pratiques festives de ce genre.

Les premières raves parties à grande échelle hors des entrepôts furent organisées par Orbital, et ont suscité de vives représailles de la part du gouvernement Thatcher, qui à cette époque déclarait une guerre sans merci à ce type de manifestation. Mais, contre toute attente, la réaction engendrée, ne fut pas celle attendue par les autorités : l'attaque franche effectuée sur le monde techno n'a fait que rendre le nombre de participants encore plus grand, et forcer les différents sound systems à se connecter entre eux.


2 – Spiral Tribe  : entre l'envie de faire la fête et le moyen d'y parvenir

Pour bien comprendre qui sont les Spiral Tribe , et le rôle qu'ils ont joué dans l'histoire sociale de la techno outre-Manche, il faut d'abord les replacer dans le contexte de l'Angleterre des années 90. Comme nous l'avons vu précédemment, l' acid house et le renouveau de l'instant festif qui s'opère autour d'elle suscitent de vives réactions de la part des autorités. Un gouvernement qui ne saisit le mouvement acid house que par l'axe des risques qu'il est susceptible de causer à la nation. Il ne considère que deux catégories d'entités distinctes : les ravers et les travellers. Pourtant, comme tout mouvement, celui-ci est plus complexe, puisque au fil du temps ses catégories se mélangent, se ramifient, s'étouffent les unes et les autres, pour recommencer encore.

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Photo du festival de Castlemorton 1992, prise par Alan Lodge



Formation d'un collectif londonien : naissance de la Spiral Tribe

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En 1988 à Manchester, Un clubber du nom de Mark Harrison découvrit la house music dans la boîte de nuit l'Haçienda. Ce fut la révélation pour lui. Il expérimenta les festivals de Stonehenge, les raves illégales de ces dernières années 80, et le sound system Tonka au festival de Glastonbury. C'est une fois arrivé à Londres qu'il décida de réunir assez d'argent avec son frère Alexander, ses amis Debbie Griffith et Simone Feeney, pour acheter un équipement suffisant afin de créer un sound system . Séduis par l'idée des free parties , ils souhaitèrent tenter l'expérience en plein Londres. La première de leur free parties, nommée «  Detension  », eu lieu dans une école désaffectée à Willesden, en octobre 90. Les murs furent recouverts de dessins à la day-glo créés par Mark, qui travaillait à l'époque comme designer graphique. Les premiers dessins utilisés dans leurs fêtes étaient inspirés d'une ammonite fossilisée ramassée quelques jours auparavant dans la rue. Cette forme en spiral séduisit le groupe qui trouva dans ce symbole, l'impact graphique correspondant à leurs convictions… désormais le sound system a un nom : Spiral Tribe .

4 – Network 23 : toile internationale

Le lendemain matin de la fête d'Isle of Dog, les Spiral Tribe quittèrent l'Angleterre pour la France, et s'installèrent à proximité de Paris. Leur contact en France était un Anglais prénommé Allan (membre fondateur du sound system UFO), établit dans un squat à Ris-Orangis. Ce squat regroupait dans un complexe désaffecté : une salle de concert, un studio d'enregistrement, les bureaux de certaines associations, un bar, et une sorte d'hôtel (où l'on pouvait dormir pour presque rien) ; le tout entouré d'un immense terrain vague à perte de vue, idéal pour parquer les véhicules de type semi-remorque. Le « CAES » (nom du squat) était à l'époque le tremplin de bon nombre de groupe de musique rock et punk, comme celui de la Mano Negra. Cet endroit était idéal pour devenir une sorte de « base techno », point de rencontre entre tous les techno travellers . Les Spiral Tribe, ainsi que tous les techno travellers anglais les accompagnant, notamment les Voodoo's mix (ancien Circus Lunatic et connus sous le sound system Radio Bomb en France) firent du CAES, un des premiers sites français à accueillir les free parties anglaises .

Mais avant de s'étendre sur les événements en France concernant les Spiral Tribe, il faut revenir sur la sortie du maxi «  Breach the peace ». Suite à ce tube anglais, nombre de membres décidèrent de créer un réseau d'artistes, un «  network  » qui permettrait la professionnalisation par le biais de la musique techno . « Le côté DJ » de la Spiral Tribe travaillait sur la mise en place d'un label, par lequel pourraient se diffuser les nouveautés musicales des artistes : le label Network 23.




III – Conceptions du techno travelling chez les membres de la Spiral Tribe

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Organisation du mode de vie techno traveller

Le mode de vie techno traveller est un mode de vie qui est avant tout choisi. Car si l'expérience de la Spiral Tribe nous montre que dans certaines situations, ce mode de vie est exclu, il ne faut pas oublier que les membres du groupe se sont volontairement exilés d'Angleterre, par convictions, par choix. Mais il ne faut pas non plus perdre de vue que cela conditionne l'organisation de ce style de vie. Car celui qui est prêt à faire ses bagages dans la minute, pour fuir ou simplement partir ailleurs, doit se plier à quelques conditions, techno traveller ou pas. Pour le cas de la Spiral Tribe, les membres se sont organisés en convoi de véhicules regroupés autour du sound system . Le véhicule est un choix stratégique, puisqu'il permet de déplacer un bon nombre de personnes ainsi qu'une certaine quantité de matériel. Il est donc intéressant de se pencher sur celui-ci.

1 - Le véhicule

La plupart du temps, le véhicule est totalement retapé, puis installé par son propriétaire qui s'efforce du mieux possible de créer son propre espace, avec les moyens du bord. Parfois, l'association de plusieurs personnes sur un même véhicule peut avoir lieu. En règle générale, chacun choisi de se confectionner son propre véhicule, afin d'avoir un minimum d'espace personnel et de vie privée. Ce n'est vraiment que quand on n'a pas les moyens que l'on décide de s'associer à plusieurs, ou bien lorsque l'on commence à voyager.

Le véhicule, vous l'aurez compris, est donc à double usage : d'une part il sert de moyen de locomotion, et d'autre part il sert de refuge, d'habitation. Sa réhabilitation s'organise autour des goûts de son ou ses propriétaires, et ne rentre pas dans un cadre prédéfini, si ce n'est celui de l'aspect pratique du véhicule. Enfin, le fait de vivre sur la route, demande bon nombre de qualités autodidactes, à savoir mettre en pratique le moment voulu.

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Vivre en communauté dans la Spiral Tribe

Le mode de vie choisi par les membres de la Spiral Tribe , est celui constitué autour du sound system. Ce sound system caractérisé par le matériel sonore et visuel est la clef de la vie en groupe. Il suscite une certaine attention, et sert de piston à la vie sociale. Sans lui, ce mode de vie n'aurait plus de repères. Les différents techno travellers qui interagissent en son nom, forment le groupe qui sera identifié par cette appellation. Ainsi on parlera des Spiral Tribe pour caractériser le sound system appelé Spiral Tribe , plus ses membres.

Idéologie

Mais en réalité, il n'y a pas une idéologie, mais plusieurs. Une pour chaque individu composant le groupe. Il est sûr que les idéologies musicales de chaque individus sont au moins pour un temps apparentées. Il est aussi possible que la passion techno ait grandi en même temps chez certains individus, et que le fait de partager les mêmes expériences amène à une considération idéologique similaire . Mais un jour ou l'autre chacun évoluera selon son propre parcours et ses propres principes. «  Ca c'est l‘aventure. Ca c'est créatif. Ca c'est mortel . » (Alex de Radio Bomb).

Le voyage est un moyen d'expression ; la musique, un but. Le voyage amène le techno traveller de pays en pays, de ville en ville, ou plutôt d'espace urbain en espace urbain, comme de véritables forains. La musique dirige les choix du techno traveller dans sa vie. Le choix de vivre en accord avec ses convictions, celle des autres ou non ; le choix de vivre cette expérience en s'engageant dans un mode de vie qui s'épanouit autour d'un sound system.

Finalement, si le sound system est l'âme de l'univers techno des free parties , si le gasoil est le corps du voyage techno , tout ceci n'est rien sans l'apport de l'énergie qui canalise l'ensemble : le public techno des free parties .

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Photo prise par Wilfrid Estève lors d'un teknival



2 – Spiral Tribe ou « les forains » de la musique techno

Le terme forain est employé ici pour caractériser le cycle des manifestations techno inhérent aux techno travellers . L'exemple du forain itinérant et de son manège, est le meilleur modèle auquel on peut se référer pour expliquer l'organisation des évènements de la Spiral Tribe.

Mode d'organisation d'une free party

1 – Le repérage du site.
2 – Organisation spatiale du site
3 – Mise en place du réseau d'information
4 – Le temps de fête
5 – Fin de la fête, départ du groupe.

La fête comme moyen de vivre et survivre sur la route

1 – La pratique de la donation.
2 – La vente de boissons et nourriture
3 – La vente de disques ou mix tape
4 – La vente de produits psychotropes.

Zone autonome temporaire (T.A.Z.)

Le concept de zone autonome temporaire a été développé par le philosophe anarchiste américain Hakim Bey. Cette expression est devenue au cours de la fin des années 90, l'expression qui caractérise le mieux le cadre de la free party. Bon nombre de participants se sont retrouvés dans les dire de Bey. L'amalgame entre le diminutif T.A.Z. (Temporary Autonomous Zone en anglais) et l'expression «  taz  » (utilisée pour définir la pilule d'ecstasy) en a séduit plus d'un. L'auteur propose une définition de sa zone autonome temporaire à l'aide d'exemples comme la piraterie du 18 e siècle, la prolifération de hackers (pirates virtuels) sur Internet, ou d'une critique du concept de révolution. Il conçoit celle-ci comme un soulèvement à caractère festif, qui remet en cause et critique les différentes formes de révolutions déjà établies contre toutes formes d'autorités. Il met l'accent sur le sens tactique de la disparition des T.A.Z. (Bey. 1991. p.62), et leurs caractères artistiques (Bey. 1991. p. 67). Petite cousine de la guérilla, la T.A.Z. est selon lui comme une insurrection sans engagement direct contre l'état, une opération qui libère une zone (de terrain, de temps, d'imagination) puis se dissout avant que l'état ne l'écrase, pour se reformer ailleurs dans le temps ou l'espace. (Bey 1991. p. 14).

La free party propose aujourd'hui une forme contemporaine de T.A.Z . A l'époque du mouvement acid house en Grande Bretagne, la free party était simplement un moyen de faire la fête gratuitement, du moins avant que les autorités anglaises n'interviennent. La communitas spontanée du techno travelling a érigé alors un cadre festif assimilé à la T.A.Z., qui tolère la prolifération de pratiques festives déviantes. Une T.A.Z., qui loin de l'idéologie de Bey, a permis l'émergence non pas d'une rébellion idéologique de « la noble cause », un peu permissive (comme l'auteur nous le présente), mais bien d'un espace de liberté totale, hédoniste qui se laisse vite déborder par toutes ces pratiques que la société rejette.

Culture du groupe déviant

Chez la Spiral Tribe , le système d'autojustification se retrouve dans la conception que le groupe a du sound system  :

•  «  si tu participe à la fête illégale, tu es un membre de la Spiral Tribe »

•  « la Spiral Tribe est le sound system du peuple  »

•  «  chacun est libre d'évoluer dans le sound system et ne doit pas rendre de compte  »

Ce système se retrouve aussi pour justifier l'engagement qu'ils partagent autour de leurs activités déviantes :

•  «  Make some fucking noise »

•  « free party pour des gens et des pratiques libres »

•  « une musique hardcore pour des gens hardcore »

•  « prendre la route et se battre pour la musique techno »

Ces formes de déviances rentrent dans le cadre de la fameuse T.A.Z. de Bey. C'est dans ce culte de la T.A.Z., que l'on peut dire qu'il existe une culture de la déviance.
Cette culture de la déviance n'est pas seulement inhérente à la Spiral Tribe, elle fait partie d'un ensemble complexe régie par le monde de la free party et un univers conditionné par les modes de vie en sound system semi-itinérant et itinérant.

Des individus qui se retrouvent à un moment donné, dans un certaine situation pour partager une conception commune de ce qui est bon pour eux et de ce qui ne l'est pas ; partager des conditions de vie qui se cadrent entre une passion musicale voulue et des contraintes acceptées ; mais surtout partager une volonté de poursuivre leurs agissements au détriment des normes socialement établies.

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Photo prise par Vinca Peterson





IV – Analyse du mythe Spiral Tribe en France

1 – Diffusion du mythe

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Le rôle des free parties

Ces fêtes ont été le premier cadre dans lequel s'est créé puis diffusé le mythe. Par l'intermédiaire de celles-ci, les premiers amateurs ont découvert le mode de vie techno travellers et sa conception de la fête techno .

On se demande alors ce qui a convaincu le public français d'attribuer la majeure partie de ce succès festif au sound system des Spiral Tribe plutôt qu'à l'ensemble des techno travellers. La réponse se trouve dans la détermination du groupe à crier toujours plus haut, toujours plus fort, à être toujours là au bon moment, au bon endroit, avec l'attitude de mise. C'est de cette façon que la Spiral Tribe a canalisé la plupart des moments de diffusion des valeurs du techno travelling, et permis par là même de se concéder une place de choix dans le mythe qui entoure le techno travelling.

La Spiral Tribe faisait partie des sound systems les mieux équipés en matériel sonore. A part elle, les quelques sound systems itinérants qui proposaient ce style d'événement, étaient majoritairement anglais. A l'époque, lorsque la Spiral Tribe  posait du son (expression pour définir la mise en place d'une free party ), elle invitait souvent les DJs et les membres des autres sound systems à la rejoindre pour un temps . C'est lors de ses soirées que le public français a fait l'amalgame entre le convoi des Spiral Tribe et celui des techno travellers en général. Il n'est pas compliqué de comprendre cette situation lorsque l'on sait que les membres de la Spiral Tribe criaient à tous bouts de champs «  si tu viens dans la tribu, tu es un Spiral Tribe ». Ainsi, tous les DJs qui ont participé à l'expérience 23 sur un temps plus ou moins long, ont été pris pour des membres de la « tribu » (ce qui n'est pas tout à fait faux dans un sens) et ont favorisé la diffusion d'un mythe non pas tourné autour du techno travelling, comme le souhaitait la Spiral Tribe , mais autour de celle-ci.

C'est pour cette raison que lorsque j'ai posé la question «  qui fait partie de la Spiral Tribe » aux amateurs du genre, de nombreux DJs et sound systems ayant vécu cette époque (parfois non) ont été cités. Parmi ceux là, on retrouve FKY, les Boucles Etranges, les Foxstanz, les Total Resistance, les Sound Conspiracy, les OQP, Cristal Distortion, 69 DB, Signal Electrique, Noise Builder, Radio Bomb, Ixidamix, ... Bref, personne ne sait réellement qui tire les ficelles derrière l'enseigne Spiral Tribe. Il n'y a que les passionnés s'étant penchés d'un peu plus près sur la musique des Spiral Tribe ou ses agissements et les personnes ayant côtoyé les membres qui puissent ce faire une idée d'ensemble. On découvre alors un nouvel aspect du mythe qui se caractérise par la propension des individus à laisser les fantasmes d'un imaginaire social réinterpréter les faits.

2 – 23 : amalgame entre mythique et mystique

Le nombre 23 est le symbole numérique de la Spiral Tribe. Il est le seul symbole rescapé de l'époque ou le groupe s'appelait Spiral Tribe. Il est utilisé par les anciens membres pour reconnaître les différentes déclinaisons qui ont suivi la dissolution du groupe . Par exemple, on le retrouve dans les noms de label comme Network23 ou encore Elegal23. Ce nombre est devenu le symbole de l'héritage Spiral Tribe. Son origine remonte à la période ou le groupe était en Angleterre. Chaque membre a sa propre interprétation du nombre, et il est réellement difficile de savoir de quoi il retourne. Lorsque j'ai demandé à Simon ce qu'il signifiait, voici ce qu'il m'a répondu : «  arrête. Réfléchis, un bonne blague pour le recrutement des jeunes normalement privés d'un avenir dans la société et un bon outil pour les persuader qu'il existe une autre façon de vivre, qui s'intègre à ce que tu aimes faire dans la vie  ». Cette citation ne nous explique pas ce qu'est le nombre 23, mais il permet de comprendre son utilisation.

Légendes autour du nombre 23

Comme je l'ai dit plus haut, chacun a sa propre interprétation du nombre. Il semble selon certains des membres, que celui-ci provient de la date et du nombre de personnes présentes dans le groupe lorsqu'il a décidé de partir sur la route et de ne pas revenir sur Londres. D'autres m'ont expliqué que ce nombre est la date à laquelle le groupe à quitté l'Angleterre (qui correspond plus ou moins au solstice d'été du 23 juin 92). Une chose est sure, c'est que la plupart des membres ont attribué un sens mystique à ce nombre à un moment ou à un autre. Ils le voyaient partout. Certains ont même élaboré un théorie du 23 basé sur le hasard de la rencontre du nombre dans une date, une heure ou un texte et sur la coïncidence de l'apparition de ce nombre dans certains évènements de leur vie. Chacun a sa propre interprétation qui définit avec plus ou moins de certitude où et quand le nombre est devenu celui du groupe. Mais je n'ai pas pu réellement en déterminer l'origine exacte, car aujourd'hui chacun en a une utilisation personnelle dans un but précis : laisser le mythe s'installer, que ce soit pour une gratification personnelle, un but lucratif ou une simple volonté d'ignorer les faits. C'est pour cette raison que le contexte du nombre 23 a permis le libre cours des divers fantasmes du monde de la free party autour de la Spiral Tribe.

3 – A qui s'adresse le mythe

Le mythe s'adresse à tous les amateurs qui souhaitent vivre l'expérience 23. Parmi ceux-ci, on retrouve les individus qui ont vécu celle-ci par l'intermédiaire des fêtes du sound systems, et ceux qui la vivent ou revivent par procuration. Ces deux catégories sont celles que j'ai pu discerner au fil des entretiens.

Les individus qui se sont livrés, sont de divers âges entre 18 et 35 ans. Ils correspondent plus ou moins à deux ensembles, celui d'avant 80 (qui a fréquenté les free party à partir de 92), et celui d'après (qui a commencé vers 96).




V – Conclusion

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La Spiral Tribe nous apparaît en fin de compte comme un groupe d'individus partageant une même passion pour la musique techno. Une passion techno qui a créé autour d'elle un mode de vie organisé autour du sound system. Les membres de ce groupe ont fonctionné (et fonctionnent toujours) sur un principe oligarchique spontané, à l'image de cette spirale qui part du sound system convertissant bon nombre de participants aux fêtes techno sur son passage. Les valeurs et les pratiques festives véhiculées par le groupe ont supplanté dans l'habitus techno une petite part de celles que les styles comme la house music ou la trance avait auparavant érigés. Ces valeurs sont celle que je regroupe sous l'appellation hardcore techno . Bien sûr, ce terme hardcore est employé pour définir toutes les franges extrêmes de la musique. Celles de la musique techno s'épanouissent dans un cadre : la free party. Ce cadre a une référence : la Spiral Tribe.


Au fond, qu'est-ce que la Spiral Tribe ? Est-ce une communauté spécifique ? qui a une musique spécifique ? pour une certaine communauté ?

La Spiral Tribe était avant tout un sound system caractérisant une sorte de « concept de vie » pour ses membres, qui permettait de nouer une passion pour la musique techno à un mode de vie qui l'intègre totalement . C'est aujourd'hui une appellation couronnée de succès et d'excès qui est l'ex-représentante en France d'une certaine éthique anomique présente dans la scène free party . En ce sens, la Spiral Tribe représente une des nombreuses communitas spontané que l'univers musical techno a connu dans son évolution.

Le «  son des spis » est donc hardcore. Il ne faut pas prendre le terme hardcore au sens où l'entend la classification musicale techno, mais plutôt comme une essence musicale, originaire d'individus qui se sont complus un temps dans un moyen d'expression centré sur la radicalisation des mœurs et la contestation autoritaire. Cette musique s'adresse à un public conquis par le phénomène free party, un public qui se reconnaît dans une des franges extrêmes de la culture techno.

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Logo pris dans le magasine Coda (1993). Titre l'accompagnant :  «  vibes save the Spiral Tribe »
C'est le pastiche du fameux « god save the queen » anglais






Source

Dernière modification par Abalam (06-06-12 14:15:33)

lapin · Administrateur

27-06-12 20:38:40

11-07-11 · 13 872

  81 

Très bon ton article Abalam merci à toi je ne l'avait jamais lu...

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CDKCDK · Green Next Fashion

08-08-12 19:26:57

28-11-11 · 1 367

  35 

le petit magazine de coda il date de 1993 le premiers..ont les recevés dans notre magazin à l'epoque

Dernière modification par CDKCDK (24-10-12 17:41:51)

TeKnOZiK · Orange Bud

24-09-12 08:37:25

08-10-11 · 2 068

  47 

Salut , je ne sais s il a deja ete posté ; un reportage Spiral du Magazine "Graff It" n°28 (Septembre/Novembre 2008)

ici : http://60gp.ovh.net/~teknocif/teknocifs … icle39.htm

d ailleurs pas mal d articles interessants chez les Teknocifs : http://60gp.ovh.net/~teknocif/teknocifs … ticles.htm

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vdbdd · Membre +

24-09-12 09:11:40

24-07-12 · 1 485

  25 

airel wizman , le ariel wizman qui est connu ?

TeKnOZiK · Orange Bud

24-09-12 09:44:34

08-10-11 · 2 068

  47 

Oui , il a fais bon nombres de documentaires  musicaux , comme "la face B du hip hop" qui est très bien : https://www.bassexpression.com/viewtopic.php?id=1761   , et différents articles sur la tek également . comme  http://60gp.ovh.net/~teknocif/teknocifs … icle16.htm

wink

Dernière modification par TeKnOZiK (24-09-12 09:51:36)

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vdbdd · Membre +

24-09-12 10:31:24

24-07-12 · 1 485

  25 

ah oue, cool !! smile

ethik · Sound System

24-09-12 19:38:54

09-09-12 · 44

  

super les articles sur les spi merci bien..............quelques uns que je connaissais d'autres non, merci

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